Ce qu'il faut retenir de la conférence de l'International for Women Forum sur les conséquences du Covid à Monaco

L’International Women for Women Forum a organisé une conférence virtuelle sur les conséquences sanitaires, économiques et sociales du Covid-19. Voici ce qu’il faut en retenir

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J.D. Publié le 25/06/2020 à 20:00, mis à jour le 25/06/2020 à 20:42
Vue générale sur Monaco Photo archives Monaco-Matin

"Seule une réponse coordonnée à l’échelle mondiale nous permettra de lutter avec succès contre le Covid-19." Le prince Albert II a lancé la conférence virtuelle de l’International Women for Women Forum (W4W Forum), dans le cadre du Prix Monte-Carlo Femme de l’année qui sera remis, dans un second temps, en septembre prochain.

Depuis 2012, une fois par an, Cinzia Sgambati-Colman, fondatrice de ce prix créé en partenariat avec Wallgreens Boots Alliance, choisit un thème fédérateur. Cette année, le sujet était tout trouvé: "Science, santé, société: l’impact global et transversal du Covid-19".

Cette conférence a été soutenue par le prince Albert II et la princesse Charlène. Le souverain a apporté son message de bienvenue. Mais il a aussi expliqué son approche en qualité de chef d’État sur l’aide internationale allouée par Monaco.

1,25 million pour le vaccin

La conférence virtuelle a permis d’écouter, en direct, plusieurs femmes présentes en Angleterre, en Floride et à Monaco. Photo J.D..

"L’Union européenne a souhaité unir ses forces à celles des acteurs internationaux issus des secteurs publics, privés et de la société civile. (...) J’ai tenu à ce que Monaco y prenne toute sa part. Aussi ai-je annoncé que mon gouvernement et la Fondation Princesse Charlène verseront d’ici la fin de l’année une somme d’un million d’euros en faveur des organisations multilatérales qui luttent contre cette pandémie."

Monaco participe donc au financement de différents programmes. "À l’occasion du 3e sommet mondial sur les vaccins du GAVI, (...) j’ai annoncé la contribution volontaire de la Principauté à hauteur de 1,25 million d’euros entre 2020 et 2025. (...) Enfin, dans le cadre du plan global d’intervention humanitaire Covid-19 des Nations Unies, la Principauté s’est engagée. Elle a accordé 300.000 euros au programme alimentaire mondial (...) dans six de nos pays de coopération, 300 000 euros au haut-commissariat des Nations Unies pour les réfugiés et à l’Office de secours et des travaux des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens et 100 000 euros au bureau des Nations Unies des affaires humanitaires. À ces sommes s’ajoute une enveloppe de 800.000 euros qui a été immobilisée pour nos partenaires bilatéraux afin de mettre en œuvre leur plan de riposte à la pandémie et d’adapter leurs projets en cours aux conséquences de cette crise."

Sont ensuite intervenus dans la discussion de ce W4W Forum Évelyne Genta, ambassadeur de Monaco au Royaume-Uni et au Kazakhstan, Ornella Barra, co-chief operating officer de Walgreens Boots Alliance, et Ilaria Capua, directeur du Centre d’excellence One Health de l’Université de Floride (lire par ci-dessous).

Ilaria Capua, en Floride: "Le Covid est une maladie du mouvement"

Ilaria Capua, virologue: "Le Covid-19 est une maladie du mouvement." Photo Alberto Colman.

Ilaria Capua, directeur du Centre d’excellence One Health de l’Université de Floride est virologue. Selon elle, pas de virus sans échanges et promiscuité.

"S'il était entré dans un village chinois il y a 100 ans, il aurait pu infecter quelques centaines de personnes, puis il se serait éteint. Nous avons provoqué la pandémie parce que nous fonctionnons dans un système qui n'a pas la souplesse nécessaire pour faire face à une urgence sanitaire comme celle-ci."

