A Cannes, durant le Festival, il y a un rituel immuable: si on a été empêché de voir un film la veille, on peut toujours se rattraper avec la séance du lendemain à 8h30. Il faut se lever tôt certes mais arpenter la Croisette avec un croissant dans une main et un café dans l'autre est un petit plaisir qui va nous manquer.
Autre rituel immuable, la projection de tous les films de la Sélection officielle, le samedi, à quelques heures du Palmarès. Alors pour les retardataires, il était encore temps d'aller voir la sensation de ce début de Festival "Megalopolis". Et quelle ne fut pas leur surprise lorsque le géant du cinéma, réalisateur du film Francis Ford Coppola est arrivé sur scène, pour remercier les spectateurs d'être venus assister à cette dernière projection.
La classe ultime!
"Merci beaucoup d'être venus tôt ce matin. Je voulais vous souhaiter la bienvenue et ... vous pouvez vous asseoir", a début le réalisateur américain. "Je voulais vous remercier d'être venu voir le film dans un cinéma avec beaucoup de monde. Quand vous voyez un film entouré de personnes, vous devenez unis comme une famille. Vous êtes tous mes cousins alors je vais vous dire le message de ce fil: je prête allégeance à notre famille humaine et à toutes les espèces que nous protégeons. Une terre, indivisible, avec une longue vie, éducation et justice pour tous... C'est le sens de mon film"
La grande classe, donc!
C'est en début de Festival que Francis Ford Coppola, 85 ans, a dévoilé son très attendu "Megalopolis", présenté comme son chef d’œuvre ultime. "Je dédie mon film à l'espoir et aux enfants. Créons un monde pour les enfants", a déclaré le réalisateur, sous les applaudissements à la fin de la projection officielle.
A New Rome, une mégapole de fiction au croisement de New York, de la Rome antique et de Gotham City, Francis Ford Coppola a imaginé la lutte entre un maire vieillissant, joué par Giancarlo Esposito, et le président de sa commission d'urbanisme, joué par Adam Driver.
Ce dernier veut rebâtir la ville, dont les statues s'effondrent, à partir d'un matériau révolutionnaire de son invention, le Megalon, qui doit remplacer le béton. Et tombe amoureux de la fille de son rival, jouée par Nathalie Emmanuel ("Game of Thrones").
Signe de son potentiel commercial très incertain, "Megalopolis", produit en dehors des circuits des grands studios, n'a pas encore trouvé de distributeur aux Etats-Unis. Comment imaginer le distribuer largement alors qu'en plein milieu des 02H18 du long métrage, un acteur en chair et en os se lève dans la salle de cinéma pour s'adresser en direct à l'écran, pour un dialogue avec Adam Driver ?
Reste la brochette d'acteurs cinq étoiles, stars des années 1970 comme Jon Voight et proches de Coppola dont sa soeur, Talia Shire, qui joue la mère du personnage d'Adam Driver ou encore Laurence Fishburne, qui jouait adolescent dans "Apocalypse Now".
Leur montée des marches, chapeau de paille et canne à la main pour Coppola, sur la musique du "Parrain", restera dans l'histoire du Festival, comme le probable adieu d'une des dernières légendes du Nouvel Hollywood. Et une grande absente pour Coppola, son épouse Eleanor, à qui il a été marié soixante ans, décédée le 12 avril.
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