Réuni à Roland-Garros, le Medef appelle à gagner "le jeu décisif" de la relance du pays
La Rencontre des entrepreneurs de France s’est ouverte mercredi après-midi à Paris dans un contexte politique chaotique. Le « patron des patrons », Patrick Martin, a plaidé pour l’unité politique, la relance de la production et la lutte contre le chômage des jeunes, et rejeté toute nouvelle hausse de charges.
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Karine WengerPublié le 27/08/2025 à 20:20, mis à jour le 27/08/2025 à 20:20
Le président du Medef, Patrick Martin, a appelé mercredi après-midi à ne pas bloquer le pays le 10 septembre prochain mais, au contraire, à le libérer.Photo K. W
La Rencontre des Entrepreneurs de France (REF 2025) organisée par le Medef s’est ouverte mercredi après-midi à Paris à Roland-Garros. Petit clin d’œil au temple du tennis, cette 7e édition a pour thématique "Jeu décisif: l’heure des choix". "Et il y a urgence", souligne Patrick Martin. Histoire d’enfoncer le clou, le président de l’organisation patronale est entré en scène sur le morceau The Final Countdown (1) du groupe Europe avant de livrer un discours offensif, entre inquiétude et détermination. Devant un large parterre d’entrepreneurs, il a choisi d’ouvrir la séquence sans responsables politiques pour "parler entre nous", et rappeler l’ampleur des défis qui attendent le pays. Filant la métaphore tennistique, le président du Medef, qui représente 240.000 entreprises employant 12 millions de salariés, a insisté sur l’idée que la France joue aujourd’hui un "jeu décisif": la gravité des crises – économique, budgétaire, géopolitique – n’autorise plus "ni le déni, ni la démagogie, ni les faux-semblants". Hors de question d’attendre 2027 pour des solutions politiques: "Les entrepreneurs exigent des décisions rapides, à la hauteur des enjeux."
Production, investissement et compétitivité
Au centre de son intervention: la nécessité de relancer la production nationale, seule source de croissance, d’emplois et de souveraineté. Saluant le diagnostic du Premier ministre, Patrick Martin a dénoncé le recul de l’investissement des entreprises françaises depuis trois ans, pointant la responsabilité de la fiscalité et de l’instabilité réglementaire. Refusant catégoriquement toute nouvelle hausse de charges – "La France reste le pays de l’OCDE où les entreprises sont les plus taxées" –, il rejette aussi l’idée d’un retour de l’ISF, "ravageur pour l’économie". Avant de fustiger "l’anti-confiance" entretenue par certains discours politiques. À ses yeux, seule une baisse des dépenses publiques – et non une hausse des prélèvements – permettra de redresser les finances de l’État.
Une Europe "trop vertueuse"
Également dans sa ligne de mire: l’Union européenne, que le patron des patrons juge trop lente, trop normative, voire contre-productive. Et de critiquer des objectifs environnementaux "excessifs" qui fragiliseraient son industrie sans peser réellement sur les émissions mondiales de CO2. En parallèle, il a pointé la vigueur retrouvée de pays voisins – Allemagne, Italie, Espagne, Pologne, Portugal, Grèce – qui démontrent qu’"une bonne politique publique est possible en Europe", indépendamment des couleurs politiques au pouvoir.
La jeunesse, une priorité
Autre volet central du discours: la jeunesse. Avec un taux de chômage des jeunes proche de 19% et 1,5 million de "NEET"(personnes ni en emploi, ni en formation), la situation est décrite comme "une faillite collective". Le Medef veut en faire une priorité, fixant comme objectif de réduire ce chômage de moitié d’ici à cinq ans. Comment? En soutenant notamment la réforme des lycées professionnels, en encourageant l’apprentissage, et en réclamant une modernisation du premier cycle universitaire.
Appelant au dialogue social avec les syndicats, Patrick Martin a mis en garde contre toute tentative de stigmatisation du monde économique. "Jouer l’opinion contre les entreprises serait une folie", a-t-il martelé, soulignant que les Français font désormais davantage confiance aux entreprises qu’aux institutions politiques.
En conclusion, le discours a pris des accents quasi-militants: refus de la résignation, appel à l’unité patronale, et conviction que "la réussite française est encore possible, à condition de lâcher la bride aux entrepreneurs." Avant de rappeler cette phrase de Roland-Garros: "La victoire appartient au plus opiniâtre." À bon entendeur.
1. "Le compte à rebours final".
Les entrepreneurs du Sud : « Libérer la productivité »
Stéphane Benhamou, président du Medef Sud, se dit parfaitement aligné sur le discours de Patrick Martin. « La préoccupation qui nous anime, ce sont les salaires net, de donner les moyens à nos collaborateurs de travailler et de trouver la juste récompense de leur travail. » D’où la nécessité de libérer la productivité tout en nourrissant l’esprit entrepreneurial français, via la formation des jeunes.
« Il faut construire un modèle de développement économique tripartite où le conseil régional, le préfet de Région et les entreprises travaillent ensemble », estime-t-il. Ce qu’il compte mettre en pratique au sein d’un Medef Sud de revendication et de combat, menant notamment des projets structurants comme la ligne de 400 000 volts ou encore le logement.
Ce dernier point est d’ailleurs le cheval de bataille du nouveau président de l’Union pour l’entreprise des Alpes-Maritimes (UPE 06), Franck Cannata. « Les entreprises peinent à attirer et garder leurs collaborateurs », souligne ce dernier. « La faute au manque de logements et à une mobilité inadaptée. » Et de regretter aussi le manque de vision à long terme des politiques. « Les chefs d’entreprise, optimistes par nature, ne peuvent pas se projeter. On n’a toujours pas avancé d’un pouce, que ce soit sur la simplification ou la réindustrialisation, alors que des pays voisins comme l’Italie s’en sortent… »
Stéphane Benhamou, président du Medef Sud.Photo K. Wenger.Franck Cannata, président de l’UPE 06.Photo K. Wenger.
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