C’est un chantier à nul autre pareil qui, séparé par le boulevard d’Italie, fait face à celui des deux futures tours de Testimonio II et II-bis. Sur cette parcelle où se tenait la (défunte) villa Carmelha, un immeuble éponyme de 12 étages est en cours de construction. Sans grue positionnée autour de la zone de travaux. Une absence plutôt inédite dans le milieu de la construction immobilière.
"Les phases de soutènement sont achevées. Dès que le terrassement sera terminé, la construction de l’immeuble débutera par… le toit grâce à un procédé extrêmement innovant", dévoile, enthousiaste, Jean-Luc Nguyen, directeur des Travaux publics à Monaco.
Une technologie brevetée (1) signée Upbrella, une entreprise québécoise retenue par le gouvernement princier pour ériger, à l’échéance 2023, cet immeuble de 25 logements domaniaux.
Pas plus de 85 décibels
Présent ce lundi en Principauté, à l’invitation du Monaco Economic Board, l’un de ses représentants a vulgarisé un concept, de fait, très technique : "Une fois le toit construit, on installe un abri en acier, et un système de levage avec des vérins, lesquels vont soulever le dernier plancher construit et permettre de construire les étages inférieurs au fur et à mesure", détaille Jacques Gauthier, vice-président développement des affaires.
À l’origine, l’abri en question, doté de panneaux en polycarbonate, avait été pensé pour protéger les ouvriers canadiens des caprices de Dame Nature.
À Monaco, où les chantiers génèrent logiquement des nuisances, il servira surtout à limiter le bruit ambiant et les projections de poussières.
"La Principauté nous a demandé de ne pas dépasser les 85 décibels durant les travaux. Une fois cette ‘‘cloche’’ en place, les travaux se feront à l’intérieur et seront forcément moins bruyants. Le voisinage sera donc moins impacté. De plus, avec l’absence de grues, on ne bloquera pas l’espace public. A Monaco, c’est primordial car l’espace est contraint", argumente Jacques Gauthier.
Une première à Monaco
C’est la première fois que la technologie s’exporte hors du Canada et, donc, à Monaco. "Notre souci d’exiguïté du territoire nous amène à réfléchir à des solutions innovantes, poursuit Jean-Luc Nguyen. On a découvert la préfabrication en bois et le procédé Upbrella au gré de nos études. Carmelha est, en quelque sorte, l’immeuble démonstrateur de ces méthodes. À l’issue du chantier, on tirera un bilan. On a d’autres projets de surélévations qui pourraient faire appel à cette technologie."
D’autant que les six chantiers déjà réalisés au Canada ne se limitent pas qu’au bois, mais aussi au béton ou au métal. "Par choix, d’un point de vue environnemental, le seul type de construction dont on ne préconise pas l’utilisation avec Upbrella, c’est la construction traditionnelle de béton coulé sur place", nuance Jacques Gauthier.
Quid d’un éventuel surcoût ? "Toute solution a un coût, certes. Mais on gagne du temps avec la préfabrication. Et on le sait, tout chantier qui dure plus longtemps coûte de l’argent, explique Jean-Luc Nguyen. Je le répète, il faudra faire un bilan de tout cela à la fin. On raisonne d’abord par une réduction des nuisances et une meilleure efficacité en termes de calendrier."
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