Avant de revenir en concert cet hiver à Grasse et à La Seyne, Ballaké Sissoko et Piers Faccini nous ont parlé de leur amitié musicale

Après un somptueux concert sur l’île de Porquerolles, Piers Faccini et Ballaké Sissoko, qui reviendront cet hiver à Grasse et La Seyne, nous ont partagé leur vision de la musique, entre douceur poétique et richesse multiculturelle.

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Cloé Calame Publié le 20/07/2025 à 16:30, mis à jour le 20/07/2025 à 16:30
Ballaké Sissoko à la kora et Piers Faccini, au chant et à la guitare, à Jazz à Porquerolles. Photo Charlotte Tosseri Photo Charlotte Tosseri

ils sont amis depuis plus de vingt ans, époque où ils jouaient pour le même label indépendant. C’est le temps qu’il aura fallu à ces deux talentueux musiciens pour façonner Our Calling, un album collaboratif sorti en février 2025.

Dans cette ode poétique à la migration, les deux instruments à corde, la kora du maître malien Ballaké Sissoko et la guitare du chanteur folk britannique Piers Faccini, dialoguent tout en délicatesse.

À présent en tournée, le duo a enchanté le festival Jazz à Porquerolles pour une soirée de clôture faisant la part belle à l’instrument traditionnel mandingue.

Ils partageaient en effet la scène avec Sona Jobarteh, une compositrice gambienne précurseuse, étant la première joueuse professionnelle de kora, un instrument traditionnellement réservé aux hommes par le passé.

Vraie conversation musicale

Sur scène, la complicité créatrice de Piers Faccini et de Ballaké Sissoko s’est transformée en un véritable dialogue en musique. "Je m’étais toujours dit qu’il faudrait qu’on fasse quelque chose ensemble, raconte Piers Faccini. Je voulais pouvoir rencontrer réellement et vraiment Ballaké en apprenant beaucoup plus sur sa musique, sur les modes, sur les rythmes, pour pouvoir avoir une vraie conversation musicale."

Loin du cliché d’un supposé caractère universel de la musique, Piers Faccini rappelle que "ce qu’on oublie, c’est qu’il y a d’innombrables langages musicaux dans le monde. La musique devient universelle seulement quand on apprend la musique de l’autre. C’est comme un langage. Si quelqu’un ne parle pas le français, il ne peut pas dire que le français fait partie d’un langage universel".

"Quand on joue, on est libre de migrer l’un vers l’autre"

Pour concevoir l’album, fruit de ce long apprentissage mutuel de l’autre, "je suis passé chez lui plusieurs fois, parce que pour connaître et comprendre les gens, dans notre tradition, c’est en fréquentant leurs jeux qu’on a le plus de détails", raconte Ballaké Sissoko.

"On communique beaucoup par le regard", explique le maître de la kora, quelque chose d’essentiel pour laisser libre cours aux éléments d’improvisation et au feeling.

Si Piers Faccini a écrit les textes des mélodies en anglais, à l’exception de Ninna Nanna, une tarentelle sicilienne, celles-ci "ont une écriture qui est vraiment mandingue, ou de la culture malienne et de son répertoire".

Et l’exception tarentelle tient d’ailleurs une place spécifique dans l’album: "On a choisi ce morceau-là parce que c’est aussi un mode qu’on va entendre dans la musique mandingue", détaille-t-il. "On l’imaginait comme un pont symbolique entre le sud de l’Europe et l’Afrique, qui tracerait une route pour nous."

Cette route, ce pourrait être aussi celle du rossignol qui orne la couverture de l’album, un oiseau chanteur et migrateur qui voyage de la Méditerranée au Sahel au fil de l’année.

"C’est un symbole de la migration libre et nous, quand on joue, on est totalement libre d’avoir cette même possibilité de migrer l’un vers l’autre, de se rencontrer et de dialoguer", explique Piers Faccini.

"C’est ça la culture et la musique, c’est pareil: les modes musicaux sont des systèmes qui ont voyagé. On va en trouver certains dans la musique mandingue, qu’on trouve aussi dans le flamenco, dans la musique arabe classique et au sud de l’Italie. C’est parce qu’il y a eu ces conversations-là, des peuples et des religions, qui ont lié les gens, souligne le guitariste. Il nous semble important de se rappeler ça."

Explorer les instruments... hors des clichés

Pour Ballaké Sissoko, la mondialisation participe aussi de ces échanges culturels et musicaux: "Je suis très curieux, parce que c’est vrai que de notre côté, on ne connaît pas forcément beaucoup d’instruments occidentaux, même en Afrique. Dans notre culture, il y a très longtemps donc, chaque ethnie gardait son identité musicale. Il n’y avait pas tout ce mélange-là."

D’où le fait que Ballaké Sissoko tienne lui aussi à collaborer avec une grande variété de musiciens, pour connaître les instruments des autres et explorer les milles possibilités du sien, la kora, en dehors des clichés.

>> Pour qui aurait raté la date de Porquerolles, le duo reviendra à Grasse le 7 novembre (au Théâtre de Grasse) et à La Seyne-sur-Mer le 7 mars 2026.

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