Usain Bolt, Marie-José Pérec, Carl Lewis...: on vous rembobine plusieurs décennies du Meeting Herculis à Monaco en 5 anecdotes marquantes

Les meilleurs athlètes de la planète ont rendez-vous ce vendredi soir au Stade Louis-II. On rembobine plusieurs décennies qui ont marqué la compétition avec des faits ou histoires décalés.

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Yannis Dakik Publié le 21/07/2023 à 10:05, mis à jour le 21/07/2023 à 10:07
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Ce soir-là, Usain Bolt avait assuré le minimum en signant le 50e temps de sa carrière sous les 10 secondes. Photo Jean-François Ottonello

1. La der' de l'éclair

Nous sommes en juillet 2017 pour le 30e anniversaire du meeting. Et Usain Bolt a fait un cadeau, ou plutôt une surprise, aux organisateurs qu’ils ne sont pas près d’oublier. Le Jamaïcain avait annoncé quelques années auparavant que 2017 marquerait la fin de sa carrière après avoir repoussé l’échéance d’un an à cause de ses sponsors. "Nous étions au meeting de Rome avec mon collègue Rémi, se souvient Jean-Pierre Schoebel, directeur de la Fédération monégasque d’athlétisme et du Meeting Herculis EBS. Nos collègues nous disent" Félicitations! Comment est-ce que vous avez fait?" Sur le coup on ne comprend pas et je leur dis: "Mais de quoi, pourquoi?" Ils nous ont pris pour des imbéciles et nous ont dit que Bolt avait décidé de faire le dernier meeting de sa carrière à Monaco mais nous n’étions pas au courant". [rires]. L’octuple champion olympique a par la suite contacté les organisateurs du meeting. "On a négocié et il nous a bien aidés financièrement. Il nous a même donné un partenaire pour financer une grosse partie de son cachet."

Inutile de préciser que les organisateurs n’ont pas hésité une seule seconde quant à la venue d’un des plus grands athlètes de l’histoire du sport sur les terres monégasques. Et ils ne l’ont pas regretté.

"C’était l’émeute le soir du meeting. On a dû fermer la billetterie parce que les gens voulaient entrer dans le stade. On n’est pas équipés comme au football pour l’envahissement des pistes. Ce n’est pas une habitude de se faire envahir dans l’athlétisme. Quelques agents sont venus nous aider sinon on n’y arrivait pas."

 Quant aux raisons qui l’ont motivé à faire de la Principauté son terminus de carrière en meeting, Jean-Pierre Schoebel pense que la discrétion qu’apporte Monaco a pu peser dans la balance. "Et puis je soupçonne le souverain d’y avoir été pour quelque chose. C’est plus ou moins une promesse que lui avait fait Usain de revenir courir à Monaco."

Celui qui détient toujours le record du monde sur 100 m avait assuré le service minimum avec une victoire ce soir-là. Mais surtout en signant le cinquantième temps de sa carrière en dessous de la barre de dix secondes (9’’95). Il a ensuite signé le même temps lors de son ultime course en août aux mondiaux à Londres, mais cette fois troisième derrière Gatlin et Coleman.

 

Le meeting a été élu comme le meilleur de la Diamond League en 1998, 2008, 2011, 2014, 2015, 2018 et 2020. Photo Jean-François Ottonello.

2. Le meilleur meeting de l'année?

Pas de chauvinisme ici. Le meeting a été élu comme le meilleur de la Diamond League en 1998, 2008, 2011, 2014, 2015, 2018 et 2020. Preuve de ce qu’il représente à échelle mondiale. Et les conditions pour les athlètes ne sont sûrement pas étrangères à ces multiples titres.

« C’est une piste d’athlétisme avec des tribunes autour, décrit Jean-Pierre Schoebel. Mais vraiment tout autour. D’habitude les stades multisports ont des sautoirs à l’extérieur qui éloignent les spectateurs de la piste. Ici dès qu’on sort du 8e couloir, on a un petit fossé et tout de suite les spectateurs. Je dirais presque qu’en tendant le bras ils peuvent les toucher au passage. »

Le directeur de l’étape monégasque de la Diamond League estime que l’altitude a aussi son rôle à jouer dans les débats. Un paramètre qui peut peser sur les différentes épreuves. « On est au niveau de la mer, difficile de faire mieux. En altitude, ce sont les sprinteurs et les sauteurs qui sont avantagés mais au niveau de la mer c’est plutôt le demi-fond. »

Sans oublier les conditions météorologiques. Outre la chaleur – propice à l’athlétisme – que le président espère tout de même voir retomber un peu en fin de journée, le vent sait généralement se faire discret « et c’est important », précise Jean-Pierre Schoebel. Et comment parler des conditions sans mentionner la piste. « Elle est de qualité. On a été les promoteurs de la marque qu’on a choisie parce que beaucoup utilisent le même produit. »


Enfin, les athlètes bénéficient depuis la pandémie d’un terrain d’entraînement à seulement quelques mètres du Louis-II, au Stade Didier Deschamps, à Cap-d’Ail. Un grand plus pour leur préparation qui fait sourire le président Schoebel. « C’est un peu particulier parce que les athlètes s’échauffent en France, ils traversent la route et ils courent à Monaco ! »

Des centaines d'amateurs, petits et grands, participent chaque année au 1.000m Herculis. Photo Jean-François Ottonello.

