Savez-vous que la cathédrale de Grasse abrite des œuvres originales de Pierre Paul Rubens?

Trois tableaux de l’artiste flamand, réalisés en 1602 pour l’église Sainte-Croix-de-Jérusalem, à Rome, ont été légués par un industriel à l’hospice de Grasse, en 1827.

E.L. Publié le 14/06/2025 à 17:00, mis à jour le 14/06/2025 à 17:00
Les trois œuvres sont à découvrir sur le flanc droit de la cathédrale. Photo Patrice Lapoirie

La cathédrale Notre-Dame-du-Puy abrite de vrais trésors. En son sein, on peut notamment admirer Le Lavement de pieds de Jean-Honoré Fragonard, l’une des rares œuvres religieuses de l’artiste grassois; ou le tableau de Charles Nègre, Mort de saint Paul, premier ermite.

Mais aussi Sainte Hélène et l’exaltation de la Sainte-Croix, Le Couronnement d’épines et L’érection de la Croix. Trois réalisations de Pierre Paul Rubens, peintre baroque flamand, connu notamment pour La chute des damnés, La chasse au tigre ou L’enlèvement des filles de Leucippe

Des œuvres de plus de 2m x 1,50m, peintes au tout début de sa carrière, qui, pour Édouard Michel – historien de l’art français et auteur de l’ouvrage Les Rubens classés de l’hospice de Grasse – donnent les caractéristiques fondamentales du développement du peintre, entre ses 24 et ses 27 ans.

"Ce prestigieux traitement de la lumière suffit à indiquer le génie"

Car, c’est en 1602, alors que Rubens est en voyage à Rome, qu’il est choisi pour réaliser ces œuvres, à la demande de l’archiduc Albert. Ce dernier souhaite, ensuite, les offrir à l’église Sainte-Croix-de-Jérusalem, à Rome.

Dans une lettre datée du 26 janvier 1602, l’on apprend que Rubens a déjà remis le tableau de l’autel principal à Jean Richardot, et que ce dernier demande au duc de Gonzague de ne pas rappeler son peintre à Mantoue, avant qu’il n’ait achevé les deux autres peintures des autels latéraux.

Ainsi sont nées Sainte Hélène et l’exaltation de la Sainte croix, Le Couronnement d’épine, et L’Érection de la Croix. Sur la première citée, également la première à avoir été peinte, Édouard Michel explique que "la composition [...] est encore empreinte de maladresse et d’inexpérience".

La croix est "gauchement placée à côté de la sainte, sans qu’apparaisse nettement le lien qui les unit", les contours sont durs, les cernures épaisses, "le coloris n’a ni transparence, ni fluidité"

Mais il relève aussi "la science innée de l’éclairage", la "trouvaille de ces rayons de lumière qui se jouent sur les côtés et au-dessus de l’écran d’architecture… [..] À lui seul, ce prestigieux traitement de la lumière suffit à indiquer le génie."

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Vendus aux enchères à Londres

Mais alors, comment ces tableaux se sont-ils retrouvés à Grasse? Après que les œuvres de Rubens ont, semble-t-il, été déplacées au sein de l’église car ils prenaient l’humidité, elles sont, ensuite, transportées en Angleterre en 1811, et vendus aux enchères en 1812.

John Smith, dans son Catalogue raisonné, précise même que Sainte Hélène a été payée 380 guinées, Le Couronnement 760, et La Crucifixion, 280 livres.

Mais pourquoi sont-ils partis d’Italie et que sont-ils devenus ensuite? Tout est flou et les tableaux semblent perdus. Certains prétendent qu’une des œuvres gît au fond de la mer.

Un Grassois les retrouve à Leipzig en 1827

Mais, en 1881, Charles Ruelens, secrétaire du comité d’historiens et de spécialistes, souhaitant honorer Pierre Paul Rubens, retrouve leurs traces à Grasse. Les peintures y sont accrochées... depuis 1827!

C’est M. Perolle, un industriel grassois, qui les aurait retrouvées à Leipzig, tandis qu’il s’y rendait pour son commerce de matières premières en parfumerie.

Les tableaux lui auraient été donnés en paiement d’une créance de 80.000 francs, due par un débiteur insolvable…

Heureusement, Charles Ruelens n’a pas pu ramener les trois pièces à Anvers, ville où Rubens est décédé, les conditions du legs étant très claires et la vente interdite… Et les tableaux du grand peintre flamand, les premiers de sa carrière, sont, donc, encore accrochés aux murs de la cathédrale de Grasse.

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