"Il y a des endroits avec 300m de vide où il ne vaut mieux pas tomber!": les Azuréens Germain Grangier et Katie Schide racontent leur podium sur l’un des trails les plus difficiles au monde
Lui a terminé troisième du général, elle sixième et l’a emporté chez les dames : installés à Isola 2000, Germain Grangier et Katie Schide ont brillé le samedi 12 juillet sur la Hardrock 100, ultra-trail réputé dans les montagnes du Colorado (160 km). Le duo raconte cette course et ses spécificités.
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Vivien SeillerPublié le 19/07/2025 à 17:55, mis à jour le 19/07/2025 à 19:33
Katie Schide et Germain Grangier ont découverte une course particulièrement corsée, notamment avec l’altitude.Photo Giampietro
La discipline est tellement exigeante et soumise aux impondérables qu’il serait bancal de dresser des constats implacables. Mais il s’en dégage malgré tout quelques tendances et certains traileurs ont une vraie propension à jouer les premiers rôles sitôt les départs donnés. Dans le vaste monde de l’ultra-trail, les courses de 100 miles (160km) font figure de mastodontes et parvenir à les avaler est déjà une performance en-soi. Germain Grangier et Katie Schide, eux, ne jonglent pas vraiment avec ces considérations-là. Installés à Isola 2000, les deux traileurs ont leur rond de serviette à la table des plus grands et viennent encore de justifier ce statut.
Course en haute altitude et "brouillard intellectuel"
Le samedi 12 juillet, le Français et l’Américaine ont pris le départ de leur première Hardrock 100. Au menu, 160km et 10.000mètres de dénivelé dans les montagnes du Colorado. Un terrain hostile et de nature à tournebouler même les plus expérimentés. "C’est compliqué de participer à la Hardrock pour la première fois, analyse le coureur de 35 ans. L’altitude moyenne est de 3.500m avec une dizaine de passages autour des 4.000m. Ça laisse planer pas mal de points d’interrogations. On a planifié des choses mais on n’avait pas du tout l’expérience d’une telle course…" "Serge", son surnom, et Katie s’étaient rendus sur place un mois et demi plus tôt pour s’acclimater et mettre le maximum d’atouts de leur côté. "L’altitude ralentit ta digestion et affecte ta lucidité, poursuit Grangier. Des fois, tu es un peu dans un brouillard intellectuel. La réponse à l’altitude est très individuelle et binaire: si génétiquement tu ne réponds pas très bien, tu vas t’acclimater mais tu ne seras jamais l’égal de quelqu’un qui a une très bonne réponse à ça."
Germain Grangier est débarrassé de ses problèmes aux jambes.Photo Ryan Thrower.
"95% du temps, il n’y a pas de réseau sur le parcours"
Sentiers engagés et cours d’eau à traverser composaient aussi ce cocktail qui peut parfois tourner au vinaigre. "95% du temps il n’y a pas de réseau sur le parcours. Il y a des endroits avec des falaises et 300m de vide où il ne vaut mieux pas tomber!" Le duo maralpin en a vu d’autres et s’est rapidement installé dans les premières places du peloton. Germain Grangier troisième à la poursuite de Ludovic Pommeret et Mathieu Blanchard, Katie Schide première chez les dames et calée dans le Top 10 (6e) avec une avance confortable sur la deuxième Manon Bohard. Des places tenues jusqu’à Silverton avec des chronos respectifs de 24h04’10’’ et 25h50’25’’.
Grangier, problème réglé
Pour le premier, c’est un nouveau podium sur un des monuments après l’Ultra-trail du Mont-Blanc (3e en 2023) et la Diagonale des Fous (2e en 2023), mais aussi un retour au premier plan après plusieurs abandons et un corps chancelant. "J’avais des problèmes aux jambes compliqués à expliquer l’an passé. Après 12-13 heures de course, mes muscles se contractaient et mes jambes n’arrivaient plus à supporter mon corps. Cette fois elles ont marché! C’est super cool d’avoir réglé ce problème!"
Schide dans un cercle fermé
Katie Schide a désormais remporté les quatre monuments.Photo Giampietro.
Pour sa compagne, c’est une victoire (avec un temps record) qui la fait basculer dans un nouveau monde: à 33 ans, Katie Schide a désormais remporté les quatre majeurs (UTMB, Diagonale, Western States, Hardrock 100) et rejoint le duo Kilian Jornet-Courtney Dauwalter dans un cercle très fermé. "Une fierté? Oui, bien sûr! Au début je n’avais pas pensé pouvoir gagner la Western, reconnaît la native du Maine, à l’extrême nord-est des États-Unis. Quand je l’ai fait (2024), ça m’a donné de l’espoir sur le fait que c’était possible de remporter les quatre." Samedi, elle a surtout essayé de ne pas se disperser pour garder la clé. "Les gens qui suivent de l’extérieur peuvent penser qu’on est en mode compet’ tout le long, mais la compet’ est plus avec toi-même pour te surpasser. Il y a des cycles, notamment sur le plan mental. Tu donnes le meilleur et à la fin tu as ta place (sourire)." La première, en l’occurrence, comme souvent pour celle que certains surnomment justement l’impératrice.
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