Des dizaines de milliers d’oursins relâchés à Théoule-sur-Mer pour "donner un coup de main à la nature quand l’homme la détériore"
Théoule-sur-Mer Après onze mois d’élevage en laboratoire, près de 50 000 oursins violets ont été relâchés en Méditerranée. L’objectif ? Repeupler une zone désertée par cette espèce, victime de surpêche.
Romain HuguesPublié le 30/04/2025 à 08:45, mis à jour le 30/04/2025 à 08:45
Plongeurs et scientifiques ont relâché, hier, près de 50 000 oursins dans le parc marin de Théoule-sur-Mer. Photo R. H.
Lorsqu’ils s’immergent dans l’eau, les plongeurs de Stella Mare prennent pleinement conscience de la portée vitale de leur action.
Après une année de travail, c’est pour eux l’aboutissement de milliers d’heures de recherche et d’étude. Mais surtout, c’est le début d’une nouvelle ère pour leurs bébés oursins violets, mesurant entre 0,5 et 2cm, qu’ils tiennent délicatement en main avant de les relâcher.
Car l’objectif de cette opération de restructuration écologique, menée hier au large de Théoule-sur-Mer, est bien là: repeupler la zone en oursins, ces échinodermes victimes notamment du braconnage, dont la population a fortement décliné ces dernières années.
Hier, ce sont ainsi plus de 50.000 Paracentrotus lividus – leur nom scientifique – qui ont été replongés dans les eaux de la Méditerranée.
"Nous menons une action qui a pour objectif de donner un coup de main à la nature quand l’homme la détériore", pointe Romain Bastien, responsable d’ingénierie de Stella Mare, plateforme de l’université de Corse et du CNRS, pionnière en matière d’ingénierie écologique sur les littoraux et experte en réimplantation d’oursins sur l’île de Beauté.
Ce coup de main bienvenu repose sur une méthode rigoureuse: des oursins géniteurs ont d’abord été récupérés, puis des pontes ont été réalisées dans un petit laboratoire, implanté à la fois à Théoule-sur-Mer et en Corse.
Onze mois d’élevage
"Nous sommes partis d’une centaine d’oursins, livre le scientifique. Nous avons ensuite réalisé pas mal de suivis, formé les plongeurs du parc marin concernant les indices gonadiques - des appareils reproducteurs - des oursins déjà sur zone pour connaître à la fois la capacité de reproduction de la zone et réaliser des suivis de comptage".
Après avoir ensuite identifié une zone propice réaliser de la faire la restauration, les ingénieurs ont élevé les oursins. "Nous avons réalisé l’élevage grâce à des techniques que nous maîtrisons et, après onze mois, nous les remettons à l’eau."
À quelques heures de la mise à l’eau, s’en est suivi un état des lieux rigoureux réalisé par les plongeurs. Qui sera suivi d’un autre aujourd’hui, puis dans trois jours, et enfin dans quelques mois. Les oursins, marqués par balnéation – une méthode sans impact pour eux – seront donc suivis de près.
Un transfert de technologie
"Tout l’enjeu de l’expérimentation reposait sur un transfert de technologie, d’une pratique que Stella Mare maîtrisait déjà en Corse, que ce soit pour les oursins ou d’autres espèces marines, témoigne Caroline Hemingway, directrice du service maritime de Théoule-sur-Mer. Il y a deux ans, Stella Mare s’est rapprochée de nous et de notre parc marin protégé pour lancer une expérimentation scientifique et tenter une restauration écologique en dehors de leur territoire".
Une opération désormais concrète, et pour l’heure, réussie.
"Un parc marin, c’est aussi de l’expérimentation, commente Georges Botella, le maire de Théoule-sur-Mer. Nous avons des oursins qui malheureusement disparaissent pour différentes raisons, de la surpêche, ou du braconnage. L’idée, c’est que dans vingt ans, les générations futures puissent continuer de déguster de l’oursin, Dans vingt ans, ce sera magnifique d’emmener mes enfants et mes petits-enfants et de leur dire que l’on avance, que la mer est toujours là, et les espèces aussi. L’intérêt de créer des parcs marins, c’est surtout d’informer et de sensibiliser. Et lorsqu’ils sont sensibilisés, les gens font attention à leur environnement".
D’autres espèces à venir
Un environnement qui sera davantage protégé puisque, en accord avec le conservatoire du littoral, un arrêté sera prochainement émis pour interdire la pêche de l’oursin dans le parc marin.
Un parc marin qui pourrait voir d’autres espèces (re) débarquer en nombre puisque, après ces milliers d’oursins, d’autres restructurations écologiques pourraient être programmées… "C’est en effet dans nos projets", sourit le premier magistrat.
Plongeurs et scientifiques ont relâché, hier, près de 50.000 oursins dans le parc marin de Théoule-sur-Mer.Photo R. H..
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