L’histoire
Lang (Eddie Peng) revient dans sa ville natale aux portes du désert de Gobi. Alors qu’il travaille pour la patrouille locale chargée de débarrasser la ville des chiens errants, il se lie d’amitié avec l’un d’entre eux. Une rencontre qui va marquer un nouveau départ pour ces deux âmes solitaires…
Notre avis
Autant que son propos, qui fait une autopsie de la Chine juste avant son entrée dans le XXIe siècle, la réalisation de Black Dog force le respect. Ju Guan multiplie les plans en grand-angle dans une petite bourgade sans âme, nichée au cœur du désert de Gobi, insufflant à son film une dimension western maîtrisée de bout en bout. Le travail sur le son, notamment ces aboiements qui rythment l’errance d’un homme solitaire aux prises avec les tracas du quotidien et sans réel avenir, est saisissant. Le contraste est d’autant plus frappant que l’action se déroule une cinquantaine de jours avant les Jeux olympiques de 2008 et qu’une éclipse est imminente.
Au milieu des montagnes, dans cette zone désœuvrée et en décrépitude, les festivités passent au second plan, même si elles offrent quelques rares moments de rassemblement. Sans atteindre l’essence des meilleurs Jia Zhangke – auquel on pense d’autant plus qu’il incarne ici un second rôle, celui de l’oncle Yao –, Black Dog s’impose comme un film sombre, sans effet superflu, allant à l’essentiel pour mieux cueillir le spectateur et l’entraîner dans une réflexion profonde sur le rejet, la perception de l’autre, la vie, la mort et la solitude. Autant de qualités qui, en mai dernier, ont séduit sur la Croisette le jury d’Un certain regard, présidé par Xavier Dolan, le film ayant remporté le Grand Prix.
De Ju Guan (Chine), avec Eddie Peng, Liya Tong, Jia Zhangke... Drame. 1h50. Notre avis: 4/5.
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