"On croise tous les jours des consommateurs": face à la hausse de la consommation de gaz hilarant, la Ville de Cannes sévit
Le maire a récemment publié un arrêté interdisant la vente de protoxyde d’azote, aux mineurs ainsi qu’aux majeurs. En cause, notamment, la pollution engendrée par ces bonbonnes dans l’espace publique.
Article réservé aux abonnés
Élodie LongépéPublié le 14/08/2025 à 04:45, mis à jour le 14/08/2025 à 04:45
Le protoxyde d’azote (ou gaz hilarant) est inhalé, le plus souvent, via des ballons de baudruche gonflés par ces bonbonnes.Photo J. T.
Après avoir interdit la vente de protoxyde d’azote (1) aux mineurs dès 2020, David Lisnard, le maire de Cannes, a émis un arrêté municipal le 25 juillet dernier afin d’étendre cette interdiction aux personnes majeures, quel que soit leur âge (seuls les professionnels de la santé et de la restauration, sur présentation d’un titre professionnel et d’une pièce d’identité, pourront se procurer ce produit entre 8h et 20h).
Les petites cartouches inférieures ou égales à 8 grammes, elles, restent autorisées à la vente pour un usage domestique.
Une décision motivée par la consommation croissante de ce produit, qui "pose de nombreux et graves problèmes: de santé publique, de mise en danger d’autrui, de pollution des rues, de mise en péril du système de traitement des déchets", expliquait dans un communiqué le maire de Cannes, David Lisnard.
200 procès-verbaux depuis le début de l’année
"Il y a quelques années, on trouvait surtout des petites bouteilles de 8 grammes, mais on est très rapidement passé aux modèles XXL de 3 litres. On en retrouve tous les jours sur le domaine public, avec un pic le week-end", renseigne Thierry Gaudineau, directeur de la propreté urbaine de la Ville.
"On croise tous les jours des consommateurs, des jeunes principalement", complète Rémi Andrieux, 3e adjoint au chef de la police municipale.
Pour tenter d’endiguer cette problématique, "tous les agents y sont sensibilisés et doivent réprimer cette utilisation. Depuis le début de l’année on est à presque 200 procès-verbaux, et 87 rien que sur le mois de juillet. On travaille sur trois axes: la vente, la distribution et la consommation", cet arrêté interdisant également cette dernière.
Tout comme le jet ou le dépôt de cartouche vide dans l’espace public.Pour le seul mois de juillet, ce sont 2.800 cartouches de protoxyde d’azote qui ont été ramassées par les agents de la Ville. "Et +100% de bouteilles collectées par le centre de valorisation des déchets d’Univalom en 2025 par rapport à 2024", renseigne la Ville.
Bonbonnes et… autres déchets
Pour le seul mois de juillet, ce sont 2.800 cartouches de protoxyde d’azote qui ont été ramassées par les agents de la Ville de Cannes.Photo Mairie de Cannes.
"Ce sont nos responsables de secteur qui sont obligés de s’arrêter pour les collecter sur la voie publique et qui les mettent dans leur véhicule, soupire Thierry Gaudineau. En plus, on retrouve souvent des déchets avec les bonbonnes. Ce sont des actes d’incivisme." Elles sont ensuite déposées dans un grand bac, au niveau du centre technique. "Et ce qui est perturbant, c’est qu’il se remplit très vite…"
Ensuite, c’est l’Agglomération qui prend le relais. "Les agents démontent toutes les têtes des robinets des bouteilles pour que la déchetterie puisse les accepter et les traiter. Nous, de notre côté, on sensibilise les agents à ne surtout pas les mettre dans les conteneurs: il y a un risque pour les rippeurs, si jamais les bouteilles explosent."
Une interdiction au niveau national?
"Ces bonbonnes provoquent d’ailleurs également des dégâts dans les centres d’incinération des ordures ménagères puisqu’elles explosent, provoquant l’arrêt total des fours (voir ci-dessus, en photo). Depuis le début d’année, les fours ont été stoppés en moyenne une semaine par mois. En 2024, cela a engendré 1,7 million d’euros de pertes économiques pour les exploitants", renseigne la Ville.
Outre cet arrêté, le maire propose également, à l’échelle européenne, des modifications de fabrication des produits pour éviter ces explosions (comme la mise en place d’une soupape de sécurité).
L’arrêté court jusqu’au 31 décembre, "il n’est pas saisonnier. Et le mieux, ce serait d’avoir une réglementation, quelque chose au niveau national. Là, on peut avoir des ventes qui se font à Mandelieu, Antibes… il ne faut pas que ça ait tendance à délocaliser le problème chez les autres."
1. Vendu sous forme de cartouches, ce gaz est normalement utilisé pour les siphons à crème chantilly. Mais dans son usage détourné, il est prisé pour ses effets euphorisants de courte durée (de l’ordre de quelques minutes).
commentaires
ads check
“Rhôooooooooo!”
Vous utilisez un AdBlock?! :)
Vous pouvez le désactiver pour soutenir la rédaction du groupe
Nice-Matin qui travaille tous les jours pour vous délivrer une
information de qualité et vous raconter l'actualité de la Côte d'Azur
Et nous, on s'engage à réduire les formats publicitaires
ressentis comme intrusifs.
Si vous souhaitez conserver votre Adblock vous pouvez regarder une seule publicité vidéo
afin de débloquer l'accès au site lors de votre session
Nous avons besoin de vos cookies pour vous offrir une expérience de lecture optimale et vous proposer des publicités personnalisées.
Accepter les cookies, c’est permettre grâce aux revenus complémentaires de soutenir le travail de nos 180 journalistes qui veillent au quotidien à vous offrir une information de qualité et diversifiée. Ainsi, vous pourrez accéder librement au site.
Vous pouvez choisir de refuser les cookies en vous connectant ou en vous abonnant.
commentaires