Ils ne sont qu'une petite vingtaine en France... Découvrez le métier de maître cireur avec Damien Duarte à Monaco

À So Gent, un barbier du boulevard des Moulins à Monaco, ce Tourangeau de 31 ans redonne son lustre aux chaussures et sacs à main en cuir. Il explique son choix, atypique, d’embrasser un métier oublié.

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Thibaut Parat Publié le 21/04/2022 à 12:30, mis à jour le 21/04/2022 à 12:30
Le jeune maître-cireur exerce chaque matin de la semaine au cœur de ce salon de coiffure et barbier du boulevard des Moulins à Monaco. Photo Jean-François Ottonello

Au cœur de l’échoppe So Gent, un barbier niché boulevard des Moulins, l’art de la coiffure masculine cohabite avec un métier ancestral, en voie de disparition: maître cireur.

Ils ne sont qu’une petite vingtaine, en France et désormais à Monaco, à chouchouter et sublimer le cuir qui habille les chaussures.

Tablier chic noué autour de la taille, Damien Duarte, Tourangeau d’origine désormais installé à Nice, renvoie le regard pétillant de la passion.

"Le cuir, c’est comme la peau, ça vit. Si on ne l’entretient pas dans le temps, ça vieillit, résume-t-il simplement. Il fut un temps où c’était dans notre culture mais le métier s’est perdu. Il faut rééduquer les gens à la nécessité d’entretenir leurs chaussures. Plutôt que de les acheter, les jeter, surconsommer et polluer, on les garde à vie."

Formé auprès des meilleurs

Damien Duarte est parti de zéro, apprenant sur le tas auprès des détenteurs de ce noble savoir-faire. L’aventure s’amorce en 2014 quand il plaque son poste de conseiller de vente chez Margiela, une célèbre maison de couture à Paris. "J’avais besoin de faire quelque chose de mes mains", argumente-t-il.

De retour à Tours, il dresse la liste de ses desiderata: le travail du cuir, l’indépendance et la liberté, le contact client et la fibre artistique.

Cordonnier, peut-être? Un court stage lui donne la réponse: c’est non. "C’était plus de la réparation que de l’embellissement. Mais c’est à ce moment que j’ai découvert la profession de maître cireur."

Il se forme auprès des meilleurs, donc: Paulus Bolten pour l’art de la patine – un vernis servant à harmoniser la couleur et les reflets d’un cuir – et Mathieu Gaberthon pour assimiler les techniques de cirage, de glaçage et de nettoyage de tous types de peaux. " Avant lui, j’avais essuyé beaucoup de refus. Comme s’ils avaient peur qu’en me formant, cela crée une concurrence qui prend des parts de business, souligne Damien Duarte. Moi, je voulais juste travailler à Tours, pas à Paris."

Cireur sur l’espace public, à l’ancienne

C’est d’ailleurs dans sa contrée natale qu’il lance, en 2018, La Malle du Cireur sur l’espace public. À l’ancienne. "Plutôt que de me cantonner à un fauteuil et un trépied, j’ai pensé à une malle sur-mesure, quelque chose de luxueux pour attirer l’œil." Les balbutiements s’avèrent délicats, peu de clients arrêtent leur chemin pour se faire "cirer les pompes".

Et puis, le bouche-à-oreille fait son effet, le chiffre d’affaires croît. "J’ai eu divers partenariats: avec un tailleur, avec Hermès", se rappelle celui qui rénove, aussi, des intérieurs de véhicules de collection à Amsterdam.

"Je ne regrette pas ma reconversion"

Au printemps 2021, les responsables de So Gent, cherchant à donner à leur future boutique un caractère gentleman, font appel aux services de Damien Duarte, lequel répond par la positive. Il débarque sur la Côte d’Azur – un rêve pour lui – avec ses brosses, palots, chamoisines, pots de cire et de crème.

On le retrouve chaque matin de la semaine, à l’entrée de la boutique, pendant que la gent masculine se fait une petite beauté. En plus de redonner du lustre à vos chaussures, le maître cireur réalise des patines sur-mesure pour les souliers traditionnels et les sneakers.

"C’est de la personnalisation pure et dure. Si, par exemple, le client en a marre d’une couleur, je décape à l’acétone et je repars sur une base plus claire. On peut passer du marron au vert, du vert au bleu."

À So Gent, Damien Duarte choie aussi les sacs à main pour femmes. "Des dames d’un certain âge m’ont confié leurs sacs Kelly, achetés dans leur jeunesse. Ils étaient dans un état critique. J’ai pu leur rendre dans un état neuf. Leur sourire est la meilleure chose que j’ai pu recevoir. C’est un métier de rigueur pour lequel on n’a pas le droit à l’erreur. C’est un métier passion. Je ne regrette pas ma reconversion."

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