Conférence mondiale sur le climat COP27 en Egypte: il faut agir maintenant face à l’urgence climatique!
La 27e conférence annuelle de l’ONU sur le changement climatique s’ouvre ce dimanche en Égypte, en pleine crise énergétique mondiale. La pression monte sur la mise en œuvre des objectifs déjà actés.
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Sonia Bonnin, Sophie Casals, Aurélie Selvi et Flora ZanichelliPublié le 06/11/2022 à 11:30, mis à jour le 06/11/2022 à 11:33
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En France, la hausse des températures est plus élevée que la moyenne mondiale.Photo AFP
Les grands acteurs du climat sont présents. Au premier rang desquels les dirigeants politiques, négociateurs, experts et militants de la cause climatique. La Cop27s’ouvre ce dimanche 6 novembre à Charm el-Cheikh, en Égypte, et va durer jusqu’au 18 novembre. La conférence des parties (COP) doit fixer un cadre international pour répondre aux changements climatiques.
Une négociation entamée par les États depuis près de 30 ans. "Nous sommes loin de l’objectif de l’accord de Paris, qui est de limiter le réchauffement de la planète bien en dessous de 2°C, de préférence d’1,5°C, souligne le programme pour l’environnement de l’ONU, dans son dernier rapport, fin octobre. Aucune voie crédible pour atteindre 1,5°C n’est en place. Seule une transformation urgente de l’ensemble du système peut éviter une catastrophe climatique."
Pouvoir s’adapter dès 2050
C’est aussi là où se mesure l’inquiétude des experts du climat. "Revenir à l’accord de Paris, c’est un objectif de bon sens, confie le climatologue Jean Jouzel. C’est-à-dire quelles mesures il faut prendre pour que les jeunes d’aujourd’hui puissent s’adapter en 2050. C’est l’urgence."
En 2015, avec l’accord de Paris, l’ensemble des États avait signé pour la première fois un engagement à baisser leurs émissions pour ne pas dépasser un réchauffement de 2°C. Lors du pacte de Glasgow, signé il y a un an, l’ambition a buté sur un gros morceau de charbon, actant l’impossibilité de s’accorder sur la fin définitive du combustible fossile le plus polluant.
Avec une hausse des températures deux fois plus rapide sur les trente dernières années que la moyenne planétaire, l’Europe est devenue une région où le réchauffement constaté a été le plus considérable. Constat annoncé ce mercredi par l’Organisation météorologique mondiale.
Pourtant, le contexte géopolitique de guerre en Ukraine, crise énergétique et hyperinflation, fait redouter que la prétendue priorité climatique ne cède le pas. "Le contexte n’est pas favorable aux avancées majeures", craint Jean-Pierre Gattuso, océanologue, directeur de recherche au Laboratoire d’océanographie de Villefranche CNRS, Sorbonne université et Iddri-SciencesPo.
Nathalie Hilmi est autrice principale du 6e rapport d’évaluation du Giec et de rapports sur les océans et la Méditerranée.Jean-François Ottonello.
Liste de solutions
Depuis trois décennies, les scientifiques ont rassemblé les données d’un immense puzzle, aux ressorts complexes, mais dont la vision d’ensemble ne fait aucun doute.
"D’un côté, il faut expliquer aux décideurs politiques ce qu’il se passe. Il faut qu’ils comprennent que l’impact, ce n’est pas dans 20 ans, 50 ans ou 100 ans, énumère Nathalie Hilmi, chargée de recherche au Centre scientifique de Monaco. Le problème est là, on est déjà en pleine catastrophe. C’est un premier aspect."
Pendant deux semaines, à Charm el-Cheikh, la scientifique, autrice principale du Giec (1), va enchaîner les interventions. Son seul credo: "Dire aux décideurs qu’il y a des solutions, listées dans le rapport du Giec. Elles sont urgentes. Et possibles."
1. Rapport AR6 du Giec, Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, publié en 2021.
Jean-Pierre Gattuso est océanologue, directeur de recherche au Laboratoire d’océanographie de Villefranche, auteur principal du 5e rapport d’évaluation du Giec.Photo Philippe Bertini.
Trois focus pour décrypter les enjeux
Regards croisés de deux auteurs du Giec: Nathalie Hilmi, chargée de recherche au Centre scientifique de Monaco, responsable de la thématique "économie environnementale", et Jean-Pierre Gattuso, océanologue, directeur de recherche au Laboratoire d’océanographie de Villefranche CNRS, Sorbonne Université et Iddri-SciencesPo.
1 - Justice climatique
N. Hilmi: "La notion de justice climatique est très importante car les pays en voie de développement sont moins responsables des émissions de CO2, mais vont subir les conséquences du changement climatique de plein fouet. J’attends beaucoup de cette COP sur ce point, car elle est organisée dans un pays africain, au Moyen-Orient. Les pays en voie de développement attendent une justice climatique."
J.-P. Gattuso: "Un groupe de 77 pays en voie de développement réclame un mécanisme international, pour compenser les préjudices subis. On trouve par exemple des petits états insulaires des Caraïbes qui émettent des quantités microscopiques de gaz à effet de serre mais subissent des cyclones et inondations gigantesques, des vagues de chaleur marine… Or, les pays développés freinent des quatre fers parce que cela va entraîner des paiements très élevés. L’absence de progrès sur cette question risque de faire échouer cette COP."
2 - Adaptation à tous les niveaux
J.-P. Gattuso : "L’adaptation est un enjeu qui se décline à tous les niveaux, jusqu’au plus local. Verdir les villes, isoler les logements, faire une transition vers les énergies renouvelables, réduire l’utilisation des voitures, faciliter l’utilisation des transports en commun, développer les mobilités douces (marche, vélo)."
N. Hilmi: "Ce qu’on verra le plus dans la région Paca, c’est la montée du niveau de la mer et la montée des températures. À terre, il faut penser différemment toutes les villes côtières, à cause de la montée des eaux. L’urbanisation accentue la montée des températures par les îlots de chaleur dans les villes. Il y aura aussi le problème de l’eau, avec la fonte de la neige et des glaciers. Cela ne concerne pas seulement la montagne, car cela impacte tout ce qui va suivre jusqu’à la mer, et l’approvisionnement en eau potable de nos villes, ainsi que l’agriculture."
3 - Engagement des états
N. Hilmi: "J’espère que la COP27 permettra de négocier des accords qui seront contraignants, sous peine de ne pas être appliqués. Dans le contexte mondial de crises, c’est maintenant qu’il faut inclure des actions pour le climat dans les politiques de lutte contre la crise économique. Avec une composante environnementale, on peut avoir une croissance qui soit résiliente face au changement climatique. Les pays se sont engagés à être net zéro émission carbone en 2050. Ce n’est pas une date si éloignée, donc cela veut dire qu’il faut agir tout de suite."
J.-P. Gattuso: "Depuis les accords de Paris (en 2015), les pays s’engagent dans leur contribution nationale sur une trajectoire de baisse de leurs émissions de gaz à effet de serre. Il avait été convenu qu’en 2021, les États devaient revoir leurs ambitions à la hausse et les partager. Or, seulement 23 pays sur plus de 190 l’ont fait cette année."
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