Monaco placé sur liste grise : quelles sont les conséquences économiques à craindre ?

Placé sous surveillance jusqu'en 2026 par le Gafi en matière de lutte contre blanchiment et le financement du terrorisme, la Principauté doit-elle craindre des conséquences de ce classement ? Eléments de réponse.

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Thibaut Parat Publié le 29/06/2024 à 09:41, mis à jour le 29/06/2024 à 10:49
Le placement en liste grise s’accompagne généralement d’une baisse de la demande, notamment dans l’immobilier. (Photo Cyril Dodergny)

S’il est naturellement délicat, à chaud, de quantifier les répercussions économiques qu’aura ce placement de la Principauté sur liste grise par le GAFI, le cabinet Phœnix Consulting officiant à Monaco avait décrypté, fin 2023, les conséquences d’une telle décision pour les autres pays concernés par le passé. "Selon le GAFI, un passage en liste grise devrait en effet entraîner des coûts plus élevés pour les partenaires commerciaux internationaux du pays en question, en raison des mesures supplémentaires imposées, voire les priver complètement de la possibilité de faire des affaires avec ce pays", résume Phœnix Consulting. En se servant de l’outil puissant du "name and shame" – une pratique anglo-saxonne de dénonciation publique – le GAFI espère provoquer des réformes importantes et nécessaires chez les nations concernées, dont la réputation est de fait entachée.

Baisse de la demande dans certains secteurs

Dans plusieurs pays, le placement en liste grise s’accompagne d’une baisse de la demande, notamment dans l’immobilier et le tourisme, deux secteurs clés à Monaco. "La complexification des processus liés à la conformité et la réticence des clients potentiels à fournir des documents supplémentaires dans le cadre du contrôle de leurs transactions incitent, en effet, certains à chercher des alternatives plus simples dans des pays voisins", argumente le cabinet de consulting.

"De-risking" ou "la prise de distance"

Coûts élevés de la conformité, risques pour la réputation et complexité des transactions… Autant de facteurs qui conduisent à l’émergence d’un phénomène baptisé "de-risking", ou quand les institutions financières étrangères prennent leurs distances avec des contreparties, des correspondants bancaires, des clients ou les pays classés à risques en matière de blanchiment d’argent ou de financement du terrorisme. En 2016, une étude du Centre for Global Developement, citée par le Fonds monétaire international (FMI), montre que l’inscription sur la liste grise entraîne une baisse de 7 à 10 %, en moyenne, des paiements entrants vers les pays figurant sur la liste grise.

Baisse des investissements étrangers

"Cela peut également décourager les investisseurs étrangers qui voient cela comme un signe potentiel d’une instabilité financière, juridique et fiscal. Ce phénomène peut donc avoir un impact significatif sur les flux financiers internationaux et l’attractivité économique des pays concernés", ajoute Phœnix Consulting, qui évoque aussi la baisse du nombre de correspondants bancaires.

Une baisse du PIB

Autre conséquence citée dans un rapport du FMI : la baisse du Produit intérieur brut, d’autant plus quand un pays reste de manière prolongée sur liste grise. Entre 2008 et 2009, le Pakistan a observé une baisse de son PIB atteignant jusqu’à 4 % par an, alors même que son secteur financier ne pèse qu’environ 4 % du PIB. "En Principauté, celui-ci constitue plus de 16 % du PIB. Les répercussions sur le PIB d’une juridiction comme Monaco seraient donc bien supérieures à celles observées au Pakistan", indique Phœnix Consulting.

Et l’avenir ?

"Les conséquences qui en découleraient dépendront en partie de la capacité de la Principauté à mettre en œuvre des mesures de conformité durables, à s’adapter aux normes internationales et à sortir rapidement de la liste grise. Cette situation peut également être perçue comme une opportunité de renforcer son engagement envers la transparence financière, d’améliorer sa réputation sur la scène internationale et de garantir un avenir stable prospère", conclut Phœnix Consulting.

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