Des solutions innovantes pour protéger les océans récompensées à Monaco
Le Musée océanographique s’est fait l’hôte ce mercredi 14 mai de la huitième édition du Monaco Ocean Protection Challenge, qui offre une tribune à de jeunes start-ups et étudiants pour qu’ils puissent présenter leurs projets en faveur des océans.
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Sacha TisicPublié le 18/05/2025 à 14:15, mis à jour le 19/05/2025 à 11:38
Rongbient Biotech, lauréate dans la catégorie "start-ups".Photos F.Pacorel/Musée oceanographique
Au Musée océanographique, les jeunes start-ups et étudiants révisent leur gamme avant de passer sur la grande scène de la salle de conférences. Ce mercredi 14 mai, six heureux élus avaient l’opportunité de présenter le projet qu’ils avaient développé – avec leurs équipes – dans le cadre du huitième Monaco Ocean Protection Challenge, organisé par l’Institut océanographique, l’International University of Monaco, Monaco Impact et la Fondation Prince Albert II.
Heureux élus car ils étaient les six finalistes d’un challenge qui réunissait 138 équipes, venues de 129 universités différentes. Dans un contexte qui n’a jamais été aussi particulier, à quelques semaines du Blue Economy and Finance Forum en Principauté et du Sommet des océans à Nice.
L’objectif du concours est limpide: ce challenge international "destiné aux étudiants et jeunes entrepreneurs du monde entier, vise à soutenir concrètement la création et le développement de start-ups capables de démontrer un impact positif sur la protection de l’océan à court ou moyen terme", indique l’Institut océanographique. Il est divisé en deux catégories: les étudiants et les start-ups.
Les six représentants des six projets finalistes passent à tour de rôle sur la scène, diffusant une vidéo de leur projet, le "pitchant", comme le dit l’univers des start-uppers, et répondant aux questions d’un jury de haut rang, composé de scientifiques, chefs d’entreprise et même, ancien lauréat du Monaco Océan Protection Challenge.
Des algues comme isolant
Et le moins que l’on puisse dire, c’est que cette huitième édition regorge de projets tous plus intéressants les uns que les autres. Pendant que ses homologues Andrea Tassard et Klervi Gautier présentent leur programme intitulé "Izalgue" – pour lequel l’équipe a remporté un concours environnemental lancé par l’explorateur Mike Horn nommé Pangea X – Quentin Brissart, qui s’occupe de la communication, nous en dévoile la substantifique moelle.
"Izalgue" a remporté le "prix coup de cœur CFM Indosuez".
"En Bretagne, nous avons une problématique: l’échouage des algues vertes. Un problème économique et sanitaire. Alors, on récupère ces algues, déjà ramassées par les collectivités, pour les transformer en matériaux de construction biosourcés. Le but est de décarboner le secteur du bâtiment", explique le jeune homme de 26 ans. Ces algues sont ensuite transformées en plaques pouvant servir à l’isolation d’un logement. Un concept qui a suscité l’enthousiasme puisqu’il s’est vu décerner le "prix coup de cœur de CFM Indosuez". La banque monégasque offrira un "accompagnement d’accélération business" d’une valeur de 3.000 euros.
Les mollusques bivalves pour mesurer la qualité de l’eau
Après "Izalgue", c’est au tour de Ludovic Quinault de la start-up Molluscan-Eye, fondée il y a deux ans, de se confronter au jury.
"On utilise des huîtres ou des moules, que l’on trouve localement, sur lesquelles on vient placer sur l’extérieur de la coque des micro-électrodes. C’est une technologie non invasive. Elles vont surveiller en continu et en temps réel la qualité de l’eau", amorce-t-il. "On étudie leur comportement pour détecter les anomalies. C’est rapide car ces mollusques sont des animaux filtreurs qui analysent rapidement. L’utilisateur reçoit également des SMS pour détecter les pollutions de l’eau très rapidement. Ce travail, c’est l’aboutissement de 20 années de recherches et développement au CNRS. L’idée, c’était de transformer cela en quelque chose de facilement utilisable", développe-t-il. S’il n’a pas conquis le cœur de l’exigeant jury, il pourra néanmoins se targuer d’avoir fait partie des finalistes. Et de croire plus que tout en son projet: "Cette solution va révolutionner le secteur de la surveillance de l’eau."