Et de pointer du doigt les échanges de population. "Je pense que l'une des choses que nous devrions faire est de réorganiser la façon dont nous nous déplaçons. Avant la fermeture, la Chine exportait quatre millions de personnes. Le Covid nous a montré que les épidémies ne sont plus un problème d’individus mais de systèmes. Les épidémies actuelles sont accélérées par notre système de circulation. Le virus est une maladie du mouvement. Nous avons - ou plutôt, nous avions avant le confinement - des communautés de personnes qui voyageaient en avion tout le temps. Cela a un impact sur notre façon d'exister et aussi sur l'environnement, auquel nous devons penser. Je me pose des questions sur l'avenir, car il est clair que le transport de masse a contribué de manière significative à la propagation de l'infection. Et c'est aussi un problème dans la chaîne alimentaire."

"Le virus n’a pas changé"

Mais la crise a aussi ses aspects positifs. "La planète respire, l'air a été purifié dans de nombreuses régions du monde, la nature est là et elle nous dit que nous devons peut-être lui rendre un peu d'espace…"

Ilaria Capua croit-elle en une possible deuxième vague? "Il est impossible, aujourd'hui, de prévoir s'il y aura une deuxième vague de Covid-19. Ce que l'on peut dire, c'est que, selon les études connues à ce jour, le virus n'a pas changé. Il faut donc agir avec prudence, tout en sachant qu'un éventuel retour de la pandémie peut être combattu avec des instruments beaucoup plus appropriés que ce qui s'est passé il y a quelques mois."

Évelyne Genta, ambassadeur de Monaco au Royaume-Uni et Kazakhstan. Al.C..

De Londres à Monaco

À Londres, au début de la crise sanitaire, Évelyne Genta a participé au rapatriement de nombreux Monégasques résidents britanniques (notamment de jeunes étudiants) qui voulaient revenir à Monaco. En sens inverse, une partie de la communauté britannique de la Principauté (quelque 3.000 résidents au total) a, elle aussi, souhaité retrouver les siens.

La tâche d’Evelyne Genta a été d’orchestrer ces rapatriements et également de gérer les transferts de Monégasques venus des quatre coins du monde et en escale à l’aéroport international d’Heathrow.

"Nous avons maintenant quinze jours à trois semaines d’écart sur le reste de l’Europe. La vie économique est encore en attente. Les universités doivent reprendre normalement en septembre. Les mesures barrières n’ont pas été très strictes."

Le virus "anti-mondialisation"

Ornella Barra parcourt habituellement le monde. Elle a notamment offert de nombreux masques et a apporté son expertise à Monaco. Pour Women for Women, elle explique son action durant la crise sanitaire: "L’incertitude a laissé place à la rationalisation. Nos états d’âme sont plus clairs. Historiquement, les déclencheurs des grandes transformations ont toujours été dévastateurs. Le Covid-19 a une signification opposée. Le monde s’est arrêté. Seul élément commun : les morts, hélas. J’ai dû m’adapter à une réalité nouvelle. (...) Le streaming, le shopping en ligne, augmentent rapidement. Le smart working est essentiel. Mais la technologie ne pourra jamais remplacer les relations humaines et les gouvernements doivent encourager les gens à revenir au bureau. "

Et de poursuivre: "Ce virus a mis en évidence nos faiblesses et réagir ensemble peut faire la différence. J'appelle Covid-19 le "virus anti-mondialisation". Au début de la crise, au lieu de travailler plus étroitement et de collaborer, de nombreux pays se sont isolés en pensant qu'ils étaient plus forts les uns que les autres. Il est maintenant nécessaire de renforcer les alliances et de partager la connaissance mutuelle, de faire face à cette incertitude et de penser ensemble dans un esprit holistique de collaboration extrême et non de concurrence. (...) Walgreens Boots Alliance est un groupe mondial et, en tant que tel, a été à l'avant-garde sur plusieurs continents : de la Chine, où nous avons 5.000 pharmacies, dont 400 dans la province de Hubei où se trouve Wuhan, aux États-Unis, qui ont choisi Walgreens comme partenaire stratégique pour effectuer les essais du Covid-19. Le Royaume-Uni a fait de même avec les pharmacies Boots, sans oublier Alloga, qui s'occupe de la distribution pharmaceutique, qui a contribué de manière décisive à l'approvisionnement des hôpitaux de campagne de Londres et d'autres villes britanniques et d'autres pays européens."

Et comme un message pour se retrousser les manches: "Il ne faut pas être désespéré. Au cours des prochains mois, nous devrons faire face à des défis économiques et sociaux difficiles. La crise sera profonde et longue."

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