Dans le monde souvent très sérieux de la danse contemporaine, Alexander Ekman fait figure d’ovni joyeux. À 41 ans, ce chorégraphe suédois a révolutionné la danse contemporaine en osant un grand écart entre humour potache et profondeur existentielle.
Pourtant, derrière cette apparente légèreté se cache un perfectionniste. "Je crois au travail acharné", confie-t-il, évoquant ses rituels de création entre yoga, sauna et méditation.
À l’aube des représentations niçoises de Cacti, du 2 au 8 avril dans le cadre d’un programme de quatre pièces proposé par l’Opéra de Nice, il revient sur son processus de création, ses doutes et cette anxiété qui l’a habité pendant presque un an au moment de réaliser un de ses rêves d’enfant.
Dans Cacti, vous parodiez le monde de la danse et ses critiques. Pourquoi ce choix?
C’était l’une de mes premières pièces, il y a presque quinze ans. À l’époque, j'étais jeune et très affecté par les critiques sur mon travail. J’étais fasciné par ce personnage du critique snob, un peu comme le personnage dans le film Ratatouille. Sauf que c’est un personnage qui existe dans la vraie vie, et j’ai trouvé ça tellement absurde que j’en ai fait une parodie. Aujourd’hui, ce qui est drôle, c’est que parfois, je me surprends à jouer ce rôle avec moi-même.
Vous parlez souvent du rôle de l’humour dans votre travail. Pourquoi est-ce si important?
L’humour, c’est la vie même. Montrer quelque chose de profond ou de difficile avec de l’humour, c’est fascinant. Comme l’humour noir ou la tragicomédie au théâtre. Et puis il y a quelque chose de très beau quand un public rit ensemble. C’est une façon de connecter les gens. Et dans la danse contemporaine, c’est assez rare de voir de l’humour.
Après avoir travaillé avec des compagnies prestigieuses, quel a été le défi de chorégraphier la cérémonie d’ouverture des Jeux paralympiques de Paris?
C’était immense, et onze mois d’angoisse, un rêve d’enfant et un honneur incroyable, mais une pression énorme. Chorégraphier pour 200 personnes, c’est une échelle complètement différente de ce que je fais d’habitude. J’ai dû apprendre à gérer ma peur tout en restant créatif.
Même avec vingt ans d’expérience en tant que chorégraphe, vous avez toujours l’impression d’apprendre?
En tant qu’artiste, je pense qu’il ne faut jamais se considérer comme un maître qui sait tout, sinon c’est qu’on est déjà mort. J’aime me considérer comme un débutant. Je continue à apprendre tous les jours parce que chaque création est nouvelle et parce que chaque âge est nouveau.
Huit représentations du 2 au 8 avril. De 12,50 à 34 euros. Rens. et réservations sur le site opera-nice.org
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