"Une directrice doit relever des défis": Cecilia Bartoli nous présente le riche programme de la saison de l’Opéra de Monte-Carlo
Opéra Cecilia Bartoli dévoile son programme pour l’Opéra de Monte-Carlo cette saison, où elle convoquera sur scène autant de stars de la musique classique que de superproductions de sa discipline.
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Cédric VéranyPublié le 03/05/2025 à 11:30, mis à jour le 03/05/2025 à 12:10
La directrice entourée de son équipe sur la scène de la Salle Garnier.
Photo LANDRY BASILECrédit photo Web uniquement.
Quelles promesses et quel casting! Pour sa quatrième saison à la tête de l’Opéra de Monte-Carlo, Cecilia Bartoli fait fort. À son image: star de sa discipline et passionnée de la musique. Un équilibre qui jalonne le programme avec des stars donc: Roberto Alagna, Plácido Domingo, le ténor Bryn Terfel dans Le Vaisseau fantôme, la mezzo-soprano Elina Garanca, des opéras légendaire: Aida de Verdi, La Walkyrie de Wagner, Cosi fan tutte de Mozart… Mais aussi la comédie musicale Cats pour vingt représentations et un hommage à Joséphine Baker! Un casting riche, hétéroclite, qui laisse apparaître que les places vont s’arracher pour assister à ces spectacles. "J’espère une chose, que tous les artistes soient en forme et prennent de la vitamine C" glisse en souriant la directrice comme pour tordre le cou au mauvais sort qui a conduit les saisons passées à remplacer dans des productions des artistes malades au pied levé.
Cette saison, elle l’a imaginée comme "une traversée des émotions, riche, audacieuse, pleine de surprises, toujours avec la même passion pour la musique et cette volonté de rêver ensemble." Avec le souci de soutenir la tradition tout en ouvrant la Salle Garnier vers la modernité: en privilégient la technologie dans la mise en scène d’opéras ou en accueillant une comédie musicale. Traduisant cette "volonté de s’ouvrir au plus grand nombre sans jamais trahir notre exigence de qualité" comme l’écrit la princesse de Hanovre, présidente de l’institution dans le livret de la saison 2025-2026. Le public l’an dernier avait adhéré en masse: 100% de taux de remplissage et 21.000 spectateurs au total à Garnier et au Grimaldi Forum. Une performance qui oblige. Cecilia Bartoli en dit plus…
Le fil conducteur de votre quatrième saison à l’Opéra de Monte-Carlo, semble être les femmes fortes, les héroïnes…
C’est vrai, la force des femmes, leur volonté, leur charisme. Aida ou Azucena (l’héroïne d’Il Trovatore) sont des femmes fortes qui vont jusqu’au bout. Eurydice aussi dans l’histoire d’Orfée. Nous sommes à un moment où il faut rappeler les femmes exceptionnelles de notre histoire.
Ce que vous ferez aussi le 19 novembre avec un spectacle inédit, autour de Joséphine Baker?
Oui c’était une femme incroyable! Quand on regarde tout ce qu’elle a vécu, c’est étonnant de se dire que c’est la vie d’une seule et même personne. Et puis elle avait cette vraie connexion avec Monaco. On essaye pour la Fête nationale d’avoir des histoires à raconter sur la Principauté et sur les artistes qui se sont produits ici.
Vous louez les femmes fortes… et vous vous attribuez des rôles d’hommes! Pour Orfeo ed Euridice en janvier, vous chanterez la partition d’Orphée!
C’est vrai, oui! [rires] Le rôle d’Orphée, à l’époque était chanté par un castrat. D’abord un alto puis il avait été réadapté, dans la version de Parme que nous jouons, pour une voix presque soprano. Ce qui me plaît dans le personnage surtout, c’est la force de la voix. Avec son timbre et sa lyre, Orphée arrive à calmer les âmes en perdition. Ce rôle, je crois, a besoin de maturité. Il y a des moments musicaux dramatiques, il faut l’expérience pour appréhender le texte et la musique. Ce spectacle, nous l’avons déjà joué avec les Musiciens du Prince sur des scènes prestigieuses à Salzbourg, à Amsterdam, à Paris, à Bruxelles. Mais pas encore à Monaco. Et je m’en réjouis de le présenter à la Salle Garnier.
Cette année encore des spectacles où la technologie et les effets visuels habitent la scène seront proposés. Un choix qui séduit autant qu’il dérange les puristes. La technologie au service de l’Opéra, ce sont deux mondes qui ne se cannibalisent pas selon vous?
