Le photographe azuréen Greg Lecoeur immortalise les pôles pour alerter sur leur fragilité au Musée Océanographique de Monaco

Les clichés capturés par le photographe sous-marin niçois lors d’expéditions en Antarctique et Arctique sont au cœur d’expositions au Musée océanographique et dans quatre gares françaises.

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Thibaut Parat Publié le 02/08/2023 à 13:30, mis à jour le 02/08/2023 à 13:30
L’exposition "Pôles, des mondes fragiles" se déroule jusqu’au 5 novembre au Musée océanographique. Photo Sébastien Botella

En photographie environnementale, certains artistes optent pour le cliché choquant, saisissant, afin d’éveiller les consciences et faire bouger les lignes. Greg Lecoeur, photographe sous-marin viscéralement attaché à la protection des océans, privilégie une autre approche du métier. "Je montre et magnifie le beau, je véhicule des émotions pour donner envie de protéger. Une belle image raconte une histoire", résume ce Niçois de 45 ans, auréolé de multiples prix dans sa carrière.

Un parti pris que l’on retrouve dans sa dernière exposition Pôles, des mondes fragiles*, témoignage de plusieurs expéditions menées depuis 2016 sur les terres et dans les eaux hostiles d’Arctique et d’Antarctique, à la découverte d’une incroyable biodiversité. Au Nord, des rencontres avec le léopard des mers, "plus grand prédateur sur cette planète", les manchots, les otaries à fourrure et les baleines à bosse. Au Sud, des contacts privilégiés avec les ours polaires, les requins du Groenland ou encore l’ange de mer.

Les clichés de Greg Lecoeur sont exposés dans les gares de Cannes, Marseille Saint-Charles, Nice et Paris Gare de Lyon. Photo Antoine Marceau.

"L’idée n’est pas d’être un donneur de leçons"

Des clichés qui s’offrent désormais au regard des visiteurs du Musée océanographique de Monaco jusqu’au 5 novembre. Et, plus insolite, aux voyageurs de quatre gares françaises jusqu’au 31 août: celles de Cannes, Marseille Saint-Charles, Nice et Paris Gare de Lyon. "Cela permet de toucher un maximum de personnes et de la façon la plus hétéroclite possible", explique Greg Lecoeur.

In fine, l’ambition est de les inciter à adopter des comportements plus responsables eus égard des dérèglements climatiques sur la planète Terre provoqués, on le sait, par la seule main de l’Homme. "L’idée n’est pas d’être un moralisateur ou un donneur de leçons. Mon discours est optimiste: si on veut améliorer les choses, il faut agir de manière raisonnée. Si chacun se pose les bonnes questions sur ce que l’on a dans nos assiettes, sur notre manière de nous déplacer, alors on a déjà gagné. Chacun de nous a un rôle à jouer, a le pouvoir de changer les choses", prêche-t-il, précisant que nos actions quotidiennes ont une répercussion à l’autre bout de la planète, notamment dans les pôles.

Greg Lecoeur à la rencontre de la faune des pôles. Photo Greg Lecoeur.

"Les pôles ont plusieurs rôles dans l’écosystème planétaire"

Sur place, lors de plongées engagées, logistiquement délicates à préparer et limitées en temps à cause du froid qui saisit les extrémités du corps, Greg Lecoeur a constaté les conséquences du dérèglement climatique. "Les pôles sont les premiers observatoires de ces changements."

Ils sont surtout les moteurs indispensables au bon fonctionnement et à l’équilibre de notre planète. "Ils ont plusieurs rôles dans l’écosystème planétaire : ils régulent la température avec un rôle de climatiseur (effet d’albédo), influent sur le climat, préservent la biodiversité, maintiennent le niveau des océans mais aussi les températures et les courants océaniques. Ils sont aussi une réserve d’eau douce", liste le photographe sous-marin.

Il retiendra, aussi, ces moments privilégiés avec les animaux évoluant au milieu des icebergs, ces colosses de glace donnant l’impression d’évoluer sur une autre planète.

"On nous avait fait une mauvaise réputation du léopard des mers. Au début, ils étaient assez farouches et n’avaient que faire de nous. Puis deux individus se sont approchés, sont restés avec nous et ont reniflé le dôme des caméras, sourit-il. On a aussi eu la chance de voir un incroyable ballet aquatique de phoques crabiers. D’abord craintifs, ils ont vite pris de l’assurance. Une photo ne se vole pas, il faut que les animaux se prêtent au jeu."

Des expéditions qui auront, aussi, permis de documenter certaines espèces. "On manque de certaines connaissances", regrette-t-il.

Et en connaissant mieux, on protège mieux.

*Avec OceanoMonaco

Le photographe sous-marin niçois, Greg Lecoeur Photo DR.

Les pôles, premiers observatoires des changements climatiques

Lors de ces expéditions dans les pôles, Greg Lecoeur et son équipe ont été confrontés aux conséquences du changement climatique. Rien pour que pour se rendre en Antarctique. "On a eu beaucoup de difficultés à naviguer de façon clémente. Pour y aller, il a fallu trouver les bonnes fenêtres météorologiques pour traverser le Cap Horn et le passage de Drake. Les vents et courants sont perturbés et cela crée des conditions dantesques. Tout est déréglé", témoigne-t-il.

Sur place, le photographe sous-marin a aussi constaté un tourisme de plus en plus croissant avec la présence d’imposants bateaux. "Ils débarquent les gens sur les plages près des colonies de manchots, poursuit-il. On a aussi remarqué que le cycle de vie était décalé, que le cycle de reproduction des manchots arrivait plus tard que prévu. Ma quête était de photographier, entre autres, des comportements animaliers comme le léopard des mers en train de chasser les jeunes manchots. Cela n’a pas été possible à cause de ce décalage dans les naissances."

Autre observation: la fonte des banquises lors de plongées sous-marines en Arctique. "À certains endroits, elle avait fondu de moitié."

En première ligne face au réchauffement climatique, les Inuits et communautés locales sont aussi gagnés par la mondialisation. "Ils sont tous équipés de téléphones portables et leur vie est facilitée. Quant au climat, ils témoignent des conditions qui deviennent plus clémentes que lors de certaines périodes de froid. Au niveau de la chasse, certaines espèces sont en voie de disparition."

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