Il y a une start-up qui a néanmoins impressionné et mis d’accord l’intégralité du jury. C’est Rongbient Biotech, société immatriculée à Singapour mais dont le terrain de jeu est le Vietnam. Elle remporte la catégorie "start-ups".
Encore des algues… mais pour les crevettes
"Nous travaillons avec des petites fermes de crevettes au Vietnam pour l’instant, mais avec une vision globale. Ces petites fermes ont des bassins de culture qui sont sales, car ils n’utilisent rien pour les filtrer, faute de moyen. L’algue agit comme un filtre, et en filtrant l’eau, les crevettes augmentent leur croissance et le taux de mortalité est réduit. Donc ça nettoie le bassin du professionnel et lui assure une source de revenu supplémentaire", assure Thibaut Marvin Monfort-Micheo. Une solution également profitable aux industriels selon la start-up. "On rachète leur biomasse qu’on va transformer en additif de nourriture pour crevettes pour les vendre aux fermes industrialisées qui ont des volumes incroyables et des taux de mortalité très élevés. Notre dispositif permet de réduire la consommation d’antibiotique de 100%. Et en plus d’améliorer leur rendement, on passe de 14kg de CO pour 1kg de crevettes à 4,5kg."
Rongbient Biotech a été récompensé par une dotation de 7.000 euros, un programme d’accélération d’une valeur de 4.000 euros, et une invitation à participer au Bleu Economy and Finance Forum. Une formidable opportunité pour continuer d’investir dans la recherche et développement et pour élargir son carnet d’adresses.
Les autres lauréats
Dans la catégorie estudiantine, c’est le projet "Cool equity" qui s’adjuge le titre (et les 2000euros qui vont avec). "En fournissant aux pêcheurs des systèmes de refroidissement abordables et réutilisables, Cool equity réduit la surpêche, le gaspillage des ressources et protège la biodiversité", assure Layasree Vemmata Gopi, de l’université d’Ashoka en Inde.
Le jury a également attribué un prix dédié au continent africain lors de ce challenge. C’est l’entreprise kényane Acquaden qui a été primée. Elle est spécialisée dans le développement d’écloseries d’aquaculture permettant d’améliorer la productivité tout en minimisant l’impact environnemental. Elle sera invitée au Blue Economy and Finance Forum.
Un concours qui a le vent en poupe
Le Monaco Protection Ocean Challenge, c’est un peu le bébé de Robert Calcagno, le directeur général de l’Institut océanographique. Il se réjouit que le concours ait pris cette année une autre dimension. "C’est un challenge que je suis de près, que j’ai lancé il y a huit ans, en associant Monaco Impact et l’International University of Monaco. Ça a pris de l’importance, et j’ai souhaité inviter la Fondation Prince Albert II pour avoir des partenaires de très haut niveau. Et la mayonnaise prend formidablement bien", explique-t-il, chiffres à l’appui.
"On a eu cette année 138 projets présentés contre 40 l’an dernier. On a travaillé avec 129 universités ou écoles d’ingénieurs différentes, contre 24 en 2024. Et ce dont je suis le plus satisfait, c’est que les candidatures émanent de 66 nationalités différentes, contre 25 l’année passée. Parmi les candidats, 69 viennent du continent africain. La jeunesse africaine pousse énormément", poursuit-il. Cette année, le concours s’est également doté d’une directrice, pour franchir un nouveau palier. "Marine Jacq-Pietri. Elle est dynamique, pleine d’idées, elle fait du superbe travail." Et preuve en est, s’il en fallait, de l’intérêt que représente ce concours pour les jeunes entrepreneurs: "Lauréat en 2021, ça marche très bien pour Ocean Twist Biotechnology, qui a déjà réussi à lever 800.000 euros, et qui rentre dans une nouvelle levée de fonds pour récolter 2 millions d’euros."
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