Une mer Méditerranée étouffée par les déchets... Chaque année, plus de 700 000 tonnes de détritus se déversent dans la Grande bleue, dont 10 000 tonnes venues de France. Face à ce constat alarmant, et alors que l'Unoc (Conférence des Nations Unies sur l'Océan) s'est tenue à Nice du 9 au 13 juin, Mandelieu-la-Napoule revendique être la toute première ville en Europe à mettre en place un dispositif visant le "zéro déchet en mer".
Le dispositif en place d'ici la fin de l'été
Ce projet ambitieux repose sur une stratégie environnementale à long terme, et l'installation, d'ici la fin de l'été, de 130 paniers et filets connectés, capables de capturer les déchets avant qu'ils ne rejoignent la mer. Une montée en puissance dans la continuité, puisque la commune disposait déjà de 70 dispositifs similaires, déployés sur les deux kilomètres et demi de littoral et les trois cours d'eau.
Analyse de la collecte
"Nous agissons depuis 2022 pour lutter contre toute forme de pollution marine, aquatique ou urbaine grâce à une stratégie globale et des projets concrets, rappelle le maire, Sébastien Leroy, qui voit dans cette initiative un modèle européen. Ce programme ambitieux marque une nouvelle étape pour Mandelieu."
Le projet s'appuie sur le marché "Territoires de demain" de l'Ugap, une centrale d'achat public, qui permet aux collectivités d'accéder à des expertises technologiques de pointe. Capgemini pilote l'opération, avec le soutien de Pollustock et de l'association Project 0 Waste to Ocean. Leur mission : équiper les avaloirs et exutoires d'eaux pluviales avec des paniers dotés de capteurs volumétriques connectés à une plateforme numérique, afin d'analyser et d'optimiser la collecte.
Nettoyage plus rapide et ciblé
"Les villes doivent devenir intelligentes et durables. Ce projet en est un exemple emblématique", explique Laurent Dormal, responsable chez Capgemini. Le système permet une gestion automatisée et géolocalisée des déchets, garantissant un nettoyage plus rapide et ciblé.
Le déploiement de ces paniers et filets s'inscrit dans la continuité d'une politique environnementale déjà amorcée par la commune avec les plages et parcs sans tabac, l'utilisation d'eau désalinisée pour le nettoyage des bateaux, la brigade environnementale de la police municipale ou les divers partenariats avec des associations.
Zéro déchet, vraiment ?
Est-il véritablement possible de ne rejeter aucun déchet en mer ? Pour Laurence Thiébaut, de l'association VIE (Vie Initiatives Environnement), le fait "d'attraper les déchets à la sortie des avaloirs, c'est une très bonne idée, mais il faut également savoir s'en occuper derrière. La Ville va-t-elle pouvoir tenir le coup financièrement ? Par ailleurs, il existe une pollution dont on ne parle pas : ce sont les microplastiques présents dans les vêtements, qui partent dans les eaux usées à chaque lavage et finissent ensuite dans la mer..."
Pour elle, comme pour "de nombreux experts du domaine", la solution pour ne pas rejeter de déchets en mer est... de ne pas en produire - notamment ceux en plastique - quand ce n'est pas nécessaire.
"Tant que les gens continueront de jeter, ce ne sera pas du 100 %"
Pour certains pêcheurs, rencontrés le long de la Siagne, même si la pose des filets est bénéfique, le problème est ailleurs.
"Il faut que les gens arrêtent de jeter leurs déchets par terre. Ce sont eux qu'il faudrait éduquer. Malgré toutes ces installations, tant que les gens continueront de jeter... Ce ne sera pas du 100 %. Il ne faut pas rêver."
"Et ce sont surtout les bateaux qui jettent des déchets... lance une pêcheuse. L'autre jour, j'ai vu du polystyrène dans l'eau... Le zéro déchet en mer, avec les bateaux, ce n'est pas possible !"
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