Des experts internationaux décryptent l'état de forme des pilotes avant le 80e Grand Prix de Monaco
Les experts internationaux présents en Principauté livrent leurs impressions sur les performances de ces as du volant avant qu’ils n’en découdent aujourd’hui lors de la 6e manche du championnat.
Yann DouyerePublié le 28/05/2023 à 11:30, mis à jour le 28/05/2023 à 11:36
Vainqueur l’an dernier, Pérez partira en 20e position.Photo Jean-François Ottonello
RED BULL
Max Verstappen (1er au classement)
Max Verstappen.Photo Jean-François Ottonello.
"Fantastique, excellent, parfait…" Masahiro Owari, journaliste pour les médias japonais, ne tarit pas d’éloges sur le début de saison quasi parfait du Batave (3 victoires et deux autres podiums).
"À Bakou, il se plaignait de la répartition de la pression de freinage entre les roues avant et arrière. En pleine course, il essayait de trouver les meilleurs réglages avec son ingénieur pour exploiter sa voiture au maximum. Il n’est jamais rassasié. Il est double champion du monde mais, constamment, il étudie comment être meilleur en piste pour se pousser lui-même dans ses derniers retranchements. Lui, mais aussi son équipe. C’est pour ça qu’il est le numéro un au monde."
Sergio Pérez (2e au classement)
Sergio Pérez.Photo Jean-François Ottonello.
Bilan plus mitigé pour celui qui a pourtant remporté deux courses à Djeddah et Bakou et pointe au deuxième rang de la hiérarchie mondiale à quatorze points de son coéquipier. Pour Masahiro Owari, la célèbre boutade de Novak Djokovic conviendrait: "Not too bad".
Le journaliste complète: "Je trouve personnellement qu’il râle un peu trop. ‘‘Donnez-moi une meilleure voiture’’, toujours ce genre de choses. Il devrait davantage se concentrer sur ses performances. Sergio Pérez est parfois un peu trop politique pour moi. Mais ça n’enlève rien à son début d’exercice qui est excellent. Il arrive à Monaco avec un peu de pression car il a remporté la course l’an passé."
ASTON MARTIN
Fernando Alonso (3e au classement)
Fernando Alonso.Photo Jean-François Ottonello.
"Il est différent des autres pilotes, dans la même trempe que Lewis Hamilton ou Max Verstappen, confie Masahiro Owari. Il est naturellement rapide et le prouve depuis le début de saison. Il a engrangé énormément d’expérience évidemment. Et il lui arrive même de jouer l’ingénieur en course.
Je n’aurais jamais imaginé qu’il boucle les cinq premiers circuits avec des résultats aussi probants. Mais parce que personne ne voyait Aston Martin à ce niveau, avec une monoplace aussi performante. Il n’y a pas de secret : une très bonne voiture avec un excellent pilote, expérimenté, au volant, cela donne 4 podiums en 5 courses."
Lance Stroll (8e au classement)
Lance Stroll.Photo Jean-François Ottonello.
En cette saison 2023, les gens vont-ils oublier que Lance est le fils de Lawrence, propriétaire de l’écurie pour laquelle Stroll, le fils, revêt la combinaison chaque week-end de Grand Prix ? Pas sûr.
"Il mérite amplement sa place sur la grille, coupe le journaliste japonais Masahiro Owari. Il a un talent naturel pour le pilotage. En début d’année, il a été victime d’un accident de vélo, se blessant au poignet. Il a tout de même pris part au Grand Prix de Bahreïn, premier acte de la saison. Et il a terminé 6e ! Alors même qu’il tenait presque le volant d’une seule main car la douleur était encore fraîche. Je ne pouvais pas y croire."
MERCEDES
Lewis Hamilton (4e au classement)
Lewis Hamilton.Photo Jean-François Ottonello.
Le septuple champion du monde ne cache pas ses ambitions: il veut conquérir une huitième couronne mondiale synonyme de record absolu – lui qui le partage avec Michael Schumacher.
Mais depuis la désillusion teintée de controverse à Abu Dhabi en 2021, "King Lewis" n’est plus le même. Du moins, la Mercedes a perdu beaucoup de terrain sur ses rivaux. Mark Hughes, journaliste britannique de Motor Sport Magazine résume succinctement: "Un début de saison difficile, il n’est pas content de la monoplace et ne pilote pas du tout à son meilleur niveau. Mais je pense qu’il va revenir plus fort".
George Russell (6e au classement)
George Russell.Photo Jean-François Ottonello.
Le discours est un tantinet inversé concernant George Russell. "Il fait du très bon boulot, il pousse au maximum les capacités d’une voiture difficile à manœuvrer, explique Mark Hughes. Il a une mentalité bien meilleure que Lewis pour le moment. C’est un pilote fantastique. Probablement un futur champion du monde."
Le jeune loup devra tout de même se montrer plus efficace que son début de saison où il n’a pas encore grimpé sur le podium alors que Lewis Hamilton a déjà accroché une deuxième place.
FERRARI
Carlos Sainz Jr. (5e au classement)
Carlos Sainz Jr.Photo Jean-François Ottonello.
