Clap de fin pour Jean-Michel Matas le boss des commissaires du Grand Prix de Monaco, qui passe la main à Christophe Fabri
Portrait Membre de l’Automobile Club de Monaco depuis 1972, Jean-Michel Matas fut un temps commissaire de piste avant de diriger ce corps qui n’a eu de cesse d’évoluer. Pour son ultime Grand Prix, ce Mentonnais de 77 ans intransigeant sur la sécurité a été honoré par ses troupes.
Thibault Parat Publié le 26/05/2025 à 09:15, mis à jour le 26/05/2025 à 09:15
reportage
Merci Jean-Michel. À 7h10, en ce dimanche de Grand Prix, le panneau accolé aux feux de départ affiche en lettres capitales le prénom du patron des commissaires de piste de l’Automobile Club de Monaco (*). Jean-Michel Matas, invité à prendre place dans le siège passager d’une Aston Martin Vantage, ne se doute pas un instant que le tour de circuit va prendre une tournure très singulière.
3,337km d’émotions pures et dures. Dès le virage Sainte-Dévote, où il aperçoit ses troupes en tenue, il comprend ce qu’il se trame. Répartis sur 43 postes d’intervention, 510 hommes et femmes formant son armée orange le saluent, l’applaudissent et l’honorent avec déférence. ça y est, ce Mentonnais de 77 ans – qui les a menés à la baguette, certes, mais toujours avec un paternalisme bienveillant – tire sa révérence après 53 ans à servir fidèlement l’institution ACM. "Ce sont mes petits. Ce corps possède un esprit de groupe, de famille, dans les bons comme dans les mauvais moments", glisse-t-il, ému aux larmes.
Après le briefing du matin, les commissaires ont formé une haie d’honneur pour Jean-Michel Matas. Photo ACMCrédit photo Web uniquement.
12 voitures évacuées en 7 minutes
Quelques minutes plus tôt, la chair de poule s’était propagée le long de sa silhouette longiligne quand, à la sortie du traditionnel briefing matinal, ses chefs de poste et les pontes de la direction de course ont formé une haie d’honneur. Mais le temps de la reconnaissance a vite cédé la place à celui de la concentration pour amorcer le dernier des 4 jours de ce 82e Grand Prix. Et autant vous dire que le carambolage en F2, survenu en amont de la F1, est venu clore "en beauté" la der de Jean-Michel Matas. "Il y a eu un carambolage avec 12 voitures impliquées. On les a sorties en moins de 8 minutes. À l’écran, on a vu les commandos se mettre en place. Chacun savait où il devait aller, personne n’a perdu de temps. Ça va nous servir en formation", glisse-t-il, fier.
Avec la poussée en relais de la monoplace de George Russell par ses commissaires, ce samedi 24 mai, Jean-Michel Matas place cette intervention "extraordinaire et millimétrée" parmi les plus marquantes de sa carrière de bénévole.
Et pourtant, le personnage en a vécu. Comme le violent crash de Sergio Pérez avec les Haas en 2024 dans la montée d’Ostende ou, plus ancien, le grave accident de Karl Wendlinger à la chicane du port, une poignée de jours après la mort d’Ayrton Senna au Grand Prix de Saint-Marin.
Rembobinons.
Christophe Fabri pour lui succéder
Entré à l’ACM à 25 ans, le 2 janvier 1972, année durant laquelle Michel Boeri prend la présidence de l’ACM, il intègre le rang des commissaires de piste (mais aussi de route), au niveau de la Piscine. "À l’époque, on avait un petit blouson, un coupe-vent et pas de casque", se souvient-il, pour signifier l’écart abyssal de sécurité du matériel, des équipements et du circuit entre les époques. Sans parler des plus proches abords de la piste qui ont, eux aussi, subi de profondes mues au gré des décennies. "Le jour et la nuit", sourit-il.
Trois années au plus près des F1 interrompues après un grave accident de rallye à Gréolières en 1975, au rallye d’Antibes, copilote à bord d’une berlinette Alpine. "J’ai eu 17 fractures en bas du corps. J’ai failli y passer. Après cela, je ne pouvais plus sauter un rail."
Qu’importe, Jean-Michel Matas migre vers la direction de course, "un algeco dans lequel on était 5 dedans avec un mec assis à côté de moi qui aboyait les numéros des pilotes pour donner leur ordre d’arrivée". Il gravit les échelons du Corps des commissaires, comme adjoint entre 2001 et 2015 puis responsable jusqu’à 2025, dont la fidèle devise "Oser et servir" n’aura jusqu’alors jamais fait défaut à Monaco. Si bien que, en 2021, la FIA l’a désigné meilleure équipe d’officiels de l’année. "On a atteint le Nirvana. On l’a mérité mais ça se conserve. Il faut toujours se remettre en cause car on n’a pas le droit à l’erreur, martèle Jean-Michel Matas, dont la sécurité des 20 pilotes et de ses troupes prime plus que tout, tout comme l’image de marque de la Principauté. On n’a pas le droit de l’abîmer par des erreurs grossières ou des déboires. On a un règlement intérieur draconien."
Une ligne de conduite, une discipline de fer et un respect de la hiérarchie que le président Boeri lui a inculqués: "C’est notre mentor à tous. Il nous a montré le chemin. Il est très humain mais quand il donne un ordre, il y a intérêt à le respecter." Et qu’il s’est efforcé à transmettre à ses équipes, dont son successeur à la tête des commissaires, Christophe Fabri, par ailleurs responsable de la formation. "Il est mûr pour endosser ces responsabilités. Il a été formaté en passant par tous les échelons, dont celui de commissaire. Il est reconnu par les hommes. Ils ont confiance en lui parce qu’il a été sur la piste."
* Commissaire général adjoint en charge du Corps des commissaires.
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