A Mandelieu, Décathlon a retiré les poissons vivants de son vivarium après la pétition d'une cliente

Au rayon chasse et pêche du Décathlon Mandelieu, un arrivage de "kits découverte", avec seau fantaisie et épuisette colorée, visiblement destiné aux enfants.

Mais si cette mère de famille s’approche avec son jeune garçon dans les bras, ce n’était pas pour l’initier à la pêche aux crevettes ou bigorneaux en marée basse atlantique.

Face au vivarium, celle-ci éprouve une pointe de déception: dans les bacs, plus aucun poisson. Juste quelques petits crabes isolés, dont la présence semble encore plus incongrue.

Sans doute les conséquences d’une pétition, telle une sirène d’alarme, qui avait recueilli plus de 10.000 signatures en janvier.

Lancée par une cliente et relayée par une association de protection animale (PAZ), elle dénonçait la mise en vente d’appâts vivants pour la pêche au vif.

"Ah, j’étais justement venu montrer les poissons à mon fils, regrette la mère de famille. C’est vrai que la question est complexe, mais elle se pose aussi pour nos abattoirs, alors. Et puis dans la nature, les petits poissons se font aussi manger par les gros, non?"

Des poissons, pas des articles de sport

Certes. Sauf que pour les appâts vivants, PAZ (Paris Animaux Zoopolis) dénonce "une torture de ces animaux, des êtres sensibles qui ne sont pas de simples articles de sport, souligne Amandine Sanvisens, cofondatrice de l’association. Sur les 300 magasins Décathlon en France, une centaine vendait des appâts vivants selon notre état des lieux de janvier. Après le lancement de plusieurs pétitions, Mandelieu est le 13e qui retire les poissons (N.D.L.R.: à Antibes aussi), mais on souhaiterait que ce soit une décision nationale, car ça semble encore relever de chaque direction de magasin."

À Mandelieu, un retrait de Décathlon sous la pression?

Un communiqué laconique du service presse national (le responsable local n’ayant pas souhaité s’exprimer) tend à… noyer un peu le poisson. Et s’y est repris à deux fois avant de mordre à l’hameçon de nos questions, sans y répondre vraiment.

"Depuis plusieurs années, Decathlon est engagé dans la recherche, le développement et la vente de leurres de haute qualité, offrant des alternatives de plus en plus efficaces à la pratique traditionnelle de la pêche aux vifs.", indique l’enseigne, qui semble se réclamer d’une nouvelle éthique face aux critiques.

"Respectant la liberté de choix de nos clients, nous les informons sur les avantages environnementaux des leurres et les encourageons à envisager ces options dans le cadre de leurs activités de pêche. Nous sommes convaincus que cette transition requiert une approche progressive et pédagogique."

Les crabes et une loi d’interdiction

Une réponse qui ne satisfait évidemment pas PAZ. D’autant plus que pour elle, le vivarium, tel un verre aquatique, reste à moitié plein.

"Nous ne sommes qu’à demi satisfaits car les crabes sont encore à la vente, et aucun élément prouve que Décathlon incite à la pêche au leurre.", estime encore Amandine Sanvisens.

Cette dernière soutient d’ailleurs une proposition de loi du député Gabriel Amard (LFI-Nupes Rhône), qui vise à interdire purement et simplement la pêche au vif.

A Décathlon Mandelieu, les poissons leurres sont pourtant bien là, aux couleurs vives dans leurs emballages plastiques.

Mais le présentoir est bien plus discret que le vivarium. Et semble faire beaucoup moins recette.

"Avant, les poissons, c’était vraiment l’attraction, confie un employé. Il ne reste plus que de petits crabes dans le vivarium, mais à terme, ils vont disparaître eux aussi."

Comme emportés par cette nouvelle vague du bien-être animal…