"Je suis là pour servir le Souverain, la famille princière et la Principauté. Je n’ai pas de plan de carrière et je mettrai toute ma force et ma détermination à y arriver." Le 28 septembre, c’est un ministre d’État combatif qui accordait sa première longue interview à Monaco-Matin. Après avoir prêté serment devant le prince Albert II le 2 septembre, Didier Guillaume n’a pas perdu une seconde pour se plonger pleinement dans la vie et les dossiers monégasques. Une communauté qu’il observait déjà depuis plusieurs semaines de loin. Suivant les affaires, lisant sa presse, rencontrant les personnages clés pour préparer sa prise de fonctions.
Là où ces dernières années s’étaient succédé des hauts fonctionnaires et des diplomates dans le fauteuil de ministre d’État, Didier Guillaume affiche d’emblée un profil dissonant. Celui d’un homme politique à la verve affirmée et à la parole parfois disruptive, mais toujours humaine.
Une main tendue aux élus
Dès sa première séance publique au Conseil national, en octobre, Didier Guillaume fait montre de son tempérament. "Je vous tends la main. Pas une main tremblante, pas une main recherchant le compromis coûte que coûte. Une main professionnelle, chaleureuse, ferme, constructive. Une main pour réussir ensemble" promet-il aux élus encore échaudés des derniers échanges avec le précédent ministre d’État.
La méthode Guillaume s’installe. Et sur des sujets clivants qui enflamment les relations entre conseillers nationaux et gouvernement depuis plusieurs mois, il impose son style. Concernant la refonte attendue du Centre commercial de Fontvieille, il réplique avoir découvert ce dossier qui est "ni fait ni à faire" et certifie présenter un projet "ferme et définitif avant l’été prochain."
"L’année 2025 devra être celle des réalisations"
Faut-il construire ou pas un centre de traitement des déchets ? Quelles méthodes s’imposent pour sortir Monaco de la liste grise ? Face aux interrogations, Didier Guillaume se veut pragmatique, promettant de mettre à plat chaque dossier pour apporter une réponse raisonnée dans les premiers mois de 2025. Sur le numérique ? "On doit aller plus vite et s’il y a des lourdeurs, nous allons les alléger. Les consignes passées aux services devront être respectées et pas embourbées dans l’administration. Ce n’est pas possible qu’un État comme la Principauté soit à ce point en retard."
Maître de la punchline, la parole du ministre d’État est cash. Et ça change. Fin décembre, c’est encore avec cette même liberté de ton qu’il annonce sa solution pour traduire la volonté princière de rassembler les deux chaînes de télévision nationales sous une seule entité. "Un petit pays comme le nôtre n’a pas les moyens d’avoir deux chaînes de télévision. Je le dis très tranquillement. Mais de deux, on ne va pas faire une. De deux, on va faire plus. Tout le monde devra y mettre du sien."
La méthode convainc et une majorité d’élus adoptent le budget primitif en lui prêtant leur confiance. Au soir de sa dernière apparition publique le 19 décembre, vote acquis Didier Guillaume se définit alors comme "le chef d’un orchestre qui essaye de jouer dans le bon tempo, sans fausse note pour se produire le mieux possible devant les Monégasques. L’année 2025 devra être une année où le gouvernement prouvera que les engagements qu’il a pris seront réalisés."
Une promesse sincère, dont personne n’imaginait qu’elle serait son ultime parole.
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