Hausse de la tarification des bornes de recharge dans la Riviera Française: quel avenir pour les mobilités électriques?

En conseil communautaire, les élus de la Carf ont approuvé la hausse de la tarification des bornes de recharge pour véhicules électriques. L’occasion de questionner leur usage, demain.

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La rédaction Publié le 20/04/2025 à 20:30, mis à jour le 20/04/2025 à 20:30
L’augmentation du prix de la recharge est en partie liée à une hausse des coûts de réparation. Photo J.-F. Ottonello

L’électrique, c’est fantastique? En matière de mobilités, la question de savoir s’il faut accélérer la dynamique, ou, au contraire, mettre le frein à main divise. Le sujet s’est invité en conseil communautaire, la semaine dernière, alors que les élus ont approuvé la hausse des prix pour la recharge des véhicules électriques sur les bornes installées par la Carf.

Pour rappel, l’agglomération avait dans un premier temps appliqué la gratuité afin d’inciter les administrés à se tourner vers cette solution. Avant de mettre en place une tarification d’usage à compter du 1er janvier 2024. Un an après, il a été décidé d’augmenter cette dernière, afin de couvrir les coûts variables (lire ci-contre).

Davantage de turn-over

L’adjointe aux finances roquebrunoise, Véronique Batonnier, soulève l’une des raisons légitimant cette hausse. "En commission transport, nous avons étudié les chiffres. Je me suis étonnée du forfait dépannage et réparation. Il se trouve que pour débrancher, il faut attendre un bip. Mais les gens ne sont pas au courant et arrachent la prise." D’où des réparations plus élevées que prévu. Et, en conséquence, une augmentation proportionnelle.

"Quelqu’un a-t-il testé ces bornes? Moi, une fois sur deux ça ne marche pas", réagit le Mentonnais Dominique Nicolaï. Une seule main se lève, celle de la Roquebrunoise Solange Bernard, qui indique ne pas rencontrer de problème particulier.

"Je ne les ai pas testées moi-même. Mais ce que je peux dire, c’est que nous avions de très mauvaises remontées avec l’ancien prestataire. Cela marchait très mal. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle nous sommes allés vers la SMEG. Les retours sont bons aujourd’hui. Objectivement, la période dure est révolue", répond le président, Yves Juhel.

Convaincu que l’électrique rime avec avenir, Dominique Nicolaï demande si de nouvelles bornes seront implantées dans les cinq prochaines années. À ses yeux, la quantité à Menton – huit – est clairement insuffisante.

"On rencontrait certaines difficultés quand elles étaient gratuites: les gens restaient connectés sur les bornes sans recharger. Le fait de les rendre payantes l’an dernier a permis de réguler la mise à disposition. Aujourd’hui, on constate qu’elles sont disponibles régulièrement car il n’y a plus ces sortes de voitures ventouse", amorce le directeur général des services techniques, Sylvain Michelet. Soulignant que le budget 2025 de la Carf comprend une dotation pour acquérir quatre bornes supplémentaires. Une réflexion est en cours avec les communes pour déterminer quels sites seraient opportuns pour en bénéficier. Un projet de charge ultra rapide pour Menton, La Turbie, et potentiellement Roquebrune, est également dans les tuyaux. "L’appel à manifestation doit partir dans un mois. Il s’agirait de bornes avec 2 ou 4 possibilités de connexion, permettant une recharge en quelques minutes. Des sites ont été identifiés à côté de postes transfo, de sorte que cela ne nécessitera pas d’investissement particulier", pose le DGST.

La question de l’égalité

Aux yeux du Beausoleillois Stéphane Manfredi, le déploiement des bornes est une très bonne chose… à condition de le faire intelligemment! "Dans la mesure où les bornes donnent des chiffres précis sur l’utilisation, on doit mener une réflexion: pas d’investissement s’il n’y a pas de taux d’occupation réel. Cela coûte de l’argent public. Or, cela concerne une petite partie de la population. Tout le monde ne peut pas se l’offrir. On a offert la charge pendant des années aux véhicules électriques, sans verser de chèque essence aux autres quand le litre était à 2 euros. La question est donc de savoir si on continue à prendre une partie à notre charge ou si on laisse l’usager prendre la totalité du coût", résume l’élu. Satisfait de cette hausse des prix, jugeant qu’il en va d’une égalité pour tous. "L’engagement de l’argent public nous demande d’être prudents. Donc oui au développement si c’est nécessaire, mais attention s’il n’y a pas, derrière, une réalité de consommation…"

Dominique Nicolaï acquiesce sur un point: celui qui consomme paye. Mais il insiste sur l’importance de prévoir. "Un texte de loi dit qu’en 2035 nous devrons tous rouler à l’électrique – même si on sait que ça va être repoussé. Il n’en demeure pas moins que la question est posée à toutes les AG de copropriétaires. On se doit, en tant que collectivité, de se doter de bornes pour montrer l’exemple et amener des solutions."

Moulinet est la seule commune dont l’usage des bornes restera gratuit. Photo d’archives L.R..

Les textes de loi comme cap?

Et Yves Juhel de rappeler qu’il y a quelques années, tous les constructeurs avaient des directives pour "forcer sur les voitures électriques", mais qu’ils sont désormais nombreux à se remettre au diesel. "Je crois qu’il ne faut pas gérer ça en fonction des textes de loi qui sortent. Mais plutôt tenir compte des données précises, avec les services techniques, pour ajuster aux besoins réels. Nous devons être modérés dans nos investissements", tranche-t-il.

Le maire de La Turbie, Jean-Jacques Raffaele, opine. Exprime son souhait que tout ne retombe pas – encore – sur la collectivité. "Je suis pour l’électrique mais si on va dans ce sens-là, c’est aussi aux gens de s’assumer. On va vers ce type de mobilité, mais à aucun moment on a imaginé que tout le monde ne peut pas avoir une prise chez lui…"

Une hausse rendue inéluctable

La hausse des prix validée par les élus communautaires part d’un constat: le bilan de la première année de tarification montre que les coûts variables de la Carf – abonnement et consommation d’électricité, exploitation, entretien et maintenance du réseau – ne sont couverts qu’à hauteur de 67% par les tarifs jusqu’alors appliqués.

Alors qu’il fallait payer 2,50 euros de l’heure entre 7h et 22h, et 1 euro de l’heure entre 22h et 7h, il faudra désormais débourser 4 euros de l’heure en journée, et 2 euros de l’heure de nuit.

Notons qu’à Moulinet, seule commune de la Carf non reliée par une ligne régulière de transport en commun, l’usage des bornes restera gratuit.

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