Créée en 2016, la Semaine du cinéma positif vise à démocratiser l’accès à un cinéma porteur de messages forts sur des thématiques essentielles telles que le sport, le handicap et l’environnement à travers des projections mais aussi des rencontres à Cannes.
Cette année, Golshifteh Farahani, Camille Étienne, Raí, ou encore Diane Kruger ont participé à l’évènement à travers des rencontres gratuites. Le récent succès du film d’Artus, Un p’tit truc en plus, est l’illustration parfaite du cinéma positif.
Parrain de l’édition 2024, l’acteur Samuel Le Bihan (Le Pacte des loups, Capitaine Conan, La Mentale) a pioché dans ses souvenirs pour nous raconter son Festival de Cannes.
Votre première venue au Festival?
C’était pour le film de René Féret, Promenades d’été, en 1992. On était au sein d’une sélection qui n’existe plus aujourd’hui et qui s’appelait "Cinéma en France", et j’avais été impressionné par le monde, par le côté électrique. On a toujours l’impression de louper quelque chose, ici, car il se passe tellement de choses partout et en même temps. Pour ce film, je n’avais pas fait de montée des marches.
Justement, votre première montée des marches?
C’est avec ‘‘Peau Neuve’’, en 1999, d’Émilie Deleuze, on était dans la sélection ‘‘Un Certain Regard’’ et je ne me suis pas tellement rendu compte de ce qu’il se passait parce que c’est particulier quand les photographes s’intéressent à vous. Et comme je n’étais pas très connu, j’étais juste heureux d’être en smoking et de me faire photographier. (rires)
Une projection cannoise qui vous a marqué?
Les films de Gaspar Noé en séances de minuit, qui sont toujours des objets artistiques très puissants et en marge. Ce fut le cas pour Irréversible en 2002.
Est-ce que vous avez souvenir d’une soirée marquante ou quelque chose hors cinéma, vraiment hors norme?
Oui, faire la fête avec Bono de U2. Ou d’autres artistes comme ça. C’est toujours émouvant d’être sur un pied d’égalité avec des stars américaines, de pouvoir discuter dans une soirée avec quelqu’un que vous avez admiré pour sa musique ou son cinéma comme réalisateur.
Et tout à coup, vous pouvez le côtoyer parce que vous faites partie de cette arène, vous êtes acteur, vous avez ce droit car vous êtes accepté dans ce milieu.
Cela peut se passer dans une villa sur les hauteurs de Cannes, dans une soirée Chopard ou au bar d’un hôtel. Mais ça peut être complètement inattendu. Il y a longtemps, j’avais passé une soirée incroyable avec François Damiens avant qu’il ne soit réellement connu. J’en garde un très bon souvenir.
Pour les stars internationales, comment ça se passe, on se présente comment à eux?
Les Américains, ils sont géniaux pour ça, ils sont très positifs, sans a priori. Alors vous commencez à parler de leurs films. Pourquoi ils l’ont fait? Comment ils ont abordé le rôle, le personnage, et ça devient un échange humain rapidement. Eux aussi, ils ont eu des doutes, ils ont cherché, ils ont tâtonné. C’est un vrai échange.
En quoi Cannes est-il un festival différent?
C’est le plus grand festival au monde, c’est le plus ancien, il y a une vraie magie qui n’existe pas ailleurs. Et puis il a un côté très français, très French Riviera, très classe. Et surtout il fait beau et il y a une réelle déconnexion avec Paris. C’est une parenthèse et ça crée quelque chose, souvent venir ici vous inspire, ça vous donne envie de raconter des histoires.
Demain, vous devenez le patron du Festival, vous avez carte blanche: avec qui aimeriez-vous monter les marches?
Une fois, j’étais au Festival de Deauville au moment de la sortie du film Seven et j’ai rencontré Morgan Freeman. Et il a planté ses yeux dans les miens. Très proche, comme ça (il s’approche de nous). Je pense qu’il a dû s’amuser comme un chat qui joue avec une souris parce que j’étais jeune acteur. Mais c’était fabuleux.
C’est un acteur immense qui a une maîtrise de ses effets, de ce qui l’entoure. Cela me plairait de monter les marches avec un tel mythe. Mais il y a des réalisateurs aussi, Martin Scorsese, par exemple, c’est une envie au sens large, comme un rêve de gosse.
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