Encourager les activités extrascolaires, oui, forcer, non: le décryptage d'une psychologue formée à la guidance parentale

Les activités extrascolaires permettent de se défouler, de socialiser et de révéler les talents. Mais les parents doivent-ils s’inquiéter quand leur enfant manque de motivation ou change souvent d’activité? La réponse d’Emilie Perreard, psychologue formée à la guidance parentale.

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Dans le cabinet d'Emilie Publié le 08/09/2025 à 12:00, mis à jour le 08/09/2025 à 12:00
Photo d'illustration Pexels

À la veille de la reprise des activités, les parents de Jules se questionnent. Leur garçon de 12 ans ne souhaite plus poursuivre le judo qu’il pratique depuis deux ans. Il semblait pourtant s’épanouir dans cette activité qui l'occupait deux fois par semaine.

Les années précédentes, il a déjà testé puis arrêté le tennis, le football et les échecs. Cette instabilité les inquiète. N’est-ce pas le signe d’un manque de persévérance? D’un déficit d’envie ou de motivation?

Jules est un garçon plein de ressources qui pourrait exceller s’il s’accrochait à une activité… Et s’il ne trouvait jamais sa passion?

Inquiétudes des parents

Beaucoup perçoivent les activités extrascolaires comme essentielles au développement de leur enfant. Elles représentent un espace d’épanouissement, de socialisation et parfois même une source de réussite parallèle à l’école.

Dès lors, voir son enfant rechigner, abandonner ou changer régulièrement d’activité suscite des inquiétudes: ne passe-t-il pas à côté d’une passion durable, d’un talent à cultiver, voire d’un atout pour son avenir – une compétence à inscrire dans un futur dossier scolaire ou même une voie professionnelle?

Les parents redoutent ainsi que ces changements répétés limitent les chances de leur enfant de développer une véritable expertise dans un domaine.

Lorsqu'on l'a vécu soi-même, on sait combien il est épanouissant de se spécialiser et parfois même de travailler au service de sa passion. À l’inverse, on peut regretter de ne pas avoir exploité pleinement ses propres compétences et projeter cet espoir sur ses enfants.

Ces craintes, bien que légitimes, peuvent accentuer la pression ressentie par l’enfant et transformer un moment de plaisir en source de stress.

Mais il n’est pas toujours évident pour un parent de savoir comment accompagner son enfant dans ces moments. Faut-il l’encourager à persévérer, à dépasser la phase où le plaisir diminue et où les progrès semblent ralentir? Ou bien reconnaître qu’il est temps de l’écouter et de respecter ses besoins, quitte à envisager un changement?

Comprendre les besoins de l’enfant

L’entrée dans l'adolescence est une période de remaniement. L'enfant en quête d'identité, se questionne, remet en question ses certitudes. Ses goûts évoluent, ses identifications également.

Il n'est ainsi pas rare que nombre d'entre eux souhaitent changer d'activité. D'autant que la nouveauté stimule la curiosité, relance la motivation et ouvre la porte à de nouvelles découvertes.

Dans d’autres cas, l’envie d’arrêter ou de changer peut révéler des difficultés ou des obstacles qui empêchent l’enfant de satisfaire ses besoins essentiels.

Certains se détournent ainsi d’une activité parce qu'elle devient trop compétitive. Ils souhaitent sortir de ce cadre qui peut générer du stress, de la comparaison permanente et un sentiment d’échec si l’on n’atteint pas le niveau attendu.

Le loisir est alors associé à la performance plutôt qu’au plaisir. Si cela s'ajoute à une pression scolaire déjà difficile à gérer, l'envie de tout arrêter est légitime.

Pour d’autres, déjà soumis à un rythme soutenu entre cours, devoirs et trajets, il est impensable de conserver une activité aux horaires trop lourds. Ces jeunes préfèrent garder du temps libre, essentiel pour souffler et se ressourcer. Or c'est incompatible avec l'exigence de certains clubs.

