On peut dire que le contraste était saisissant. En mai dernier, Anamaria Vartolomei était au Festival de Cannes pour présenter L’Intérêt d’Adam à la Semaine de la critique. Décontractée et magnétique, trimballant son élégance à la Audrey Hepburn sur la terrasse du JW Marriott, enchaînant sans forcer les réponses pertinentes. Loin, très loin, de Rebecca, la jeune femme aux nerfs à vif, à la fois déboussolée et butée à l’extrême, qu’elle joue dans ce drame signé par la Belge Laura Wandel.
La Franco-Roumaine de 26 ans avait marqué les esprits deux ans plus tôt sur la Croisette avec Maria, où elle incarnait Maria Schneider, actrice au destin brisé après avoir tourné une scène de viol, contre sa volonté, dans Le Dernier Tango à Paris.
Situation d’urgence
La voilà embarquée dans un univers différent, avec des blouses blanches, des néons blafards et Lucy, infirmière en chef faisant office de phare dans la nuit, interprétée avec brio par Léa Drucker.
C’est elle qui autorise Rebecca à rester avec son fils, Adam, au-delà des heures de visites autorisées. Le petit de 4 ans est hospitalisé à la suite d’une décision de justice, car il est atteint de malnutrition. Fragile, comme il est, il s’est cassé le poignet.
Sa mère, elle, regarde d’un œil très suspect n’importe quel aliment donné à Adam par des personnes extérieures.
« C’est bien d’être guidée
par l’inconnu »
La nature de ses craintes, tout comme ses motivations profondes et le cheminement l’ayant poussée à entrer en fusion avec son fils restent des mystères.
"J’aime bien l’idée qu’on ne le sache pas, parce que ce n’est pas tant la question. Est-ce qu’elle nourrit son enfant de cette manière par souci écologique, à cause d’un antécédent personnel ou de ses moyens financiers? Chaque spectateur peut faire sa propre projection", considère Anamaria Vartolomei, pas si sereine au moment d’accepter ce rôle.
"L’une des principales références pour Laura, c’était Ladybird de Ken Loach. Une femme très expressive, très fougueuse, à une autre échelle. Je ne comprenais pas sa démarche, sa douleur, son mal-être intérieur. Quand j’ai refermé le scénario, j’ai appelé mon agent en lui disant que c’était trop beau, mais aussi très dur. Je me demandais si j’allais y arriver. Au final, je trouve que c’était bien d’être aussi guidée par l’inconnu." L’autre point important? Se glisser dans la peau de cette "mauvaise mère" sans jugement.
"C’est la société qui vient dire si tes actions relèvent de celle d’une mauvaise mère. Mais chacune fait comme elle peut. C’est très difficile."
De Laura Wandel. Avec Léa Drucker, Anamaria Vartolomei et Jules Delsart. 1h18. Drame. Notre avis: 3/5.
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