"La compétition est dans mon ADN": Pierre Casiraghi se frotte à la mythique Admiral’s Cup
A la veille du départ de cette prestigieuse compétition de voile mêlant régates côtières et courses au large, le vice-président du Yacht-club de Monaco et fils de la princesse Caroline s’est confié en exclusivité à Monaco-Matin.
Article réservé aux abonnés
Recueillis par Thibaut PARATPublié le 19/07/2025 à 07:30, mis à jour le 19/07/2025 à 10:17
exclusif
Peter Harrison, PDG de Richard Mille, et Pierre Casiraghi barreront chacun un bateau lors de l’Admiral’s Cup, dont la première manche est prévue ce samedi 19 juillet.Photo Renaud CorlOuër
Dans le microcosme de la voile, son nom convoque d’emblée un triptyque: légende, prestige et exigence. Après 22 ans d’absence, l’Admiral’s Cup fait son grand retour autour de l’île de Wight, en Grande-Bretagne. Dès ce samedi 19 juillet, 15 équipes issues de 13 nations vont s’affronter lors de cette Coupe du monde "officieuse" qui alterne régates côtières et courses au large. Dont le Yacht-club de Monaco qui alignera pour la première fois deux unités et équipages complémentaires.
Peter Harrison, membre de l’institution et P.-D.G. de la marque d’horlogerie suisse Richard Mille, barrera son TP52 Jolt 3, tandis que Pierre Casiraghi sera le skipper du Carkeek 42 Jolt 6. Ce jeudi soir, après une journée prolifique de courses d’entraînement et avant un débriefing minutieux des données récoltées, le vice-président du Yacht-Club de Monaco et fils de la princesse Caroline s’est confié, par téléphone depuis l’Angleterre, sur cette aventure en équipage qui l’attend pendant plus d’une semaine sur les eaux capricieuses du Solent et, plus globalement, sur sa passion pour la voile, née sur le tard, et l’immensité bleue.
Une parenthèse sportive prévue de longue date qui l’éloigne, de fait, de la célébration des 20 ans de règne de son oncle, le prince Albert II, programmée ce samedi soir sur la place du Palais.
Comment est née l’idée de participer à ce monument de la voile aux côtés de Peter Harrison?
L’an passé, quand le retour de la course a été annoncé, Peter a mentionné l’idée d’y participer. J’ai été tout de suite fan du projet. C’est une course unique au monde dans son format. Dans les années 70/80, c’était vraiment la référence et les différents pays participants avaient des championnats pendant un an pour décider quel marin et quel bateau allaient prendre part à cette course. Aujourd’hui, deux bateaux y participent et il faut être extrêmement régulier, performant, pour pouvoir gagner.
Vous menez depuis plusieurs mois un programme d’entraînement intensif dans le Solent, où vous avez remporté le championnat national britannique IRC. Qu’est-ce qui rend ce plan d’eau aussi complexe et dans quelle mesure sa bonne connaissance peut influer sur la performance à l’Admiral’s Cup ?
Le Solent a des courants très forts qui s’inversent dans la journée, avec des bancs de sable qui se déplacent, ce qui rend la navigation ainsi que les passages de bouées très particuliers. À ce niveau de compétition, les 4 ou 5 meilleures équipes sont toutes professionnelles avec des légendes de la voile, comme Dean Barker qui a terminé 2e au championnat IRC. Donc, chaque petit détail comptera. Sur des courses inshore, les bateaux arrivent parfois à quelques secondes d’intervalle. Et à quelques minutes près sur des épreuves de 24 heures.
La constance primera donc sur la vitesse pure?
C’est certain. Chacune des 8 courses présente un format différent. Vous n’avez pas besoin de toutes les gagner pour remporter la victoire finale mais plutôt d’être dans le top 3 à presque toutes les manches.
Justement, quels sont vos objectifs pour cette première compétition?
Toutes les équipes ont envie de gagner, nous y compris. Cela fait plus de trois mois que l’équipe s’entraîne ici et on a mis beaucoup d’efforts et de temps dans cette compétition. Mais il faudra être régulier, faire moins d’erreurs que les autres et ne pas casser car on dispose de peu de temps pour réparer. Il faudra un peu de chance, aussi. C’est difficile de se projeter car les conditions météorologiques seront compliquées et l’on manque de visibilité sur la fin de l’Admiral’s Cup avec le Fastnet [programmé le 26 juillet, N.D.L.R.].
Pour cette course mythique, un soutien de poids vous rejoindra…
Boris [Herrmann] nous rejoindra pour le Fastnet! Ce genre de course offshore, c’est-à-dire longue, est aujourd’hui sa spécialité. Pour les autres formats de course, l’équipage est un peu plus mixte avec des équipiers qui ont une spécialité davantage portée sur le inshore.
En équipe, comment trouve-t-on le juste équilibre entre la préservation du bateau et l’envie d’appuyer plus fort. Vous avez souvent revendiqué appartenir à la seconde catégorie…
(Rires). Il faudra juger cela sur le moment. Cela dépend aussi du type de bateau et de ses limites. Le nôtre est très léger, très rapide dans le petit temps mais n’est pas dessiné pour les longues courses offshore avec des conditions de mer très compliquées. Il faudra le préserver car on ne peut pas se permettre de ne pas terminer une course. Après, l’instinct à la barre joue beaucoup. Si on sent qu’on peut pousser le bateau, on ira, car les autres ne nous laisseront pas d’opportunités.
