L’enneigement devenu aléatoire, les saisons en dents de scie… Dans les Alpes-Maritimes, les petites stations de montagne évoluent, elles aussi, sur une ligne de crête.
À l’instar de Roubion-Les Buisses, dans la vallée de la Tinée, administrée par le maire. Récemment dans nos colonnes, Philip Bruno reconnaissait sans détour avoir essuyé une saison hivernale 2024-2025 "médiocre". Acter la fin du ski alpin, comme l’a fait la mairie d’Allos? "Roubion, on en parle de manière informelle à la terrasse des cafés et dans les chaumières… Il y a ceux qui disent qu’il faut arrêter et ceux qui, comme moi, y sont très attachés. Cette activité s’arrêtera forcément un jour si le changement climatique continue, mais on va prendre le temps de préparer la diversification", commente cet enfant du village, aux quelque 120 âmes à l’année.
D’autant que la donne financière est ici sensiblement différente que dans le village des Alpes-de-Haute-Provence hébergeant la station du Seignus: "On ne peut parler le même langage que la mairie d’Allos. Ses impôts locaux communaux viennent abonder le fonctionnement du Seignus. Heureusement, chez nous, c’est un syndicat mixte, composé de la métropole Nice Côte d’Azur et du Département, qui abonde. Certes, c’est aussi de l’argent public sur lequel il faut veiller, mais cela ne pèse pas directement sur la commune."
"On y croit"
Peu ou prou le même son de cloche du côté de Gréolières 1400, la petite station familiale du haut pays grassois. "La fin du ski? C’est un peu prématuré", temporise Jérémy Capellero, directeur par intérim du syndicat mixte des stations de Gréolières - L’Audibergue. Ici, comme à Roubion, l’option prise est celle d’investissements massifs pour tenter de basculer vers une économie "4 saisons". "Le syndicat mixte est abondé par le Département, les communautés d’agglomération Sophia Antipolis et du Pays de Grasse. Les communes ne sont pas en première ligne. Ainsi, on lance un projet à 3 millions d’euros de luges 4-saisons, qui devrait être livré en fin d’année 2025. On y croit", positive-t-il.
Un miroir aux alouettes… pour cet expert azuréen de la transition en montagne, préférant garder l’anonymat. "La démarche d’Allos est osée mais c’est la bonne. La transition n’est plus une option. Face à ça, la solution miracle n’existe pas: soit on opte pour des activités utilisant les remontées mécaniques, en faisant de la station un parc de loisirs; soit on prend son courage à deux mains et on invente un nouveau tourisme axé sur la découverte du milieu naturel", analyse-t-il, déplorant une certaine inertie dans les Alpes-Maritimes: "Ce que fait Allos est courageux. Ici, on attend d’être dans le mur pour agir. Et tant que les stations seront abreuvées d’argent public, même si elles sont déficitaires, ça continuera ainsi…"
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