Le nez épaté, les arcades sourcilières enfoncées et les oreilles décollées, il est apparu sur nos écrans avec sa mine de chien battu. Comme un boxeur groggy. Il cherchait ses mots, la voix hésitante, de peur de prendre à nouveau une volée de coups à cause d’une parole malheureuse.
Cela fait des mois qu’il était maltraité par ses camarades de jeu. C’est la loi du genre. Il le savait dès le premier jour. Mais il avait tellement rêvé de ne plus jouer les seconds couteaux pour être enfin reconnu à sa juste valeur. Il avait même, dans un acte qui tenait un peu du coup de folie, forcé la main du chef pour être enfin en première ligne.
Pendant tout ce temps, il a vaillamment joué les punching-balls, souffre-douleur consentant, devant un public qui se repaissait de ses déboires et de ses maladresses.
Et voilà que, contre toute attente, les téléspectateurs ont assisté à sa mort en direct. Ce n’était pas dans un local impersonnel, à Contes, dans la banlieue de Nice, mais sous les ors de l’hôtel de Matignon, à Paris, face aux caméras des chaînes info, devant un parterre de ministres et de journalistes.
Il traîne sa peine de plateau en plateau, pathétique tournée d’adieu
Alors que rien ne l’y obligeait, François Bayrou a annoncé qu’il se soumettrait ce lundi 8 septembre à un vote de confiance à l’Assemblée nationale qui devrait lui être fatal. Depuis lors, il traîne sa peine de plateau en plateau, pathétique tournée d’adieu.
Était-il à ce point las de ce poste pour commettre un acte aussi désespéré? Ou à ce point ignorant de la réalité des rapports de force politiques et de l’état de l’opinion comme l’avait été un an auparavant Emmanuel Macron lors de la dissolution?
Et si ce n’était ni l’un ni l’autre? Juste une manœuvre pour préserver ses chances dans la perspective de la présidentielle. Le Premier ministre, vieux routier de la politique, n’a rien d’un streamer paumé aux pratiques autodestructrices.
Il est recommandé de ne pas oublier l’adage: "En politique, on ne meurt jamais".
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