Que celui ou celle qui n'a jamais jeté un œil distrait sur ses réseaux sociaux sous la table de réunion nous jette la première pierre... En France, le fait de "scroller" -c'est-à-dire "faire défiler un contenu sur un écran informatique" (dixit le dictionnaire Le Robert)- sur son lieu de travail a un coût.
Ce 4 septembre, la très sérieuse Direction générale du Trésor, sous la tutelle du ministère de l'Economie, a publié une étude fouillée sur le sujet.
Baptisée "L'économie de l'attention à l'ère du numérique", celle-ci s'intéresse à "l'ensemble des modèles économiques par lesquels les entreprises cherchent à valoriser l'attention des consommateurs". Si elle en souligne des effets positifs sur l'activité économique du pays -"via leur chiffre d'affaires, les ventes induites par la publicité en ligne et les gains de productivité liés au développement de nouveaux outils"- il y a bel et bien un revers de la médaille.
Des salariés perturbés par les activités numériques
Parmi les effets négatifs, outre un impact sur la santé mentale, le scrolling et l’usage des réseaux sociaux au travail génèrent une perte de productivité significative.
Selon cette étude, celle-ci se chiffre par baisse du Produit intérieur brut (PIB) français estimée à environ 0,4% par an. Soit environ... 10 milliards d'euros de pertes par an.
La raison: les salariés consacreraient entre 20 minutes et 2h30 par jour à des activités numériques sans lien avec leur activité professionnelle. Avec pour conséquence une "désorganisation du temps de travail", induisant des "phases de reconcentration" pour se remettre à sa tâche.
Un problème qui devrait s'accentuer à l'avenir
Et ce n'est que le début... Ainsi, toujours selon cette étude, la baisse du PIB français liée aux impacts négatifs de l'économie de l'attention pourrait atteindre entre 1,4 et 2,3 points de PIB par an à l’horizon 2060.
Une estimation qui repose surtout sur la dégradation des capacités cognitives des enfants exposés intensivement aux écrans, qui ne sera pas sans effet non plus sur leur productivité une fois adultes et entrés dans le monde du travail.
Plus préoccupant: si l'ensemble d'une génération était concerné par une utilisation très intensive des écrans, "la perte de PIB pourrait même s’élever entre 4,5 et 7,5 points, mais le calcul considère qu’environ 30 % des enfants présentent aujourd’hui ces usages".
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