3. Place aux amateurs!

C’est un classique dans un classique. Depuis 1988, le meeting organise les 1.000 m d’Herculis. Une épreuve dédiée aux amateurs licenciés d’athlétisme tout au long de la journée avant le grand soir.

De 10h à 18h30, jusqu’à 1.500 coureurs se succèdent par catégories sur la piste du Louis-II, à partir de 8 ans, et jusqu’à plus de 60. Jean-Michel Fauritte a été l’un d’entre eux. Et il se souvient d’une participation en particulier "en 1999 ou 2000", tente de se remémorer celui qui a gagné plusieurs courses au niveau régional.

Le coureur a eu la chance d’être au départ de la dernière série, quelques minutes avant l’ouverture du meeting. "C’était mes Jeux Olympiques à moi, plaisante-t-il. Quand je suis entré sur la piste, les gradins étaient déjà pleins. À l’époque, je pratiquais la compétition à un niveau régional où on était trois pelés et un tondu, donc personne en tribunes pour nous regarder [rires]. Ce jour-là, il y avait une sacrée adrénaline parce qu’on était 15 au départ. On avait vite fait de se retrouver largués alors on se dit qu’il ne faut pas être ridicule ! Il fallait un certain CV pour participer, on avait demandé 2'20'' pour les meneurs d’allure, c’est très rapide. De mon côté j’avais fait 2'27'', c’était mon record sur 1.000m!"
Forcément, le jeune homme avait des étoiles plein les yeux.

"J’ai énormément de souvenirs de marathons, de courses, mais celui-ci reste le meilleur sur piste. Je faisais toujours l’effort de bien ouvrir les yeux et de me dire "profite de ce moment". C’est un souvenir extra qui restera gravé."

Quelques jours après ses titres olympiques à Atlanta, Marie-Jo Pérec remettait le couvert en Principauté. Photo AFP.

4. Le retour sur terre de Marie-José Pérec

Elle nageait en plein bonheur. Quelques jours auparavant, Marie-José Pérec obtenait deux médailles d’or aux J. O. 1996 d’Atlanta. Sur 200 et 400 m. Peu après son doublé, la Guadeloupéenne était attendue en Principauté pour la 12e édition du Meeting Herculis. Et la soirée n’avait pas démarré de la meilleure des manières... "C’est dur de récupérer, avait-elle raconté à nos confrères du Télégramme cette année-là. Juste avant d’arriver au stade, j’étais très fatiguée." Dans le livre anniversaire des 30 ans du meeting, "La Gazelle" est décrite comme boudeuse, avec la mine des mauvais jours... Le couloir qu’elle avait accepté ne lui aurait plus convenu le jour de la course. On parle alors de menace, de forfait...

Mais voilà, seuls les plus grands champions parviennent à se transcender dans les grands moments. Et Marie-José Pérec et sa triple médaille d’or olympique (une autre à Barcelone en 1992), son double titre de championne du monde, en fait partie. À 20 h 15, soit quelques minutes avant son 400 m, la Française apparaît toute sourire et décontractée dans sa nouvelle tenue blanche et bleu marine qui remonte jusqu’au cou.

Les signaux n’ont pas trompé, quelques jours après un exploit à Atlanta, la triple championne d’Europe termine en tête de sa course en 49’’18 devant ses plus grandes rivales. Elle déclarera après sa course avoir été surmotivée en voyant le public debout dans la dernière ligne droite.

Floyd Heard, Carl Lewis, Leroy Burrell et Mike Marsh portaient ce soir-là une tenue qui n'était pas passée inaperçue. Photo FMA.

5. Un premier record du monde au Louis-II

C’était en quelque sorte le tube de l’été 1991. Et le groupe s’appelle le Santa Monica Track Club. Quatre athlètes, dont un certain Carl Lewis, venus en Principauté avec un seul objectif: le 4x100m. Aucun d’eux ne s’est aligné sur d’autres épreuves lors de cette édition, c’est dire la mission dans laquelle se sont lancés Floyd Heard, Carl Lewis, Leroy Burrell et Mike Marsh. "Ils avaient très bien préparé leur course en souhaitant venir s’entraîner plusieurs jours avant celle-ci", raconte Bernard Fautrier, vice-président de la Fédération Monégasque d’Athlétisme, toujours dans le livre retraçant 30 ans du meeting.

Et le travail a payé. Les Américains ont égalé le record du monde établi par les Français presque un an auparavant en 37''79, offrant le premier record du monde au Meeting Herculis quelques années seulement après sa création. Et ce soir-là, les Américains n’avaient pas fait parler d’eux uniquement pour leurs performances. "Lewis, Marsh, Heard et Burrell traversent alors le public et ils apparaissent soudain en loge princière où ils reçoivent un trophée, échangent quelques mots avec le prince Rainier III qui, amusé, sourit en découvrant leur tenue, poursuit Bernard Fautrier. Une combinaison en maille noire et marron. Une sorte de toile d’araignée à laquelle l’adversaire ne peut échapper."

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