Absolument pas! La technologie fait partie de notre vie mais il faut savoir comment l’utiliser. Davide Livermore (qui proposera ses versions de Aida et La Walkyrie) est un grand metteur en scène mais aussi un grand musicien. Il aime jouer avec le texte et la musique. Et c’est une fusion que je trouve exceptionnelle d’avoir la technologie sur scène et les instruments d’époque dans la fosse des Musiciens du Prince. Cela place la musique de Wagner dans une dimension que l’on ne connaît pas. Et cela aide à faire sortir les voix. Les opéras de Wagner n’étaient pas conçus pour de grands orchestres modernes avec lesquels on a du mal à entendre les voix, qui doivent forcer. Wagner voulait une alchimie totale entre la fosse et la scène. Et l’on s’en rapproche là.
En 2023, vous aviez programmé pour les fêtes la comédie musicale Le fantôme de l’Opéra à une période où d’ordinaire l’Opéra est fermé. Certains étaient septiques et ce fut un succès. Vous réitérez avec Cats cette année?
J’ai eu très peur en 2023. Je venais de prendre la direction et je me suis imposé un vrai défi. Finalement, je le fais sur scène comme artiste, je me suis dit que comme directrice aussi je devais relever des défis. On ne le fera peut-être pas pour chaque saison, mais cette année nous proposerons Cats pour vingt représentations pendant les fêtes de Noël. Et je crois que l’on va beaucoup s’amuser!
Cecilia Bartoli dirige l’Opéra depuis 2023.
Photo Fabrice Demessence
de Wagner, le 2 novembre: "une œuvre profondément mythique où une figure féminine, Senta, choisie de défier la fatalité par la force de son amour."
de Verdi, les 16,20 et 22 novembre: "au-delà des pyramides, des éléphants et des trompettes de la mise en scène spectaculaire, vous serez confrontés au cœur intime de cette œuvre ou deux femmes puissantes et amoureuses sont prêtes à tout, jusqu’au sacrifice."
Bonsoir Monte-Carlo, les 19 et 21 novembre : "un hommage à la grande Joséphine Baker. Une femme libre engagée, une artiste flamboyante, une amie fidèle de Monaco. Cinquante ans après sa disparition, elle reste une figure inspirante, courageuse et joyeuse."
Roberto Alagna, c’est magnifique, le 1er décembre: "toujours un bonheur de l’accueillir, cette fois pour un moment plus intime. Un récital très personnel construit autour de ses souvenirs et de ses airs de cœur. La générosité et la présence de Roberto en font un artiste unique et fidèle à Monte-Carlo. Le chœur de l’Opéra l’accompagnera."
, du 14 au 31 décembre: "pour célébrer les fêtes de fin d’année, cette comédie musicale culte d’Andrew Lloyd Webber dans une version fidèle à l’originale de Londres. Un spectacle à voir en famille."
de Wagner du 23 au 29 janvier: "nous poursuivons notre plongée dans l’univers wagnérien avec cet opéra bouleversant d’humanité."
Orfeo ed Euridice de Gluck, le 28 janvier: "un rendez-vous qui me tient particulièrement à cœur, je retrouverai le rôle d’Orphée dans une version épurée, intime et poétique. de cette histoire aussi très moderne, très humaine."
de Mozart, le 9 février: "cette saison nous terminerons le cycle lancé il y a trois ans avec la Wiener Staatsoper par cet opéra, drôle, cruel et tendre. Mozart savait mieux que personne les contradictions du cœur. Je reprendrais le rôle de Despina, qui m’a porté chance sur la scène du Metropolitan à New York, en 1996."
Cecilia & Placido, le 14 février: "un récital aux couleurs latines entre nostalgie, chaleur et complicité. Avec David Fray au piano, ce sera une soirée de partage et de joie et un plaisir d’accueillir comme en 2023, Plácido Domingo."
de Debussy, les 22, 24,26 et 28 février: "après plus de cinquante ans d’absence, c’est le retour de cet opéra dans une mise en scène de Jean-Louis Grinda. Ce sera une production j’en suis sûre, délicate et bouleversante."
de Verdi, les 22, 24,26 et 28 mars: "pour le dernier opéra de la saison, nous retrouverons pour notre plus grand plaisir à nouveau Verdi. Cette œuvre est une véritable tragédie de feu et de sang. Incontournable pour les grands amateurs de tragédie que nous sommes."
Elina Garanca, le 31 mars: "pour finir cette saison en beauté, immense plaisir d’accueillir cette artiste d’exception."
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