"Les gardiens ne rassurent pas, la responsabilité est partagée": pourquoi Frédéric De Boever traverse une période difficile à l'AS Monaco

Arrivé à La Turbie en 2022 au côté de Philippe Clement, l’entraîneur des gardiens de l’ASM est un bosseur. Malgré les soucis rencontrés par les portiers du club, le Belge se bat pour changer la donne, décrit comme un grand pro.

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Christopher Roux (croux@nicematin.fr) Publié le 11/09/2025 à 11:15, mis à jour le 11/09/2025 à 11:15
Le Belge de 44 ans espère aider la recrue Lukas Hradecky à performer Photo Dylan Meiffret

Quand quelque chose ne tourne pas rond dans une équipe, il faut toujours un responsable et des explications. Débattre, disséquer les choix et décortiquer les hommes est devenu la norme. En Principauté, les discussions se polarisent autour des gardiens de but.

Depuis le départ de Danijel Subasic en 2020, le Croate sacré champion de France en 2017, personne n’a eu la même stature rassurante.

Les échecs se sont succédé, de Benjamin Lecomte à Philipp Köhn, en passant par Alexander Nübel et Radoslaw Majecki. Aucun n’a été fiable sur la durée et des critiques se sont élevées. Dirigeants et coachs successifs n’ont pas été épargnés par les coups. Y compris Frédéric De Boever, l’entraîneur des gardiens monégasques depuis janvier 2022.

Un été difficile

La saison dernière, au beau milieu du duel Majecki-Köhn, achevé sans vainqueur puisque l’ASM a recruté Lukas Hradecky cet été, un ancien gardien du Rocher pointait la responsabilité du Belge de 44 ans, arrivé dans le staff de Philippe Clement.

"Si à un moment, tes gardiens ne donnent pas satisfaction, tu ne peux pas te cacher derrière de faux arguments," arguait notre interlocuteur. "Tu as forcément une part de responsabilité, qu’elle soit infime ou pas. Elle est sur la manière dont il encadre ses gardiens, le travail au quotidien et la manière dont il les met en condition pour qu’ils performent les week-ends."

L’ex-technicien de l’Academy Aspire au Qatar (septembre 2018-juin 2019) aurait pu faire mieux, sans doute, mais il n’a pas collaboré avec Lecomte, tandis que Nübel était déjà dans le doute avant la signature du Flamand. Qu’il soit le seul à porter le chapeau serait donc injuste, ce que confirmerait, dans les prochains mois, une collaboration fructueuse avec Hradecky.

Cet été, alors que le club avait déjà acté le départ de Majecki et le rôle de Köhn en doublure, il a géré la situation du mieux qu’il a pu. Selon nos informations, il a vécu l’épisode de manière difficile mais a continué son job sans broncher.

Il a poursuivi ses entretiens réguliers avec ses deux portiers comme si de rien n’était. Il a tout fait, jusqu’au bout, pour les mettre dans les meilleures dispositions. Leurs difficultés et leurs bonnes prestations sont aussi les siennes.

"Il sera toujours à côté de ses gardiens," abonde Grégory Gomis, l’un de ses poulains pendant un an et demi, à Al-Arabi au Qatar. "Il leur donne un support technique et affectif. Il va les responsabiliser quand ils feront des fautes mais il va aussi les protéger. Il sera à même d’expliquer une situation à l’entraîneur principal si son gardien est en difficulté. Frédéric parle un peu moins que d’autres coachs, mais il s’exprime toujours de manière très précise. Après une boulette, le lendemain du match, il envoie un petit message, fait une réunion et propose des mots simples et des vidéos qui ont vocation à rassurer."

Une question de profils?

Pour expliquer les difficultés dans le but rouge et blanc, il faut aussi analyser chaque profil individuellement. Depuis 2020, tous ne collaient pas avec le Rocher.

De Boever demande à ses garçons d’être "proactifs, de communiquer, d’être très bons avec les pieds, propres techniquement et de sortir de leur zone de confort en allant fighter les ballons dans les airs" (Gomis), mais ce ne sont pas toutes les qualités que possédaient les recrues, notamment balle au pied et loin de leur ligne.