L’Admiral’s Cup mêle, on l’a dit, régates côtières et grandes traversées. Votre cœur de marin penche-t-il plutôt vers la tradition ou vers l’aventure au large?
L'admiral's Cup mêle régates côtières et courses au large pendant plus d'une semaine.Photo Paul Wyeth.
Vers les courses inshore, qui sont les manches courtes. C’est quelque chose que j’ai fait pendant de nombreuses années et que j’adore. Il y a quelque chose de fantastique avec les départs sur la ligne, qui se répètent plusieurs fois dans la journée, avec les batailles aux bouées. Il y a des instants où vous vous battez à quelques centimètres près. Ce sont des moments spéciaux et je vais les apprécier à l’Admiral’s Cup.
Vous avez toujours concouru en duo ou en équipe. La course en solitaire n'a jamais été une option?
Non, j’aime vraiment l’esprit d’équipe, le fait de partager l’expérience avec d’autres personnes, que je puisse m’appuyer sur eux. Je n’ai jamais vraiment été attiré par le côté solitaire.
Que tirez-vous humainement de ces moments en mer? Est-ce vital pour votre équilibre personnel de prendre le large?
J’ai toujours aimé la compétition, cela fait partie de mon ADN et de celui du team Malizia. Je me sens à l’aise dans ce sport. Et puis, lors de ces aventures, vous vivez des moments uniques, très excitants. Cela m’attire. Si je fais une pause pendant plusieurs mois, j’aimerais bien reprendre la barre, faire des départs sur n’importe quel type de bateaux.
C’est aussi une bataille avec soi, donc j’aime bien me pousser à être plus performant et à tenter de m’améliorer dans ce sport.
Il paraîtrait que vous n’avez jamais pris un seul cours de voile de votre vie. C’est exact?
En effet, je ne suis jamais allé à l’école de voile et j’ai commencé tardivement. J’ai eu des coachs pour les compétitions en équipe mais rien de spécifique me concernant. J’ai vraiment appris sur le tas en tant qu’équipier. Je regardais les autres et on me disait de faire telle ou telle tâche, d’aider à tel endroit. Progressivement, je me suis retrouvé à la barre. J’ai toujours été à l’aise pour conduire, que ce soit des vélos, des voitures ou des motos. Donc, pour le bateau, une fois que j’ai compris le fonctionnement, cela est venu assez naturellement et je me suis amélioré au fil des courses.
Vous avez cofondé le team Malizia en 2016 avec trois piliers: la voile, la science et l’éducation. En 2025, année de la Mer, les deux piliers que sont la science et l’éducation font plus que jamais sens, surtout quand on sait que Donald Trump opère des coupes budgétaires dans les sciences du climat…
Quel que soit le contexte, ce sont des piliers importants. L’éducation est primordiale car il faut connaître son environnement. À travers les aventures de l’équipe et de la voile, on essaye de transmettre des messages sur l’environnement et les océans. Cela fait sens aujourd’hui, et ça le fera demain avec ou sans M. Trump.
Avez-vous gardé contact avec la militante Greta Thunberg avec qui vous, et Boris Herrmann, aviez traversé l’Atlantique en 2019?
Je suis un petit peu son actualité mais je n’ai pas gardé de contact particulier avec elle. Je garde un souvenir très sympathique de cette traversée. Le message qu’elle portait à l’époque était important et a fait prendre conscience du problème du changement climatique à toute une jeune génération.
Comment jugez-vous l’évolution du team Malizia depuis sa création? L’objectif ultime reste-t-il toujours de remporter le Vendée Globe?
L’équipe est d’un très grand niveau de professionnalisme depuis de nombreuses années. On reste ambitieux. Évidemment, l’objectif est d’abord de faire une bonne place, et dans de bonnes conditions, pour The Ocean Race en équipage. Puis de gagner le Vendée Globe avec le nouveau bateau qui est en cours de construction. On continue aussi le travail éducatif et scientifique. On essaie toujours d'améliorer le matériel à bord et les contacts avec les scientifiques, en participant à différents programmes scientifiques.
Photo Paul Wyeth.
commentaires
ads check
“Rhôooooooooo!”
Vous utilisez un AdBlock?! :)
Vous pouvez le désactiver pour soutenir la rédaction du groupe
Nice-Matin qui travaille tous les jours pour vous délivrer une
information de qualité et vous raconter l'actualité de la Côte d'Azur
Et nous, on s'engage à réduire les formats publicitaires
ressentis comme intrusifs.
Si vous souhaitez conserver votre Adblock vous pouvez regarder une seule publicité vidéo
afin de débloquer l'accès au site lors de votre session
Nous avons besoin de vos cookies pour vous offrir une expérience de lecture optimale et vous proposer des publicités personnalisées.
Accepter les cookies, c’est permettre grâce aux revenus complémentaires de soutenir le travail de nos 180 journalistes qui veillent au quotidien à vous offrir une information de qualité et diversifiée. Ainsi, vous pourrez accéder librement au site.
Vous pouvez choisir de refuser les cookies en vous connectant ou en vous abonnant.
commentaires