"Dans notre société urbanisée, les gens oublient ce que l’on fait": le plaidoyer du président des chasseurs azuréens le jour de l'ouverture de la chasse

La saison de la chasse ouvre ce dimanche, et jusqu’au 11 janvier 2026. Etat des lieux avec Jean-Pierre Caujolle, président de la fédération des Alpes-Maritimes.

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Propos recueillis par Christophe Cirone Publié le 14/09/2025 à 05:00, mis à jour le 14/09/2025 à 05:00
C’est parti pour la saison de la chasse. photo C.T.

Comment évolue le nombre de chasseurs dans les Alpes-Maritimes?

On approche les 7000. La tendance est à la baisse, lentement mais sûrement, de 2% par an. C’est une tendance française, liée à la pyramide des âges. Il y a un moment où ça va s’arrêter. Pour l’instant, on a plus de vieux chasseurs que de jeunes chasseurs.

Leur profil évolue-t-il aussi?

Des gens qui ont tendance à s’approcher de la nature viennent à la chasse, mais ne savent absolument rien de ce milieu particulier et de la gestion de la faune sauvage. Notre objectif des années à venir, c’est de les faire adopter dans les villages. Il y a aussi une féminisation incroyable de la chasse. Avant, il y avait 1% de femmes dans les équipes de chasse. Désormais, elles sont près de 10% dans certaines zones. Elles apportent d’ailleurs leur approche de la faune sauvage, leur gestion, leur éthique.

Comment les chasseurs ont-ils passé ces six mois sans chasser?

Être chasseur, c’est être dans la nature douze mois sur douze. Quand on ne chasse pas, on a tous les programmes de réouverture des milieux: on refait les chemins communaux, les ponts, on fait des aménagements favorables à la faune sauvage...

11 chasseurs tués l’an dernier en France contre 6 en 2023, 16 non-chasseurs blessés: pourquoi la tendance repart-elle à la hausse?

C’est notre objectif principal: lutter contre les accidents de chasse. Ce qui s’est passé l’an dernier n’est pas normal. On a de nouveau mis l’accent sur la sécurité. Malheureusement, on n’arrivera jamais au zéro accident, notamment au niveau des chasseurs. Le souci, c’est qu’il y a de plus en plus de gens dans la campagne, qui ont tendance à ne pas respecter une zone de battue. On ne fait pas ça pour les embêter. On est là pour partager la nature tous ensemble.

La formation décennale imposée aux chasseurs depuis 2019 est-elle bien suivie?

Ça avance. 50% des chasseurs ont fait leur formation. On met la pression pour que tout le monde soit fermé d’ici 2030.

En mai, la Fédération nationale de chasse a publié un manifeste pour la liberté de chasser. A-t-elle été entendue?

C’était pour jeter un pavé dans la mare et rappeler des évidences. Les maires savent exactement ce qu’on fait pour les villages. Dans notre société qui s’urbanise, les gens ont tendance à l’oublier.

Comment endiguer la prolifération des sangliers et les dégâts qu’ils provoquent?

Un sanglier, c’est 200% de taux de reproduction. En zone littorale, on a ouvert la chasse dès le 24 août pour protéger les cultures maraîchères, les vignes... Car les sangliers, à cause du loup, ont tendance à se rapprocher des villes. Et ce week-end, on ouvre dans les moyen et haut pays.

Quelles sont les tendances pour les autres gibiers?

Les reproductions sont bonnes, car le temps était relativement favorable au moment de l’éclosion du petit gibier: lièvres, perdreaux... On a aussi les bartavelles, les tétras lyres, lagopèdes... Puis on aura les migrateurs.

Le réchauffement climatique et la pression humaine affectent-ils la biodiversité?

Le changement climatique a un énorme impact sur la biodiversité. Du fait des enneigements inférieurs, la petite faune de montagne arrive moins à se protéger pendant l’hiver. Et la mode des balades en raquettes et du ski de randonnée ont tendance à faire baisser la population.

Ôter la vie à des animaux tout en préservant la vie sauvage: vous entretenez une relation paradoxale avec la nature?

Chasser, ce n’est pas prendre les animaux en photo, c’est vivre dans la nature. À une époque où on essaie de diminuer notre impact carbone, qui fait mieux que le chasseur pour prélever dans la nature juste ce qu’il faut pour se nourrir?

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