En préambule à la conférence des Nations Unies sur l’Océan à Nice, Monaco accueille un forum pour mener des actions concrètes

Du concret, du concret et encore du concret. Voilà le mot d’ordre à un peu plus d’une semaine du début du Blue Economy and Finance Forum (BEFF) qui se tient les 7 et 8 juin 2025 en Principauté. Monaco accueille ainsi un événement stratégique organisé en amont de la conférence des Nations Unies sur l’Océan (Unoc) qui aura lieu à Nice du 9 au 13 juin. Placé sous le haut patronage du prince Albert II, ce forum entend mobiliser le monde de la finance autour de la préservation des océans, en réunissant chefs d’État, décideurs publics, investisseurs et experts du développement durable.

"Il faudrait 175 milliards de dollars par an"

À l’occasion d’un rendez-vous tenu la semaine dernière, les organisateurs de la première édition de cet évènement international ont fait le point sur les ambitions du BEFF et ont ainsi dévoilé un avant-goût du programme. Présidé par Pascal Lamy, ancien directeur général de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), et Ilana Seid, ambassadrice de Palau auprès des Nations unies, le forum compte mettre en avant "du concret, pas juste des effets d’annonce". "Le BEFF se caractérise par deux volets: un narratif positif et une approche démonstrative. Il faut considérer notre hydrosphère comme une formidable opportunité. Si nous voulons qu’elle serve au bien-être économique et social des Hommes, il faut arrêter cette dégradation des milieux océaniques. Nous partons de ce constat-là", explique Pascal Lamy. L’ancien directeur général de l’OMC détaille ainsi qu’il existe aujourd’hui 25.000 milliards d’actifs prêts à être déployés en faveur de l’énergie, du transport, du tourisme et de la biologie. Ce dernier, et différents experts de l’économie bleue, estime par ailleurs qu’il faudrait 175 milliards de dollars par an pour financer l’Objectif de Développement Durable 14 des Nations unis (ODD), contre "seulement" 25 milliards aujourd’hui. "Il serait donc intelligent d’y investir. Nous avons bâti un évènement partant de l’existant et non du rêve. Nous nous appuyons sur des investissements et des financements réussis pour passer à l’échelle supérieure. Tous les secteurs de l’économie bleue seront représentés. Les acteurs sont de toutes tailles, de toutes activités et viennent de tous les continents", ajoute-t-il.

Un programme en trois vagues

Le forum, qui attend 1.500 participants, va ainsi s’organiser sur trois vagues. La première concerne la restitution de la vingtaine d’initiatives réussies sélectionnées par les organisateurs parmi les 200 candidatures. Ces 20 heureux élus représentent ainsi 25 milliards de dollars investis.

La deuxième vague entend aller encore plus loin avec la création de quatre à cinq coalitions. Ces dernières dévoileront des engagements supplémentaires aussi bien dans le business, les activités portuaires ou encore la philanthropie. Elles rassembleront aussi bien des acteurs privés que publics. "L’objectif est de prouver que les 25 milliards de dollars investis présentés dans la première vague ont nourri des idées pour aller encore plus loin", détaille Pascal Lamy.

La troisième vague, plus classique dans le cadre des grands événements des Nations unies, fixera des objectifs d’avenir, Tout sera transmis ensuite à l’Unoc, qui ouvre le 9 juin à Nice. Deux évènements indissociables comme l’a rappelé Olivier Poivre d’Arvor, envoyé spécial de la France à la conférence de l’Océan des Nations Unies.

Le BEFF et l’Unoc indissociables

"Ces deux événements ont été pensés conjointement. Le rôle du BEFF est de rappeler que l’économie bleue doit être durable et soutenable", détaille l’ambassadeur français. "C’est le premier étage d’une fusée pilotée par les Nations unies. Le BEFF c’est l’Unoc et l’Unoc c’est le BEFF."

Parmi les participants de premier plan attendus: Christine Lagarde, présidente de la Banque Centrale Européenne, qui prononcera le premier discours d’ouverture le samedi matin; Costa Kadis, le commissaire européen chargé de la pêche et des océans; Arsenio Dominguez, secrétaire général de l’Organisation Maritime Internationale (OMI); Jean-Pierre Clamadieu, président du conseil d’administration d’Engie; Thierry Deau, président-directeur général de Meridiam; ainsi que Rodolphe Saadé, le patron de CMA CGM. Seront présents également d’éminents banquiers, des chefs d’entreprise américains, australiens, des dirigeants de grands ports du monde entier ou d’entreprises comme SBM Offshore. Une réunion inédite entre fonds de pension et souverains

Durant le point presse organisé la semaine dernière, Olivier Wenden, vice-président et directeur général de la Fondation Prince Albert II, a également dévoilé la tenue d’une réunion privée inédite durant l’événement. "Des fonds de pension et des fonds souverains seront réunis pour la première fois le 7 juin sous la présidence du prince Albert II et du World Economic Forum." Elle se tiendra sur OceanXplorer, le navire de recherche du milliardaire Ray Dalio avec au total une quinzaine d’intervenants.

Enfin, le représentant de la fondation Prince Albert II a insisté lui aussi sur la nécessité d’éviter les effets d’annonce. "L’économie bleue doit s’appuyer sur trois grands points: améliorer l’efficacité du transport maritime, de l’aquaculture et de la pêche en créant des chaînes d’approvisionnement optimales et durables en ayant un impact minimal. Elle doit être une économie qui protège les écosystèmes en promouvant des solutions permettant de les régénérer. Enfin, l’économie bleue doit permettre de trouver des solutions nécessaires aux différentes sources de pollution et notamment la gestion des déchets plastiques", énumère-t-il. Des enjeux qui seront discutés pendant deux jours, au Grimaldi Forum, à travers des sessions plénières de haut niveau, des tables rondes techniques, ainsi que 14 "Solution Hubs" dédiés.