Urgence, précaution, santé... Comment agir après la dernière étude sur les pesticides dans les vignes?
"Urgence des mesures de précaution qui doivent profiter à la santé", face aux "efforts d’une filière qui a déjà beaucoup fait évoluer ses pratiques". Retour sur l’étude nationale Pestiriv à travers deux réactions croisées.
Sonia BonninPublié le 17/09/2025 à 06:30, mis à jour le 17/09/2025 à 06:30
La présence de pesticides au domicile des riverains soulève des questions sanitaires.Photo So. B.
Le débat surgit quand on parle de l’avenir et des façons d’agir pour limiter l’imprégnation des riverains. "Nous n’avons pas une attitude anti-agriculture, réagit Pierre-Michel Perinaud, médecin et président de l’association Alerte des médecins sur les pesticides. Mais nous constatons les trous dans la raquette. Nous avons les moyens de faire autrement. Il faut une autre façon de s’y prendre."
Didier PauriolPhoto DR.
Au nom du Conseil Interprofessionnel des Vins de Provence, dont il est un administrateur, Didier Pauriol "garantit que beaucoup d’efforts sont faits". Lui, qui "en est à [sa] 48e vendange", a vu "les pratiques énormément évoluer ces 10 ou 15 dernières années". Là où le plan de traitement était systématique et prévu pour toute la saison, désormais, "on s’adapte au jour le jour".
Pourtant, il sera nécessaire d’aller plus loin, car la présence de pesticides au domicile des riverains (urines, poussières, air intérieur) soulève des questions sanitaires autour des seuils de toxicité qui ne sont pas encore tranchés.
"Notre métier, c’est pas d’empoisonner les gens"
Vue depuis les vignes, la question des traitements est une réalité tangible. "Nous sommes les premiers concernés, estime Didier Pauriol, d’abord en tant qu’applicateur, ensuite en vivant au milieu des vignes, que ce soit nous, nos familles, nos enfants."
De son point de vue, "les quantités retrouvées dans l’étude ont été très faibles", ce qui le rassure. "Notre métier, c’est pas d’empoisonner les gens", lâche-t-il.
Les efforts déjà effectués sont réels, développe-t-il. Diminution des doses utilisées, "au maximum selon la pression parasitaire" ; amélioration du matériel de pulvérisation "qui traite de manière confinée"; traitements nocturnes; cépages plus résistants.
Docteur PerinaudPhoto DR.
Où en est-on du plan Ecophyto, qui prévoit une division par deux d’ici 2030 des pesticides utilisés? "Aujourd’hui, je ne crois pas que ce soit chiffré", répond Didier Pauriol qui met en avant un obstacle: "Notre problème est qu’il faudrait compter par dose active à l’hectare et pas par quantité de produit." Ce qui pénalise certaines substances présentées comme plus naturelles et les conversions en bio.
"Il ne faut pas banaliser la contamination"
Selon l’association Alerte des médecins sur les pesticides, l’étude Pestiriv a un grand mérite. "Au moins, nous avons des mesures, des chiffres. Il y a les preuves que les riverains sont plus exposés, argumente Pierre-Michel Perinaud, son président. Et cela se traduit par une contamination encore plus grande pour les enfants. C’est confirmé et ce n’est pas rien."
Un autre point qui est établi concerne les distances entre les lieux de vie, habitation ou école, et les parcelles traitées. "Il existe une distance de 20mètres incompressibles pour les substances les plus dangereuses telles le folpel, décrypte le médecin. Là, on en retrouve à des niveaux considérables à 50mètres. Et il y en a encore à plusieurs centaines de mètres. L’étude montre clairement cet effet distance. Le résultat est que 50mètres, cela ne suffit pas."
Puisque l’exposition est mise en évidence, "il serait temps d’en tirer des mesures de précaution, au bénéfice de la santé, alerte Pierre-Michel Perinaud. Il ne faut pas banaliser la contamination. Et on ne connaît même pas l’effet cocktail". Il préconise de "retirer les cancérigènes, non pas au doigt mouillé, mais en s’appuyant sur la littérature scientifique".
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