Pas la même équipe mais (presque) le même bateau. En 2028, les skippers Boris Herrmann, Thomas Ruyant et Loïs Berrehar seront concurrents sur le prochain Vendée Globe, certes. Pour autant, ce lundi 19 mai, les marins et leurs équipes respectives - Malizia, TR Racing et Team Banque populaire - ont annoncé leur étroite collaboration pour la conception et la construction de leurs voiliers de course, tirés du même coup de crayon d’Antoine Koch, architecte naval*, et du même moule.
Une association inédite dans l’histoire récente de la classe Imoca qui se veut la plus ouverte possible. Et qui fait tomber les carcans du secret. "Nous partageons non seulement notre savoir-faire mais aussi la construction, les moules et les outils de production afin de réduire considérablement l’empreinte carbone de la construction et les coûts, tout en encourageant l’innovation", confie Boris Herrmann, sponsorisé par le Yacht-club de Monaco.
Les nouvelles règles imposent en effet, pour le prochain cycle du Vendée Globe, une réduction de l’empreinte carbone des navires de 15%, en grande partie générée par les moules. L’enjeu économique n’est évidemment pas négligeable puisque les études et l’outillage sont de facto divisés par trois. "Nous nous challengeons dans l’espoir de bâtir les meilleurs bateaux de la prochaine génération", rajoute le skipper allemand.
"Ils auront des comportements similaires"
Le navire de Boris Herrmann, en cours de construction au chantier CDK de Lorient sera mis à l’eau en juin 2026, dans la foulée de celui de Thomas Ruyant.
Il aura en commun avec ses homologues de nombreuses caractéristiques: la coque, le mât, la quille, les foils et les safrans. "Ils vont beaucoup se ressembler et auront des comportements similaires. Il faudra un œil averti pour voir des différences notoires, souligne Thomas Ruyant, 7e en 2024 lors de son troisième Vendée Globe et ancien coéquipier de Boris Herrmann sur la Transat Jacques-Vabre de 2017. La polyvalence est le mot-clef, en particulier l’amélioration des performances du bateau dans les vents légers et sa capacité à prendre rapidement de la vitesse."
Pierre-François Dargnies, directeur technique de la team Malizia, confirme: "Chaque équipe adaptera son bateau aux besoins de son marin, par exemple au niveau de l’ergonomie [du cockpit, notamment, N.D.L.R.]."
Une chose est certaine, ce nouveau voilier sera très différent de l’actuel Malizia-Seaexplorer, 12e du dernier Vendée Globe sous bannière monégasque, dont la cession à la navigatrice italo-américaine Francesca Clapcich a d’ores et déjà été annoncée. Un navire à foils à bord duquel Boris Herrmann a parcouru plus de 100.000 milles nautiques, dont deux circumnavigations et six courses transatlantiques.
Un calendrier ambitieux de courses
Le lancement de ce nouvel Imoca marquera le début d’un calendrier ambitieux de courses au large pour le team Malizia fondé par Pierre Casiraghi, tant en solitaire qu’en équipage. Le Vendée Globe en novembre 2028 bien sûr, cet Everest des Mers que Boris Hermann entend bien remporter un jour, mais aussi The Ocean Race Atlantic 2026 et The Ocean Race 2027. "On fera toutes les courses possibles", assure le skipper, déterminé à engranger le plus d’expérience possible sur cette nouvelle monture.
À plus court terme, en août 2025, Boris Herrmann prendra part à The Ocean Race Europe 2025, une course en équipage avec notamment Will Harris, son co-skipper, Loïs Berrehar, Justine Mettraux (8e au dernier Vendée Globe) et Francesca Clapcich. "C’est une chance incroyable de naviguer avec la même équipe qui connaît le bateau si bien, qui l’a construit et qui en connaît tous les secrets. Je peux accéder à tous ces secrets pour pouvoir me dépasser, même en solo", avait témoigné cette dernière après l’annonce de son achat de Malizia-Seaexplorer.
*Appuyé par plusieurs cabinets spécialisés, dont Finot-Conq et Gsea Design.
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