C’est avec un large sourire que Nourredine Debarri quitte le palais de justice de Nice. Le tribunal correctionnel, présidé par Christian Legay, l’a relaxé du chef de diffamation. Il comparaissait à la suite d’une plainte déposée il y a plus d’un an par le bailleur social Côte d’Azur Habitat, qui l’accusait de porter atteinte à son honneur dans un clip diffusé sur YouTube.
Un rap engagé pour défendre les locataires
En août 2024, Nourredine Debarri avait choisi la musique pour exprimer la frustration des locataires. Dans son clip "Cda où sont nos droits", visionné plus de 280 fois, il chantait: "Nous sommes des clients, pas juste des pigeons, on paye des charges mais où est le pognon?". Une façon pour lui de critiquer les rénovations jugées superficielles et d’exiger "des vrais travaux, pas des faux". Une procédure enclenchée par le bailleur social azuréen dans "une volonté acharnée de faire taire Monsieur Debbari", selon son conseil Maître Julien Darras.
Pour la partie civile, représentée par Me Bernard Ginez, ce clip n’était rien d’autre qu’"un rap de dénigrement". Il a décrit au procès Nourredine Debarri comme "un locataire déchu", rappelant qu’il avait quitté son logement en laissant "des loyers et des charges impayés à hauteur de 3.600 euros".
Lors de sa plaidoirie, Me Darras a relu les paroles du rap incriminé avant de citer une dizaine d’articles de presse relatant les difficultés rencontrées par les locataires de Côte d’Azur Habitat: logements insalubres, charges en hausse, absence de travaux. "Monsieur Debarri n’accuse en aucun cas Côte d’Azur Habitat de détourner l’argent, il se demande seulement à quelle fin il est utilisé", a-t-il souligné.
Une décision favorable à Debarri… en attendant l’appel
Au terme des débats, le tribunal a prononcé la relaxe. Côte d’Azur Habitat a toutefois annoncé son intention de faire appel de cette décision. En attendant, la juridiction a condamné le bailleur social à verser 500 euros à Nourredine Debarri pour procédure abusive, ainsi que 800 euros sur le fondement de l’article 800-2 du code de procédure pénale, qui prévoit une indemnité en cas de relaxe ou d’acquittement.
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