Dans trois jours, Nino (Théodore Pellerin) devra affronter une grande épreuve. D’ici là, les médecins lui ont confié deux missions. Deux impératifs qui vont mener le jeune homme à travers Paris, le pousser à refaire corps avec les autres et avec lui-même.
Portrait d’une génération en mal de vivre
Parler de la maladie, et plus précisément du cancer, est chose courante au cinéma, avec nombre de propositions qui essaient, derrière le drame, de faire jaillir la vie et le lumineux. Sans déroger à cette "règle", Pauline Loquès se démarque de la masse avec son concept, qui ne consiste pas à suivre l’évolution d’un patient vers sa rémission ou son cheminement vers la mort, mais à zoomer sur cette période particulière entre le diagnostic et le début de la chimiothérapie. Un exercice d’autant plus périlleux qu’elle se penche sur le cas d’un jeune homme introverti, solitaire, qui ne s’attendait pas à apprendre une telle nouvelle à la suite d’un mal de gorge. L’enjeu consiste donc à découvrir comment il va se préparer à affronter cette épreuve et accepter les faits alors que la vie, autour de lui, continue, et qu’il se sent toujours aussi bien, sans symptômes apparents. En l’espace de trois jours, les doutes, la tristesse, la joie, la colère, l’espoir et autres sentiments contraires le traversent…
Jolie performance de Théodore Pellerin
Dans ce rôle délicat, la révélation Théodore Pellerin livre, tout en intériorité, une jolie performance. La longue silhouette, le regard souvent dans le vide, il erre et cherche malgré lui un contact humain. Cela peut être lors de sa soirée d’anniversaire, organisée en secret par son meilleur ami (William Lebghil, capable de passer du boute-en-train de service à l’oreille attentive en une fraction de seconde), avec une ancienne camarade de classe devenue mère célibataire, retrouvée par hasard, avec laquelle il va traîner lors d’un vide-grenier (Salomé Dewaels, vue dans Illusions perdues de Xavier Giannoli), ou lors d’une visite chez sa mère (impeccable Jeanne Balibar).
Dans les trois cas, la confidence, la libération de la parole, demeure difficile. D’un bout à l’autre, la néo-cinéaste garde la bonne distance, esquive le pathos, injecte une dose de légèreté quand l’atmosphère se fait trop pesante et n’appuie jamais les traits. D’où une chronique émouvante qui, au-delà de son sujet et du rapport à la maladie, dresse le portrait de toute une génération de trentenaires en mal de vivre, à la recherche d’un peu de réconfort.
DE PAULINE LOQUèS (France), avec Théodore Pellerin, William Lebghil, Salomé Dewaels... Drame. 1h36. Notre avis: 3/5.
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