Pour Jan Bolscher, journaliste néerlandais pour le site GPFans, au vu de la situation dans laquelle se trouve Ferrari, "ses performances sont plutôt bonnes. Il est rapide et régulier et je pense qu’il est, en ce début de championnat, le meilleur pilote de la Scuderia.
Mais les premiers circuits de la saison sont assez bizarres et je ne pense pas qu’on puisse juger de manière très pertinente. Ni même ici à Monaco. Les repères seront sans doute plus significatifs à Barcelone. Mais pour le moment il est confiant, performe, et nul doute que Ferrari est satisfaite de son début d’année."
Charles Leclerc (7e au classement)
Charles Leclerc.Photo Jean-François Ottonello.
Moins fort cette année que son coéquipier espagnol, Jan Bolscher estime tout de même que le Monégasque reste "l’homme providentiel chez Ferrari. Mais l’écurie n’est pas si performante ces dernières années.
Charles a fait beaucoup d’erreurs l’an passé et il a connu un début de saison 2023 bien inférieur aux attentes placées en lui. Après, il est difficile de réaliser de bons résultats sans pouvoir tirer le maximum de sa monoplace. Pour autant, il n’est pas alarmiste et a l’air plutôt relax. Une belle performance à Monaco lui ferait du bien".
ALPINE
Pierre Gasly (10e au classement)
Pierre Gasly.Photo Jean-François Ottonello.
Nouveau venu pour former une écurie "bleu blanc rouge", le Français vit un début de saison en demi-teinte. C’est ce que confirme Alberto Antonini, journaliste italien pour Formulapassion.it: "Il y a eu de bonnes performances, mais la voiture n’est pas encore au niveau de ce que voudrait le Team. C’est compliqué mais plus que suffisant de fait. Pierre, c’est un drôle de mec, je le connais bien. Il peut être inconstant mais à la fois très rapide."
Pour le moment, il n’a pas fait mieux qu’une 8e place, à Miami. "Il faudra attendre la deuxième partie de la saison pour vraiment le juger", estime Alberto.
Esteban Ocon (12e au classement)
Esteban Ocon.Photo Jean-François Ottonello.
"Il a le même souci que son coéquipier, décrit le journaliste italien. Il s’agirait pour Alpine d’avoir une voiture au niveau du pilote. Et pour l’instant, c’est un peu en dents de scie. Aujourd’hui, Alpine n’est pas la troisième ou quatrième force de la grille donc il faut faire quelque chose au niveau du développement des monoplaces pour les exploiter au maximum. Je connais bien Esteban. J’étais l’attaché de presse de l’écurie Marussia quand il est arrivé. Il a gagné un Grand Prix dans des conditions formidables. Il mérite lui aussi d’avoir une voiture à la hauteur de son talent."
McLAREN
Lando Norris (9e au classement)
Lando Norris.Photo Jean-François Ottonello.
"Alpine a des gros soucis. Chez McLaren, c’est pire." Alberto Antonini donne le ton. "Ils ont des problèmes très graves. Et c’est dommage car si j’étais le patron d’une écurie, je prendrais sans hésiter Lando et Georges Russell. Ils sont jeunes, ils ont du potentiel. Ce sont des pilotes modernes.
Ce qui est dommageable, c’est que compte tenu du niveau de l’écurie, il est difficile pour lui de faire la différence entre lui et Oscar, qui est débutant. Pourtant, à Monza ou en Russie, Lando a failli remporter son premier Grand Prix. Il ne faudrait pas que cela le frustre alors qu’il a tout pour jouer les premières places. De plus, à son âge, on s’impatiente de gagner."
Oscar Piastri (14e au classement)
Oscar Piastri.Photo Jean-François Ottonello.
Chez lui, en Australie, l’ex-futur pilote Alpine – décidément – a tamponné les premiers points sur sa carte de titulaire. Un début de saison encourageant, "même s’il y a aussi des défaillances, des fautes à cause de son manque d’expérience évidemment", note Alberto Antonini.
"Il était annoncé comme le futur crack de la grille mais il faut être patient. Je pense que la Formule 2 [championnat que Piastri a remporté en 2021, ndlr] n’est pas forcément la meilleure préparation pour la F1. C’est un monde totalement différent. Mais malgré tout ça, ce n’est pas trop mal."
HAAS
Nico Hülkenberg (11e au classement)
Nico Hülkenberg.Photo Jean-François Ottonello.
"Je ne pense pas qu’il s’attendait à être le meilleur pilote des deux à ce moment de la saison, note Jan Bolscher. Cela faisait quoi, trois ou quatre années qu’il n’était plus titulaire en Formule 1 ? Il est très impressionnant car on ne s’attendait pas à ce qu’il soit si bon tout de suite."
Un retour au premier plan ponctué par une septième place obtenue au Grand Prix d’Australie. "Il faudra voir si cela peut tenir, voire évoluer crescendo pour cette écurie qui a souvent tendance à faire de bons débuts de saison puis doucement dégringoler au classement. Attention également au regain de forme de son coéquipier qui pourrait enchaîner de meilleurs résultats."
