"J’ai été numéro 1 mondial en étant un clown": le tennisman Ilie Nastase est le héros d’un documentaire présenté au Festival de Cannes

Vedette du film documentaire "Nasty", l’ancien numéro 1 mondial de tennis, 77 ans, star en Roumanie, est un personnage attachant.

Article réservé aux abonnés
Mathieu Faure mfaure@nicematin.fr Publié le 25/05/2024 à 09:30, mis à jour le 25/05/2024 à 09:30
Ilie Nastase en séance photos ce vendredi 24 mai. Photo Patrice Lapoirie.

Quand une paire de pompes portent votre nom, c’est que vous avez marqué votre époque. Ilie Nastase, à l’instar de Stan Smith, Michael Jordan, Chuck Taylor et Clyde Frazier a, dès 1973, pu jouer avec des Adidas qui portaient son nom. "Votre père et votre grand-père ont sûrement dû les porter", ironise le natif de Bucarest.

À 77 ans, Ilie Nastase n’a rien perdu de son français. Et sa présence à Cannes n’a rien à voir avec la balle jaune. Ou indirectement. Nasty, du jeune réalisateur roumain Tudor Popescu, épaulé par Tudor Giurgiu et Cristian Pascariu, présenté hors compétition, est un documentaire retraçant la vie et l’œuvre du génial tennisman surnommé Nasty – "le vilain" en anglais.

La star du tennis qui, dans les années 1970, a détonné dans un milieu fermé et peu professionnel. Nastase, vainqueur de deux Grands Chelems et de plus de 100 tournois, a été une véritable révolution culturelle sur les courts. Arrogant, ingérable, barge pour les uns. Brillant, charmant, génie pour les autres.

Le premier numéro 1 mondial de l’histoire de l’ATP, classement de tennis inauguré en 1972, est bien entouré dans le film puisqu’aux images d’archives – exceptionnelles – se joignent des témoignages incroyables: Jimmy Connors, Yannick Noah, Henri Leconte, Björn Borg, Stan Smith, Boris Becker, Billie Jean King mais aussi son compatriote avec lequel il a parcouru le monde en double, Ion Tiriac. Projet se rapprochant des géniales séries documentaires d’EPSN, 30 for 30, Nasty, coproduit par HBO Max, est une ode au tennis des seventies mais surtout à la flamboyance d’Ilie Nastase.

Le Roumain, première rock star du tennis mondial? Lui refuse le terme. "Je me considère seulement comme une personne qui a cassé les règles, j’ai payé pour ça d’ailleurs. Entre John McEnroe et moi, on a fait avancer les règles car on râlait beaucoup (rires). C’est à cause de nous que l’arbitrage dans le tennis s’est professionnalisé et qu’on a beaucoup encadré les joueurs."

Quand on remet en perspective le tennis de ces années-là, le sport est entre deux mondes, il bascule vers une forme de professionnalisation.

Le chien de Belmondo

Et les stars du circuit de l’époque étaient seules, sans entraîneur ni staff technique, payant leur déplacement comme ils pouvaient et se livrant, durant les matches, à des improvisations hilarantes.

"Je me souviens d’un match à Roland-Garros face à Guillermo Vilas où Jean-Paul Belmondo était dans les loges derrière moi avec son épouse et son chien. Une balle arrive dans sa loge et au lieu de la ramasser, je prends son chien et je l’attache à la chaise de l’arbitre, et Bebel crie pendant un moment 'Nasty, rends-moi mon chien'!"

Personnage factieux, à l’humour très aiguisé – un mélange de sarcasme, de second de degré et de style très direct – Ilie Nastase se souvient de tout. Noms. Scores. Matches perdus, gagnés. "J’ai été numéro 1 mondial en étant un clown, je ne pouvais pas faire mieux", lance-t-il.

Icone au pays, il fut le premier athlète à signer un contrat avec Nike en 1972. Taquin avec ses adversaires, qu’il affublait de tous les noms (notre préféré étant celui de McEnroe: Macaroni), Ilie Nastase reste un formidable camarade de jeu et l’un des premiers à oser porter des tenues colorées dans un sport ou le blanc est de rigueur.

"J’ai joué avec Arthur Ashe en double, c’était aussi le patron de l’association des joueurs, et je faisais pas mal d’entorses au règlement vestimentaire, ce qui le rendait fou. On joue à Louisville, et on me reproche de porter une tenue qui n’est pas assortie à celle d’Arthur. Du coup, le lendemain, je reviens avec le visage peint en noir et je dis aux juges que maintenant, nous avons tous deux la même couleur. Il faut savoir que dans les gradins, le public était à majorité afro-américaine, et tout le monde riait et mesurait la bêtise du règlement."

Des anecdotes, le Roumain en a des tonnes. Alors quand on lui dit qu’on œuvre pour Nice-Matin, il en sort une dernière de sa poche.

"Dans les années 1970, je suis tête de numéro 1 et je dois jouer contre un Hongrois au tournoi de Nice, et l’arbitre était le Français Bruno Rebeuh. On joue à 11h du matin et dans les gradins, il y a quatre personnes. Je dis à l’arbitre que je m’en vais, 'quand je m’entraîne il y a 400 personnes et vous croyez que je vais jouer devant quatre personnes'? J’ai besoin de public. Il a appelé le directeur du tournoi et on m’a fait jouer à 17h, l'enceinte était remplie."

“Rhôooooooooo!”

Vous utilisez un AdBlock?! :)

Vous pouvez le désactiver pour soutenir la rédaction du groupe Nice-Matin qui travaille tous les jours pour vous délivrer une information de qualité et vous raconter l'actualité de la Côte d'Azur

Et nous, on s'engage à réduire les formats publicitaires ressentis comme intrusifs.

Si vous souhaitez conserver votre Adblock vous pouvez regarder une seule publicité vidéo afin de débloquer l'accès au site lors de votre session

Monaco-Matin

Un cookie pour nous soutenir

Nous avons besoin de vos cookies pour vous offrir une expérience de lecture optimale et vous proposer des publicités personnalisées.

Accepter les cookies, c’est permettre grâce aux revenus complémentaires de soutenir le travail de nos 180 journalistes qui veillent au quotidien à vous offrir une information de qualité et diversifiée. Ainsi, vous pourrez accéder librement au site.

Vous pouvez choisir de refuser les cookies en vous connectant ou en vous abonnant.