Construit dans les années 1960, le Centre de l’eau et des énergies de Rians constitue un maillon essentiel du réseau hydraulique régional. "Il marque le point de départ des deux grandes branches du Canal de Provence: l’une vers le Var, l’autre vers les Bouches-du-Rhône, alimentant Aix-en-Provence, Marseille, Toulon, ainsi que les communes de Rians, Artigues, Esparron-de-Pallières et Saint-Martin-de-Pallières", retrace Stéphane Brun, chef d’agence à la Société du Canal de Provence (SCP), lors d’une visite ouverte à la presse, aux élus et aux partenaires.
À proximité, la station de pompage du centre assure l’alimentation en eau de plusieurs réseaux locaux: Rians-Ouest, Rians-Artigues et Rians-Valaves. Le bon fonctionnement de cet ensemble repose sur la mobilisation continue sur site d’une équipe de huit personnes.
Du canal aux énergies renouvelables
Le Centre de l’eau poursuit une double vocation: assurer une gestion durable de la ressource tout en produisant de l’énergie, qu’elle soit hydraulique ou solaire. En 2023, il a franchi une étape importante avec des rénovations visant à moderniser l’infrastructure et à réduire son empreinte carbone. Parmi ces rénovations, l’installation de 170 panneaux photovoltaïques sur les toitures des bâtiments et en ombrières de parking, permettant de couvrir environ 13% des besoins électriques annuels du site.
L’autre projet emblématique de cette transition, c’est "Canalsol". Démarrée dès 2015, cette expérimentation consiste à couvrir le canal de panneaux photovoltaïques, sur 20 mètres de long et 12 mètres de large, pour bénéficier de l’exposition au soleil, mais aussi du rafraîchissement de l’air lié au passage de l’eau. "Ça nous a mis la puce à l’oreille, on s’est dit pourquoi ne pas valoriser les 70 km de canaux à ciel ouvert qu’on a avec le Canal de Provence", explique Camille Edme, chef de projet énergie renouvelable à la SCP.
Mais le solaire n’est qu’un des piliers de cette transition énergétique. Le site exploite bien évidemment la puissance de l’eau grâce à une microcentrale hydroélectrique. Mise en service en 1982 et récemment rénovée, elle utilise un tiers du débit du canal, soit cinq mètres cubes par seconde, pour produire de l’électricité. En 2024, elle a généré l’équivalent de la consommation annuelle de 600 habitants. "On valorise l’énergie de l’eau", résume le directeur du développement.
La modernisation du site a également permis d’intégrer des innovations énergétiques telles qu’une pompe à chaleur qui utilise directement l’eau du canal.
Cette installation permet d’alimenter le site en énergie thermique de manière durable et contribue à la réduction de la consommation d’énergie fossile. Le lieu se veut être un modèle d’innovation pour l’avenir, mais il incarne également un héritage historique. "L’alimentation en eau de la région tient grâce aux ouvrages qu’ont créés nos anciens. On a un héritage qui fait que, dans une région qui est très sèche, on n’a pas de pénurie d’eau", explique Benoît Moreau.
Vers l’autosuffisance
Au-delà de la production d’énergie, le Centre de Rians se positionne comme un démonstrateur et un centre d’expérimentation. Plusieurs projets sont en cours, notamment une expérimentation d’agrivoltaïsme, combinant la production d’énergie solaire et l’optimisation de l’irrigation.
Ce virage énergétique s’inscrit dans une stratégie plus large menée par la Société du Canal de Provence.
Depuis cinq ans, elle a pratiquement doublé sa production annuelle d’électricité, passant de 9 à 18 gigawatts heures, soit près de la moitié des 40 consommés chaque année par les diverses infrastructures de la SCP. L’objectif ne s’arrête pas là. La société a pour ambition de devenir une entreprise propre et positive d’ici 2028.
Le site ouvre ses portes au public
Ce n’est pas seulement un site technique, mais aussi un lieu de découverte et de sensibilisation. Le Centre de l’eau et des énergies de Rians propose un parcours intérieur et extérieur pour permettre à tous de mieux comprendre les enjeux liés à la gestion de l’eau et aux énergies renouvelables. Ce parcours permet aux visiteurs de plonger dans les infrastructures et les innovations mises en place.
Cet endroit offre ainsi une occasion de découvrir dans un même lieu le parcours que fait l’eau pour alimenter une partie de la région. "Après avoir parcouru 12 kilomètres dans une galerie souterraine, l’eau arrive au site de Rians, où elle est régulée par le brise-charge", explique Stéphane Brun, chef d’agence à la SCP. Cette infrastructure de 22 mètres de profondeur permet de stabiliser la pression et de répartir les flux vers les différentes branches du réseau.
"Ici, on comprend parfaitement d’où vient l’eau"
De l’exposition photo au bassin de dissipation, en passant par la salle interactive ou encore la station de pompage, le parcours comporte 11 points de visite, chacun permettant d’appréhender un aspect spécifique de la gestion de l’eau et de l’énergie. Pour Benoît Moreau, directeur du développement de la Société du Canal de Provence, cette ouverture au public est essentielle pour sensibiliser un maximum de monde. "On veut montrer que c’est une région qui fait attention à l’eau".
Le choix du site n’est pas un hasard. "Ici, on comprend parfaitement d’où vient l’eau, comment fonctionnent les ouvrages, et où elle va ensuite", affirme le directeur du développement. En montrant concrètement le fonctionnement des infrastructures, le site permet la mise en lumière d’un réseau complexe et souvent invisible.
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