Nübel n’a pas donné l’impression de s’épanouir en Principauté, tandis que Majecki n’est pas parvenu à traduire l’assurance de ses prises de parole sur le terrain, comme il le démontre à nouveau à Brest cette saison. "Gardien, on n’est pas bien aussi de temps en temps, on marche beaucoup à la confiance. Si un coach doit installer ce sentiment, tout n’a peut-être pas forcément à voir avec lui," résume Gomis.

"Il ne lit pas les critiques"

Apprécié dans le milieu, il est possible de le voir converser avec les gardiens adverses avant les matchs, comme le Belge l’a fait par exemple la saison passée avec Marco Bizot à Brest. Et ce qui se dit ou s’écrit à son sujet lui importe peu. Il n’en a pas besoin pour savoir ce qu’il a réussi ou non. "Je ne pense pas qu’il lise ces critiques. Ça ne le blesse pas, j’en suis sûr," raconte son ami et mentor Guy Martens, qui l’a conseillé à Philippe Clement lorsque ce dernier cherchait un entraîneur des gardiens à Bruges. "Et puis qui les formule ? Si c’est quelqu’un qui connaît tout du gardien, il peut dire quelque chose. Sinon: ‘Tais-toi’. C’est facile de crier de l’extérieur. Ils ne savent pas ce qu’il fait pendant la semaine."

"Toute équipe qui a la volonté d’amener un gardien au très haut niveau doit avoir une personne comme Frédéric dans son staff. Il est très écouté," clame Gomis, reconnaissant envers le Belge qui l’a mené aux portes de la sélection qatarienne.

"Il n’a pas un gros ego"

S’il ne se gêne pas pour s’exprimer dans un staff et transmettre son point de vue, De Boever "n’a pas un gros ego" d’après Philippe Clement.

Pour cerner le Belge, il ne faut pas se fier au visage concentré qu’il arbore lorsqu’il est sur le pré. Ce n’est qu’une facette de sa personnalité. "C’est une réalité, il est réservé, mais ce n’est pas quelqu’un de froid," dessine Grégory Gomis, son ancien gardien à Al-Arabi au Qatar. "Il est pro et, sur le terrain, il est dans une phase de travail normale. Quand on coupe, il y a des blagues qui fusent de temps en temps. Je n’ai pas le souvenir d’un coach fermé."

Il a bossé dans une société de stores

S’il n’a pas de problème pour se connecter aux autres, ce que démontre son maintien à l’ASM malgré le départ de Clement, le Flamand peut se montrer solitaire. "Il aime être seul sur ses jours libres," présente Clement. "Il se promène dans les montagnes, il pêche, fait des choses individuelles."

Le natif de Deinze, en Flandre-Orientale, n’a pas forcément eu la trajectoire d’autres techniciens. Il n’a pas connu de carrière professionnelle avant d’œuvrer dans le foot de haut niveau.

Après avoir suivi une formation de dessinateur en architecture, il a travaillé pour VRT, la radio-télévision publique flamande, et pour l’entreprise spécialisée dans les stores Winsol.

C’est Michel Sablon, l’ancien directeur technique de la Fédération belge de football, et Guy Martens, son mentor, qui lui ont mis le pied à l’étrier. Les deux hommes étaient alors en mission pour la Fédération singapourienne.

Le premier occupait le poste de directeur technique, le second avait été nommé entraîneur des gardiens consultant. "Ils étaient ravis de m’avoir dans leur staff," confiera quelques années plus tard De Boever, sur le site du Club Bruges.

"Après concertation avec ma famille, j’ai accepté de me lancer dans cette aventure pendant deux ans (il est devenu coach des portiers des sélections nationales du pays de 2016 à 2018), ce qui m’a obligé à abandonner mon emploi qui offrait une certaine sécurité."

Fan de Thibaut Courtois

Il participe aujourd’hui à des conférences pour démocratiser le rôle des gardiens, collant à son tempérament de passionné. "Fou de foot" selon Martens, jusqu’à "regarder tous les matchs" et d’être capable de commenter "ce qu’a fait le gardien numéro 2 d’Anderlecht le week-end dernier" dixit Gomis,

De Boever est un fan absolu de Thibaut Courtois, le Diable Rouge et cadre du Real Madrid. "C’est un véritable exemple pour lui," précise Martens. "Pour Frédéric, un gardien qui fait moins d’1m85 ne peut pas tendre vers le haut niveau," expose Gomis, qui espère reprendre contact avec son ancien coach.

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