Réunis en assemblée plénière à Strasbourg, les eurodéputés doivent aussi se déterminer sur les exigences du parlement pour la conférence des Nations unies sur le climat (COP 28) de 2023, qui se tiendra à Dubaï le 30 novembre, et plusieurs autres thèmes liés à l’environnement.
Dans cet ordre du jour, se glisse aussi la ratification d’un accord de libéralisation du commerce entre l’Union européenne (UE) et la Nouvelle-Zélande, qui permettra l’importation de viandes ovine et bovine, de lait, fromage, beurre, pommes... L’accord vaut-il si le pays a recours à des pesticides interdits en France ou à des produits autorisés mais qu’il utilise à des doses supérieures à celles admises pour les agriculteurs français? Rien n’est figé pour l’instant.
"Il est plus efficace d’agir vis-à-vis de tous les pays du monde sur ce sujet. C’est pourquoi nous allons adopter, à mon initiative, un amendement sur des clauses-miroirs dans la réglementation sur les pesticides, afin d’interdire les importations de produits traités avec des pesticides interdits en Europe", explique Pascal Canfin.
"Un scandale sanitaire et écologique"
Il ne s’opposera pas à l’accord avec la Nouvelle-Zélande. Pourquoi? Parce qu’il y est précisé que "si un des deux partenaires ne respecte pas l’Accord de Paris sur le climat, alors nous pourrons restreindre les quotas d’importation. C’est un vrai changement des règles du jeu." Restreindre mais pas supprimer.
Comment respecter le climat en important des marchandises d’aussi loin? "Une analyse d’impact faite par une ONG mobilisée par les Verts, montre qu’un agneau néo-zélandais importé en Europe, qui a été élevé dans un système ultra-extensif, c’est le cas des prairies néo-zélandaises, génère moins de gaz à effet de serre, transport inclus, qu’un agneau intensif européen", affirme Pascal Canfin.
Pour Manon Aubry, cet accord avec la Nouvelle-Zélande signifie que "concrètement, des vaches vont brouter de l’herbe sur laquelle, il y a aura eu peut-être de l’atrazine, un herbicide interdit en France. Leur lait sera envoyé dans l’UE, après avoir parcouru 20.000 km, ce qui est un scandale sanitaire et écologique. Il va faire concurrence à la production de lait par les agriculteurs français, qui n’arrivent déjà pas à en vivre et à écouler leurs stocks, donc scandale social."
"C’est un danger de trop dépendre des autres"
Dans le monde azuréen, Jean-Philippe Frère, vice-président de la Chambre d’agriculture, ne craint pas cette concurrence. "On pourrait multiplier par 100 ce qu’on produit dans les Alpes-Maritimes, on le vendrait. On a gagné 150% en exploitation bio selon le dernier recensement de 2020. Mais on a perdu 200 exploitations. Notre souveraineté alimentaire est d’à peine 1%. C’est un danger de trop dépendre des autres. Surtout en période de déstabilisation mondiale."
Dans le Var, Fabien Michel, éleveur à la ferme du Darnaga s’insurge: "Comment mes brebis qui naissent et vivent en liberté à Ampus et Canjuers, peuvent-elles polluer plus que celles de Nouvelle-Zélande? Moi, ce que je sais, c’est que la viande d’agneau de ce pays est transportée dans l’azote liquide pendant des semaines avant d’arriver en France."
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