Il n’y aura pas de "salon des animaux de compagnie et leur bien-être" en septembre prochain à Cagnes-sur-Mer. C’est ce qu’annonce l’hippodrome de la Côte d’Azur ce vendredi matin sur Instagram. "L’hippodrome réaffirme sa vigilance absolue sur tous les sujets liés au bien-être animal."
Le cabinet de Louis Nègre confirme à Nice-Matin. "Le maire a échangé avec le président de l’hippodrome qui partageait sa position et sa réaction."
Le maire avait réclamé une enquête interne sur l’évènement qui s’est tenu les 10 et 11 mai derniers. Plusieurs chiens étaient décédés de parvovirose. Deux, selon les organisateurs, qui affirment que le décès d’un troisième chiot ne serait pas lié à ce virus hautement mortel pour les chiots.
Pour autant, les associations de protection des animaux, qui dénoncent ce bilan, indiquent que des cas de toux du chenil et de giardose ont également été signalés. Le pronostic vital de plusieurs chiens est resté engagé plusieurs jours avec, pour certains propriétaires, plus de 2000 euros de frais vétérinaires.
Si "Salons du sud", l’organisateur, affirme que toutes les conditions sanitaires étaient respectées, de nombreux témoignages recueillis par Nice-Matin faisaient état d’une trop grande affluence, mal maîtrisée, et d’une possibilité de toucher les chiens face à des éleveurs débordés.
Certificats antidatés: la faute des éleveurs selon les organisateurs
Plusieurs éleveurs avaient par ailleurs confirmé à Nice-Matin n’avoir pas été informés par l’organisateur de la propagation du virus. Les organisatrices, contactées, avaient estimé que ce n’était pas leur rôle: "C’est aux éleveurs à venir vers nous." Selon plusieurs témoignages, le certificat d’engagement, obligatoire par décret depuis 2022, obligeant tout acheteur de chien à attendre sept jours avant de le récupérer, a été antidaté le jour du salon, ou pas signé du tout. Là aussi, les organisatrices renvoient la balle dans le camp des éleveurs.
Cette décision d’annuler le prochain salon s’appuie selon le maire sur des éléments antérieurs. Après des "dérives" déjà constatées et se disant "particulièrement attentif au bien être animal", le maire de Cagnes-sur-Mer avait indiqué avoir reçu, en septembre 2024, les organisatrices "pour demander expressément de veiller à ce que toutes les règles soient bien respectées lors de la prochaine édition". Cette dernière affaire semble donc la goutte de trop, d’autant que les mêmes organisateurs venaient d’être confrontés à la même polémique à Aubagne, avec plusieurs morts à la clé dans les mêmes circonstances, selon le journal La Provence.
L’organisateur affirme que, depuis douze éditions à Cagnes, il a toujours "placé le bien-être animal et la sécurité des visiteurs" au cœur de ses engagements, affirmant que tous les frais vétérinaires engagés par les familles ont été pris en charge par les éleveurs, et que les chiots décédés "ont été intégralement remboursés". Une famille indique ce vendredi matin que ce n’est toujours pas le cas, son éleveur "niant toute responsabilité".
En 2023, le salon avait déjà été pointé du doigt par Henri-Jean Servat, alors délégué à la cause animale à la ville de Nice. Le journaliste, écrivain, dénonçait un "salon du chiot déguisé". En février dernier, au sénat, Yannick Jadot avait alerté le gouvernement sur les dérives sanitaires de ce type de salon et le stress infligé aux animaux. Ajoutant: "Par la vente directe et sans réflexion, les discours déresponsabilisant, et les facilités de paiement mises en place, les salons du chiot incitent à l’achat compulsif, augmentant ainsi les risques d’abandons et venant alourdir encore la charge des refuges, déjà saturés."
Le ministère de l’Agriculture et de la souveraineté alimentaire avait répondu au sénateur qu’un projet d’arrêté concernant ce type de manifestation "est en cours de rédaction".
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