Parfois, l’enfant ne se sent pas – ou plus – à l’aise dans son activité. Est-ce lié au manque de bienveillance de l’entraîneur, à une ambiance délétère entre participants, au sentiment de ne pas être à la hauteur ou de stagner dans ses progrès? Autant de raisons qui peuvent générer un mal-être, souvent passé sous silence.

Observer et respecter

C'est alors aux parents de s'en inquiéter, d'observer et de questionner le jeune sur son désinvestissement. En se montrant à son écoute sans porter de jugement (qui bloquerait le dialogue).

Jules dit ainsi avoir besoin de découvertes, sentiment partagé par de nombreux adolescents de sa génération. Il se mobilise d'avantage face à une nouvelle activité. La répétition l'ennuie et bloque sa motivation. Il aimerait tester autre chose en lien avec ses nouveaux centres d'intérêt: la gymnastique ou le trampoline.

Il est essentiel que les parents respectent les ressentis de leur enfant, même s’ils ne les partagent pas. Ils peuvent leur donner leur point de vue, les encourager à persévérer, étudier la possibilité d'ajuster les horaires ou de changer d'équipe ou d’entraîneur mais si l'activité provoque une souffrance ou un désintérêt massif, l'obligation de continuer serait contre-productive.

Par ailleurs, changer d’activité régulièrement présente aussi ses avantages

Les bénéfices du changement

C'est ainsi l’occasion pour l'enfant de découvrir de nouveaux univers et de développer des compétences variées. Chaque expérience, même courte, apporte quelque chose: confiance en soi, habileté, créativité ou esprit d’équipe. Essayer, puis parfois abandonner, permet surtout d’apprendre à mieux se connaître et à comprendre ce qui nous convient réellement.

Au-delà du plaisir immédiat, cette capacité à explorer et à s’adapter favorise la flexibilité, une qualité précieuse à l’adolescence et qui l'aidera tout au long de sa vie.

Il est enfin essentiel pour les parents de relativiser: une activité extrascolaire n’a pas vocation à être un choix d’avenir. À 12 ans, c’est avant tout un espace d’exploration et d’épanouissement.

L'important est de ne pas surcharger l’enfant et de respecter ses besoins essentiels: une activité motivante une fois par semaine vaut mieux qu’un agenda trop rempli. Garder du temps libre pour souffler, voir des amis et se reposer reste essentiel, surtout à l’adolescence.

À quel âge proposer une activité extrascolaire, et pour quel intérêt?

Maternelle (3-6 ans): ce n’est pas indispensable. À cet âge, courir, jouer et partager du temps avec les parents reste plus précieux qu’une inscription formelle.

Primaire (6-10 ans): l’activité devient un terrain d’expérimentation et de lien social. Elle aide l’enfant à se faire des amis en dehors de l’école, à gagner confiance et à se sentir en réussite, surtout si le scolaire est difficile.

Collège (11-14 ans): c’est un véritable espace de respiration. Sport, art ou musique permettent de canaliser l’énergie, de réduire le stress et de s’affirmer autrement que par les notes.

Lycée (15-18 ans): les activités extrascolaires prennent une dimension identitaire. Elles deviennent un lieu d’autonomie, de responsabilités et parfois d’orientation, mais restent avant tout un moyen de s’épanouir, de se détendre et de maintenir un équilibre de vie.

Comment accompagner son enfant dans ses choix?

Observer ses élans naturels: aime-t-il bricoler, bouger, lire, créer, aider les autres?

Dialoguer sans pression: poser des questions ouvertes pour faire émerger ses envies, plutôt que suggérer un choix.

Encourager l’essai: une séance découverte ou un stage court permettent de tester sans engagement.

Varier les horizons: proposer aussi des activités non compétitives (théâtre, arts, nature, engagement associatif) pour qu’il explore d’autres formes de réussite.

Tenir compte des contraintes familiales et des temps de transport.

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