"Mon fils a écrit que son geste n’était pas voulu": la mère du meurtrier présumé de Yoann Pietri, tué d’un coup de couteau à Nice, prend la parole

La maman du meurtrier présumé de Yoann Pietri, tué d’un coup de couteau à Nice, prend la parole. Son fils s’est suicidé, comme l’a révélé Nice-Matin ce lundi. Elle souhaite que cesse l’acharnement qui s’exprime contre sa famille depuis des semaines.

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Grégory Leclerc Publié le 10/09/2025 à 04:00, mis à jour le 10/09/2025 à 06:16
Le coup de couteau mortel a été donné boulevard de Cessole, à Nice, le 9 juillet dernier. (Photo Dylan Meiffret) Photo Dylan Meiffret

C’est une mère dévastée qui prend la parole. Elle parle d’une place particulière et difficile à tenir. Mais elle parle la tête haute. Nathalie (1) est la maman du meurtrier présumé de Yoann Pietri, mort d’un coup de couteau boulevard de Cessole à Nice, le 9 juillet dernier. Son vœu: que "les ragots" et les "inventions" qui courent sur son fils depuis quelques semaines dans le quartier s’arrêtent.

Comme Nice-Matin le révélait ce lundi, son fils, d’origine italienne, qui allait fêter ses 27 ans, est suspecté d’avoir donné un coup de couteau mortel à Yoann Pietri, 42 ans. "Immédiatement après les faits, il a disparu", témoigne sa mère. Se sachant recherché, il s’est finalement donné la mort vers le 20 août à Parme (Émilie-Romagne), en Italie, sans que ses proches ne sachent ce qu’il faisait là-bas. Il a laissé une lettre à sa famille. "Mon fils a écrit que son geste n’était pas voulu." Voilà ce que le texte indique en substance: "Ce n’était absolument pas voulu, il y a eu une altercation, M. Pietri était également armé".

Sa famille n’a pas encore ses derniers mots en sa possession, la lettre est toujours entre les mains de la justice. Son fils, un meurtrier? La maman ne cesse d’y penser, et dit vivre "un cauchemar". C’est avec courage qu’elle a décidé de se tourner vers Nice-Matin pour parler. Il n’est jamais facile de parler publiquement quand on est la mère d’un enfant qui a peut-être tué. "Mais je souhaite que ses petits frères, s’ils lisent la presse un jour, sachent quelle est l’exacte vérité."

"Il y a deux familles, victimes collatérales"

Récemment, quelqu’un, "qui se reconnaîtra" précise-t-elle, a fait circuler la photo de vidéo surveillance de son fils le soir du meurtre, que tout le quartier de Nice-Nord se partage. "Vous vous rendez compte? Je ne veux pas minimiser ce qui s’est passé. Mais dans l’histoire, il y a deux familles qui sont victimes collatérales."

La victime, Yoann Pietri, était coach bénévole, il avait été neuf fois champion du monde dans plusieurs disciplines. "On le présente sous son meilleur jour, mais ces quelques mots ne suffisent pas à le décrire. C’est facile de le présenter ainsi en faisant passer mon fils pour le pire des monstres. Mais la victime ne correspond pas au tableau idyllique qu’on veut bien présenter. Que les gens se renseignent. Pour ma part, j’ai besoin de parler de mon fils. M. Pietri était plombier? Le mien était électricien. M. Pietri faisait du MMA? Mon fils était ceinture noire de judo, champion régional de boxe anglaise. Il était en couple depuis plusieurs années."

Avec des mots, brisés de chagrin et parfois maladroits, Nathalie veut juste qu’on entende son désarroi de mère. Et "que cessent les ragots à Nice-Nord". Elle redit ne pas vouloir minimiser le geste. Nathalie évoque ses quatre autres fils, "détruits", et a une pensée pour la famille de Yoann Pietri, "détruite également".

"Mon fils était aimant et plein de valeurs pour ses petits frères. Ce que je sais, c’est que s’il en est arrivé là, c’est qu’il a dû se sentir en danger. Il était en claquettes ce soir-là. On ne va pas en claquettes tuer quelqu’un." Selon elle, il y a eu une altercation entre les deux, quelques jours avant. "Il avait entendu des rumeurs, il craignait que M. Pietri ne veuille lui faire la peau."

Nathalie, voix brisée de chagrin, rajoute: "Si mon fils est coupable, je n’excuse en rien ce qu’il a fait." Les journées, les nuits sont terribles depuis qu’elle a appris que son garçon s’était suicidé. Encore plus dans ces circonstances. Elle réclame que le bruit et la rumeur s’arrêtent. Et que les choses "soient remises dans leur cadre", sans caricaturer. Elle vient de l’enterrer il y a quelques jours. La police italienne lui a restitué le corps. Autour du cercueil, étaient déposés des gants de boxe et des fleurs.

Nathalie attend la vérité de l’enquête. Comprendre. Voilà ce qu’elle réclame. "J’ai mille questions dans ma tête, mais on ne peut pas avoir de réponses pour l’instant, on n’a d’ailleurs pas encore pu récupérer ses affaires. Mais j’ai entière confiance en la justice." Laquelle justice n’a pas encore tranché et mène l’enquête. Des auditions doivent avoir lieu, selon le procureur de la République de Nice, et le juge d’instruction tentera, si des traces ADN sont disponibles, de savoir si le fils de Nathalie était bel et bien sur les lieux du crime comme il s’en est auto accusé dans une lettre, avant de mettre fin à ses jours.

1. Son prénom a été modifié.

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