Monaco mise sur le développement durable pour relancer le tourisme

Ce lundi 14 décembre, la direction du Tourisme de la Principauté a fait le point sur la saison écoulée, bousculée par la pandémie, et a dévoilé sa stratégie pour l’avenir. C’est le développement durable qui sera au centre de la relance.

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Ludovic Mercier Publié le 15/12/2020 à 12:00, mis à jour le 14/12/2020 à 21:19
Guy Antognelli, directeur du Tourisme, a annoncé la création d’un livre blanc pour se rapprocher des objectifs de développement durable de l’ONU. Photo Jean-François Ottonello

D’habitude, à cette époque, c’est la grand-messe du tourisme à Monaco.

Et ce lundi après-midi, le centre de conférences, les hôtels, les acteurs institutionnels et les représentants de la direction du Tourisme – qui animent des bureaux aux quatre coins du monde – étaient tous présents en Principauté pour faire le point sur ce qu’ils ont entrepris, comment ils s’y sont pris en cette année de pandémie, et ce qu’ils ont l’intention de faire.

"Cette année restera à jamais celle de nombreux bouleversements", a démarré Guy Antognelli, directeur du Tourisme, devant une salle à moitié vide, pour cause de distanciation sociale.

Alors bien sûr, grâce au service d’événement hybride du Grimaldi Forum, où se tenait ce rendez-vous, plusieurs centaines de participants étaient probablement connectées depuis Tokyo, Munich, Sao Paulo, Singapour, New York ou Sidney. Mais des participants connectés, ça met moins d’ambiance.

Abattu en plein vol

Devant les acteurs locaux de l’industrie du tourisme, Guy Antognelli a tiré le bilan de l’année qui va s’achever.

Vous ne serez sans doute pas surpris d’apprendre qu’il n’était pas très bon. Pourtant, ainsi que le directeur du Tourisme l’a souligné, 2020 avait bien démarré, avec une activité en hausse par rapport à l’année précédente, et un prix moyen en augmentation de 11,2%. Mais la pandémie a tout stoppé net.

Et même le déconfinement, et le rebond de juillet n’auront pas suffi.

En juillet 2019, les hôtels affichaient 79% de remplissage, quand ils n’étaient qu’à 39% cet été. Dans nos colonnes, les commerçants lançaient que leur seul espoir était une belle arrière-saison. Mais elle n’est pas arrivée.

Malgré une importante fréquentation européenne, avec "une progression à deux chiffres", et même trois pour la France avec 102% de visiteurs en plus, la saison est restée morne.

Autre raison: les annulations à la chaîne des événements professionnels. Seuls survivants de cette hécatombe, le salon "Ever", dédié à la mobilité propre, et les "Assises de la Sécurité".

"À la fin novembre, en cumul annuel la situation est celle-ci: 59% de chambres vendues en moins, un prix en baisse de 10,5 %, et un revenu par chambre en baisse de 63%", a annoncé Guy Antognelli.

L’autre mauvaise nouvelle, c’est que l’Association internationale du transport aérien, la IATA, ne prévoit pas de rétablissement des chiffres antérieurs avant 2025 à 2027, selon Guy Antognelli.

Des échéances qui reculent à mesure que l’on en parle, ce qui est d’autant plus préoccupant pour Monaco que 75% des touristes viennent par les airs.

Alors que faire, pour qu’ils reviennent? La réponse est simple, et tellement dans l’air du temps: virer au vert. Encore plus que maintenant. Un challenge, quand on sait que 88% des chambres d’hôtels de Monaco font l’objet d’un label.

"Nous le savons, le tourisme a le potentiel de participer, directement ou indirectement à la totalité des objectifs de développement durable fixés par l’ONU, rappelle le directeur du Tourisme. Nous allons nous appuyer encore plus sur ces objectifs pour mieux répondre aux demandes d’une clientèle sensible et exigeante quant à cette thématique. C’est pourquoi, nous avons souhaité écrire un livre blanc du tourisme responsable."

Un peu de retard

Un livre qui servira d’état des lieux, et de socle pour les ambitions de Monaco.

Pour cela, l’ensemble du secteur du tourisme a été sollicité, accompagné de la Mission pour la transition énergétique et la direction de l’Environnement.

Une aide externe a également été sollicitée, avec le concours du cabinet François Tourisme Consulting, spécialisé depuis 20 ans en développement durable.

Malheureusement, le second confinement en France a ralenti le travail, et le livre blanc n’est pas encore prêt.

Mais l’on sait déjà qu’il "ne s’agit pas de décroissance" comme l’a expliqué Gilles Muhlach-Chen, l’un des consultants, mais plutôt de voyager mieux.

Et quand on sait que 8% des gaz à effet de serre et 52% des déchets en Méditerranée sont imputables au tourisme, nul doute qu’il reste de la place pour l’action.

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