Ce qu’ils en pensent
Michel a 85 ans. Il ne conduit plus depuis deux ans de sa propre initiative. "J’étais, comme le disait Pompidou, un Francais amoureux de la bagnole! J’en ai eu une palanquée depuis la 2CV, la R16 turbo, la DS, la 204 GTI, l’Alfa Romeo GTV, le coupé 406 V6 et bien d’autres. Je ne compte plus les fois où j’ai relié Antibes à Lille, 1200km d’une traite 2 fois par an pour aller voir ma fille et les petits-enfants."
Mais trois événements vont l’amener à se résoudre à ne plus conduire. "Un accident en scooter en 2023: j’ai été renversé par un bus à l’arrêt que je doublais alors qu’il redémarrait… J’ai manqué de vigilance. Et deux incidents en voiture, là aussi sans conséquence heureusement: je reconnais, au volant j’ai perdu les pédales pendant 2 ou 3 secondes, ce qui aurait pu être dangereux."
Michel le reconnaît, lâcher sa voiture a été "une décision douloureuse". Il l’a fait pour éviter peut-être un jour un drame. "Je vis seul et je suis désormais dépendant pour tout un tas de démarches. Heureusement pour moi, je vis à Antibes dans un quartier bien desservi par les transports en commun et avec pas mal de commerces en bas de chez moi. Qu’on le veuille ou non, avec l’âge nos facultés diminuent et les médicaments en nombre que nous avalons n’arrangent rien! Donc oui, un examen médical serait une bonne chose."
Candide, 89 ans, du côté de Breil-sur-Roya a eu la même démarche. "J’ai arrêté de moi-même l’année dernière. La vue ça allait, mais je me rendais compte que certaines manœuvres devenaient difficiles, comme les marches arrière. Je n’ai jamais eu d’accident et je n’ai pas voulu prendre le risque qu’on dise un jour regarde c’est à cause de la vieille qui conduit!"
Candide a donc donné sa belle voiture, cadeau de son défunt mari pour le passage à l’an 2000, à son petit-fils. Et depuis, elle a découvert les transports en commun. " Enfin, à Breil c’est un peu compliqué dit-elle quand même. Je reste totalement dépendante de ma fille et ça m’embête beaucoup. Mais c’est plus prudent!"
Évelyne, 77 ans, a arrêté de conduire après une grosse opération. "Je ne me sentais plus en capacité de le faire, ni en sécurité, pour moi et pour les autres, surtout dans cette région avec des routes difficiles et beaucoup de motos, vélos, trottinettes et piétons qui ne se soucient pas toujours du Code de la route. Alors mon mari a fait le taxi. Très confortable, jusqu’au moment où lui aussi a été en incapacité de conduire."
Alors Évelyne n’a pas eu d’autre choix que de reconduire. "J’ai repris confiance petit à petit avec mon frère en accompagnement. Et maintenant seule, mais je reste très prudente. La voiture c’est la seule solution pour être autonome quand on ne vit pas en centre-ville comme moi. Ailleurs, sans doute que je ne conduirai plus, là où je vis c’est impossible."
Paule, bientôt 81 ans. Elle vit à Nice et elle conduit toujours. "Pratiquement tous les jours depuis 1963. Et sincèrement cet examen médical qu’ils veulent mettre en place, je n’aime pas trop ça. Moi, il me semble que je vais très bien et que je suis tout à fait apte à conduire, je suis d’ailleurs très à l’aise en voiture. Mais je me dis qu’ils pourraient toujours trouver des choses à redire sur mes réflexes. Alors je ne suis pas totalement sereine face à cet examen médical. Avec mon mari, un peu plus âgé que moi, on serait deux concernés. Et puis je ne suis pas idiote, de moi-même je suis capable d’arrêter de conduire si je ne me sens plus apte à la faire. Alors pourquoi m’imposer un examen où ils trouveront forcément des choses!"
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