Moins de livres, plus aucune craie, surveillance en temps réel... Le collège numérique débarque à Monaco

La distribution des ordinateurs portables aux collégiens de la Principauté de Monaco s’est achevée ce mardi. C’est un énorme pas en avant dans le Plan numérique initié par le prince Albert II en 2014.

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Ludovic Mercier Publié le 25/11/2020 à 11:20, mis à jour le 25/11/2020 à 11:12
Illustration Photo Jean-François Ottonello

Un ordinateur tactile, qui peut se changer en tablette, un chargeur, une housse de protection, et une paire d’écouteurs: c’est le pack qu’ont reçu ce mardi tous les collégiens de la Principauté, et qui lance officiellement le "collège numérique".

L’objectif: développer l’usage du numérique et l’intégrer dans l’éducation des jeunes scolarisés à Monaco.

C’est dans l’EduLab, la salle de classe expérimentale installée au collège Charles-III que nous découvrons cette révolution, en présence du Ministre d’État, Pierre Dartout, du conseiller de gouvernement-ministre de l’Intérieur, Patrice Cellario, du directeur de l’Éducation nationale, de la jeunesse et des sports, Isabelle Bonnal, de Frédéric Genta, délégué interministériel au numérique, et de Franck Julien, conseiller national président de la commission pour le développement du numérique, représentant Stéphane Valeri.

Le Ministre d’État, Pierre Dartout, a eu droit à une leçon de mathématiques sur le théorème de Pythagore particulièrement ludique et efficace. L.M..

Saut dans le temps

Je vous parle d’un temps que les plus de vingt ans ne peuvent pas connaître. Une salle claire, spacieuse, avec des postes de travail qui ressemblent à de drôles de petites capsules sur roulettes.

Au mur, une gigantesque télévision: c’est le nouveau tableau. Finies les craies, ou le tableau blanc et les marqueurs: cette fois, c’est une tablette tactile format Gulliver qui est le support du professeur, et qui se trouve être connectée à tous les ordinateurs des élèves.

Évacuons d’office la crainte de l’infinité de distractions qu’offre internet à nos chères têtes blondes. Ici, le prof voit tout, sans quitter le devant de la scène.

Sur l’écran, lors de la démonstration, on nous montre que l’enseignant peut à loisir envoyer un message discret de rappel à l’élève qui s’est égaré sur YouTube, voire, prendre à distance le contrôle de la machine des jeunes les plus réfractaires.

Les ordinateurs sont équipés de tout une palette d’outils pédagogiques, dont les manuels - ce qui favorise l’allègement des cartables, mais aussi d’outils développés à Monaco par les enseignants qui ont reçu des formations spécifiques.

Avec l'écran tactile, l'ordinateur peut être utilisé comme une tablette, avec les manuels dématérialisés. Photo Jean-François Ottonello.

En temps réel

Les contenus sont interdisciplinaires. La leçon sur le théorème de Pythagore est l’occasion de parler un peu histoire. Les leçons de langue monégasque abordent l’histoire du pays.

Le professeur, qui garde un œil sur toute sa classe, dispose d’un retour en temps réel des exercices faits par les élèves. Un point particulièrement important qui permet d’intervenir immédiatement si les élèves peinent à comprendre.

Une démonstration qui a convaincu Pierre Dartout: "Le Collège Numérique, par ses équipements, ses logiciels et les nouvelles pratiques qu’il généralise, répond à 3 enjeux: un enjeu pédagogique, en favorisant la créativité pédagogique de l’enseignant et un meilleur apprentissage des élèves; un enjeu conjoncturel lié à la Covid-19, en vue de faciliter la continuité pédagogique hors de la classe; et enfin un enjeu générationnel, pour permettre de former les talents de demain dont le pays a besoin et d’offrir les meilleures opportunités à nos jeunes, qui doivent maîtriser ces outils et savoir en faire un usage responsable".

Le Ministre d’État a comparé le numérique à l’apparition de l’électricité: "Nous sommes loin d’avoir fini de découvrir tout ce que le numérique a à nous offrir. À la fin du XIXe siècle, quand l’électricité est apparue, tout le monde pensait que son usage se limiterait à l’éclairage des salles de classe."

L’Histoire a fait le reste.

Pour Isabelle Bonnal, le numérique est un outil, et il n'est pas question de balayer le papiers, livres et crayons Photo Jean-François Ottonello.

Y a-t-il une rupture totale avec l’école traditionnelle?

Si vous n’avez pas d’enfant scolarisé au collège, il est possible que vous ayez, comme l’auteur de ses lignes, l’impression d’être entré dans la quatrième dimension à la lecture de ces lignes.

Un collège numérique, avec des tableaux connectés aux ordinateurs des élèves, et des manuels dématérialisés: on peut avoir le sentiment qu’il ne reste pas grand-chose de l’école de notre enfance.

Mais Isabelle Bonnal, directeur de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports, est très claire: "On écrit toujours, on utilise des manuels et des livres. Quand on lit Racine ou Corneille, on manipule des livres. Le numérique est un outil supplémentaire, mais il n’est pas question de balayer livres, papier et crayons. Il faut être ancré dans la modernité, et cet outil le permet."

Reste que, vu de l’extérieur, l’utilisation centrale de ce nouvel outil semble véritablement disruptive. Ce pourrait aussi être l’impression des parents face à ce déploiement et à ces changements.

Pour éviter cela, le conseiller de gouvernement-ministre de l’Intérieur, Patrice Cellario, a insisté sur le fait que "parents, professeurs et élèves ont été associés à la démarche depuis le début du projet pour que leurs besoins soient pleinement pris en compte. Pour réussir la prise en main de ces équipements et une montée en compétences dans la durée, un accompagnement sur-mesure a été mis en place".

Des visioconférences avant la Toussaint ont permis de présenter ce plan "Collège numérique", et deux soirées "portes ouvertes" seront organisées à partir de décembre, pour présenter la réalité de ce nouveau système.

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