Mardi 3 juin, elles étaient dix à présenter en quatre minutes leur solution au pavillon de la Cryosphère, à la Baleine, au palais des expositions de Nice. Dix jeunes entreprises innovantes qui ont le même objectif: protéger l’océan et le littoral en favorisant une croissance durable à impact positif.
En marge de la Conférence des Nations unies sur l’océan (Unoc), l’événement "Meet your blue startup", organisé par le Groupe Nice-Matin en partenariat avec le Crédit Agricole Provence-Côte d’Azur, la French tech Côte d’Azur et l’Institut océanographique de Monaco, a réuni grands groupes, institutions et pépites de l’économie bleue. Et ces dernières ont apporté chacune une solution.
Financer l’innovation
"L’innovation est fondamentale pour arriver à un équilibre entre l’exploitation des ressources des océans et leur préservation, a rappelé Robert Calcagno, directeur général de l’Institut océanographique de Monaco. La protection de la nature doit se faire en symbiose avec les activités économiques et sociales. Les startups inventent les solutions du futur et il faut les accompagner pour qu’elles trouvent des financeurs."
Avis partagé par le Crédit Agricole qui encourage l’émergence de jeunes pousses au sein de son accélérateur, Village by CA PCA, à Sophia Antipolis. À commencer par la Dracénoise Vertuoso qui veut intercepter les déchets sur terre. "80% de la pollution qui arrive en mer est transportée par les eaux pluviales et se déverse dans les rivières, mers et océans", souligne son dirigeant arrivé sur scène avec une valise remplie de déchets. Romain Garcin a conçu des avaloirs qui, placés aux exutoires des réseaux d’eaux pluviales, récupèrent mégots, cannettes, plastiques, particules fines (issues de l’usure de pneus, par exemple) et hydrocarbures. Sa solution, déjà utilisée dans plusieurs villes, a été récompensée par une médaille d’or au concours Lépine.
Même approche terrestre pour Earthwake. Cofondée par Samuel Le Bihan et François Danel, elle lutte contre la pollution plastique: 11 millions de tonnes sont déversées dans les océans chaque année. La startup niçoise a mis au point une machine, Chrysalis, faisant appel à la pyrolyse. "Ce procédé fait fondre et dissout les molécules de plastique qui deviennent de l’huile de pyrolyse, vulgarise François Danel. Elle peut ensuite être transformée en électricité via un groupe électrogène ou du naphta synthétique [liquide transparent, mélange d’hydrocarbures issu de la distillation du pétrole] qui servira à produire à nouveau du plastique." La Chrysalis V500, peut traiter 240t de déchets plastiques par an, pour fournir 135.000 litres d’un diesel décarboné.
Lauréate catégorie startups dans le cadre du 8e Monaco ocean protection challenge, Rongbient est basée à Singapour et travaille avec des fermes de crevettes au Vietnam. Elle fait appel au pouvoir de filtration des macro-algues qui captent les polluants de l’eau des crevettes, augmentant ainsi les rendements des installations.
Inalve a préféré s’intéresser aux microalgues. Utilisant une technologie développée par l’Inria, La Niçoise s’attaque à un vaste sujet: l’alimentation. Elle utilise des microalgues qui, mises sur biofilm – un procédé économe en eau, énergie et en surface –, sont destinées à nourrir les larves de poissons et crevettes d’élevage. Ces microalgues vivantes et riches en ingrédients de santé sont une alternative durable à l’alimentation animale conventionnelle, réduisant la dépendance aux farines de poisson et limitant l’impact environnemental des élevages aquacoles.
Prévisionniste de la qualité de l’eau
AquaREAL, le logiciel de la Sophipolitaine BiOceanOr, s’adresse aussi aux fermes aquacoles. Samuel Dupont, cofondateur, le définit comme "un prévisionniste de la qualité de l’eau" qui aide ses utilisateurs à prendre les bonnes décisions au bon moment. La startup peut également prédire les rejets urbains et industriels et la qualité des eaux de baignade.
La plateforme à base d’intelligence artificielle de la Niçoise Wolfgang est destinée aux propriétaires, capitaines de bateaux ainsi qu’aux ports et marinas afin de réduire jusqu’à 20% l’impact environnemental du yachting.
Pauline Cotinat, la fondatrice d’Innov & Sea à Nice, évalue la toxicité des produits cosmétiques, solaires notamment, en utilisant des cultures cellulaires des anémones de mer. Elle aide ensuite ses clients dans la formulation de produits plus respectueux de l’environnement marin car jusqu’à 6.000t de crèmes solaires sont chaque année rejetées dans la mer.
La Mandolocienne Solar cloth system conçoit et produit des panneaux photovoltaïques, à la fois résistants, légers, à faible empreinte carbone et flexibles – aussi fins qu’un billet de banque – que l’on retrouve aussi bien sur les bateaux de Route du Rhum ou du Vendée Globe, sur une ombrière aux JO de Paris, des serres de la ville de Cannes… et tout dernièrement sur Tara, le navire-plateforme scientifique dérivant dans la banquise.
Accélérée par le programme 21st de CentraleSupélec, Pronoe, fondée par Nicolas Sdez et Juan Buceta, a pour mission de restaurer la capacité naturelle de l’océan à capter et stocker en permanence le dioxyde de carbone. "27% de nos émissions passent directement de l’air à l’eau de surface: l’océan agit de moins en moins comme un puits de carbone. Pronoe conçoit des systèmes de traitement de l’eau pour les stations d’assainissement et de dessalinisation, informe Juan Buceta. Ce qui rend leurs effluents moins acides et on restaure la capacité naturelle d’absorption du carbone de l’océan."
Dernière startup à pitcher, SeeOnSea sensibilise à la biodiversité. L’application qui associe citoyens, touristes, entreprises et scientifiques permet de répertorier un ensemble d’observations sur la biodiversité d’un territoire et les met à disposition du grand public.
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