Kevin Magnussen (17e au classement)
Kevin Magnussen.Photo Jean-François Ottonello.
"C’était la même histoire pour lui l’an passé, se remémore Jan Bolscher. Il est revenu sur le circuit et a su s’imposer très rapidement. Cette année, il n’a pas l’air pleinement épanoui avec cette voiture et semble chercher encore les meilleurs ajustements pour en tirer le maximum. Il est tout de même entré dans les points à deux reprises à Djeddah et Miami.
Il ne lui manque pas grand-chose à mon avis pour performer davantage. Il fait partie de ces pilotes qui n’auront peut-être pas d’autres opportunités si l’aventure tournait court. À surveiller en deuxième partie de saison."
ALFA ROMEO
Valtteri Bottas (13e au classement)
Valtteri Bottas.Photo Jean-François Ottonello.
Peut-être libéré d’une certaine pression depuis son départ de chez Mercedes, le Finlandais fait le show dans les paddocks. Paradoxalement, "il fait une saison assez discrète pour le moment, d’après Mark Hughes. C’est un peu comme Lewis, il a eu l’habitude de conduire des voitures puissantes alors que celle de cette année ne fonctionne pas très bien.
Certains week-ends, il n’est clairement pas dans ses standards et au niveau de ce qu’il peut réellement faire. Mais je pense sincèrement qu’on le reverra sur le devant de la scène."
Valtteri Bottas n’est entré dans les points qu’une seule fois cette saison.
Zhou Guanyu (15e au classement)
Zhou Guanyu.Photo Jean-François Ottonello.
Le pilote chinois est encore une énigme. "Il progresse, note le journaliste britannique, même si on a du mal à cerner encore sa capacité à aller encore plus vite. On aimerait le voir dans une monoplace ultra performante pour juger de son réel niveau, mais il est tout à fait légitime à être l’un des 20 pilotes qui composent la grille de la discipline reine."
Zhou Guanyu a profité d’un Grand Prix d’Australie absolument rocambolesque pour inscrire ses premiers points de la saison mais est davantage abonné aux contre-performances pour le moment. Une réaction aujourd’hui ?
ALPHATAURI
Yuki Tsunoda (16e au classement)
Yuki Tsunoda.Photo Jean-François Ottonello.
L’enfant terrible de la F1, dont les débuts en 2021 étaient marqués par des coups de sang retentissants au micro de sa radio en course. "C’est un sanguin et il me fait un peu penser au Max Verstappen des débuts: bourré de talents mais trop occupé à s’énerver tout le temps, raconte Masahiro Owari.
Il est arrivé avec un excès de confiance non dissimulé. Cette année, sa mentalité a changé. Son mantra est désormais de toujours donner le meilleur de lui-même. Qualifs’ après qualifs’. Courses après courses. Ses performances sont meilleures que ses deux premières années, mais cela ne se concrétise pas car la voiture AlphaTauri est mal née."
Nyck de Vries (20e au classement)
Nyck de Vries.Photo Jean-François Ottonello.
"Il avait déjà couru à Monza l’an passé, rappelle Masahiro Owari. Cette année, il a été promu titulaire et, à mon avis, il s’attendait à plus performer. Nyck est arrivé avec un palmarès déjà conséquent : champion du monde de Formule 2 et de Formule E. Mais, du coup, il a débarqué dans la discipline reine avec un surplus de confiance. En Formule 1, tout est plus compliqué et je pense qu’il ne s’attendait pas à cela. Il devrait être plus humble, notamment dans ses relations avec ses ingénieurs."
Difficile de lui donner tort quand on sait que Nyck de Vries est l’un des deux pilotes de la grille à n’avoir toujours pas inscrit de points.
WILLIAMS
Alexander Albon (18e au classement)
Alexander Albon.Photo Jean-François Ottonello.
Ces dernières années, le problème de Williams était bien ciblé: la voiture. "Elle est tout de même meilleure cette année que les précédentes", reconnaît Mark Hughes.
"Alex fait un travail fantastique. Il a beaucoup plus de maturité aussi bien en qualifications qu’en course et pilote avec davantage de confiance que dans ces années Red Bull. Il fait partie de ces pilotes que l’on aimerait voir avec une monoplace performante pour juger son réel niveau, mais il prouve, par son travail, qu’il est réellement l’un des meilleurs."
Logan Sargeant (19e au classement)
Logan Sargeant.Photo Jean-François Ottonello.
Le vrai "rookie" de cette cuvée, c’est bien lui. L’Américain n’a toujours pas inscrit de point avec sa Williams sujette à bon nombre de problèmes. Pour autant, "on a pu apercevoir par intermittence qu’il pouvait être vraiment très rapide, notamment en qualifications, et plus précisément à Djeddah," relève Mark Hughes.
"Votre saison est un peu différente de celles des autres quand vous êtes un débutant. On lui demande justement d’atteindre ces pics de vitesse, de donner le maximum et de ne pas forcément gérer son rythme. On veut voir ce qu’il vaut et comment il s’adapte à ces nouvelles conditions."
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