"Entre nous, on dit que cette surface est vivante": immersion avec les maîtres de la terre battue du Rolex Monte-Carlo Masters
Ils sont six à l’année, quatre fois plus sur l’événement à entretenir les 21 courts du site. Au premier rang, Michel Garcia, une quarantaine d’années de service. L’expérience il l’a, mais n’a pas pour autant délaissé la rigueur quasi militaire requise.
Yann DouyèrePublié le 11/04/2025 à 09:30, mis à jour le 11/04/2025 à 09:30
Un ange gardien. Depuis 42 ans, Michel Garcia veille religieusement sur les courts du Monte-Carlo Country Club – 21 aujourd’hui, certains centenaires – entouré par une équipe de fidèles passionnés. Un travail d’orfèvre, millimétré, qui s’accélère à l’approche du Rolex. Mais si la qualité de la terre battue est reconnue mondialement, par les joueurs qui la foulent en tête de liste, c’est aussi parce que le responsable l’entretient de janvier à décembre, sept jours sur sept.
Les années passent, lui est resté. "J’ai commencé à l’époque des Vilas et des Nastase, se remémore le responsable des courts du Monte-Carlo Country Club. J’en ai vu passer. Becker aussi. Les joueurs sont très sympas avec nous. Quand ils venaient s’entraîner, certains nous apportaient même le petit-déjeuner. Mais quand ils sont présents au Rolex, naturellement, ils s’enferment dans leur bulle." Autrement dit, fini de jouer, il est temps d’aller batailler.
La même rigueur s’impose à Michel Garcia et ses équipes, un peu plus d’un mois avant le coup d’envoi du Masters.
Diamant sur court
Michel Garcia, responsable des courts du Monte-Carlo Country Club, qui a également travaillé 30 années à Roland-Garros. Photos Dylan meiffret
"Pour le tournoi, on casse tout et on refait à neuf, développe Michel Garcia. Le principal est de tout bien faire, que tout soit bien roulé avant le top départ. Ensuite, ce n’est que de l’entretien au quotidien." Pour ce faire, une vingtaine de personnes sont mobilisées avec un cahier des charges très précis.
"On est sur site à 6h, et on commence à débâcher les courts à 6h45, et on les prépare jusqu’à 8h30. Pour s’adapter, le travail de la veille est très important car, jusqu’à tard, on trempe les courts d’un ou deux centimètres d’eau partout, ça devient un véritable lac. Cela permet d’avoir un terrain déjà humide au petit matin. Par effet de capillarité, sous l’effet du soleil, cette humidité remonte. Et pour la maintenir toute la journée, on met beaucoup de sel, du chlorure de calcium, 25 à 30kg – ce sont les petites boulettes blanches qui brillent au sol. Ensuite, un jour sur deux, on remet le court à nu, on enlève ‘‘le rouge’’pour le remettre à neuf. Et le jour d’après, on gratte, on peaufine, on entretient et on vérifie aussi les pentes, car une surface n’est jamais parfaitement plate, c’est plutôt comme un diamant."
"On lève les yeux au ciel et on regarde les pieds des joueurs"
Mais une fois que les gladiateurs entrent dans l’arène, le travail n’est pas pour autant terminé pour Michel Garcia et ses équipes, bien au contraire. Alors que chaque point est âprement disputé par les tennismen, une tâche toute aussi ardue se déroule à chaque temps mort, comme un mini-show au sein du grand spectacle. On balaie pour éclaircir, passe le filet pour harmoniser et arrose pour sublimer. Mais avec pour seul but de rendre le terrain le plus praticable possible, avec là aussi une rigueur toute particulière. Et tout cela, en surveillant du coin de l’œil la météo.
"Notre pire ennemi, c’est le vent, confie le responsable. Contre ça on ne peut rien faire d’autre qu’attendre que ça passe. Si la pluie arrive, on peut bâcher, on anticipe, même s’il faut le faire simultanément sur 21 courts. Mais selon les conditions, on ne va passer le filet de la même manière par exemple. Si le court est humide, on ne va pas courir avec pour ne pas enlever tout le ‘‘rouge’’. Selon le temps, on va également arroser le terrain en quantité différente, selon s’il est bien humide ou peu. Quand on regarde un match de tennis, on ne voit pas la balle jaune, on lève les yeux au ciel et on regarde les pieds des joueurs pour voir si la terre colle ou non."
Sans eux, pas de matchs dignes du prestige monégasque. À Monte-Carlo, la perfection se joue aussi en dehors des échanges.
commentaires
ads check
“Rhôooooooooo!”
Vous utilisez un AdBlock?! :)
Vous pouvez le désactiver pour soutenir la rédaction du groupe
Nice-Matin qui travaille tous les jours pour vous délivrer une
information de qualité et vous raconter l'actualité de la Côte d'Azur
Et nous, on s'engage à réduire les formats publicitaires
ressentis comme intrusifs.
Si vous souhaitez conserver votre Adblock vous pouvez regarder une seule publicité vidéo
afin de débloquer l'accès au site lors de votre session
Nous avons besoin de vos cookies pour vous offrir une expérience de lecture optimale et vous proposer des publicités personnalisées.
Accepter les cookies, c’est permettre grâce aux revenus complémentaires de soutenir le travail de nos 180 journalistes qui veillent au quotidien à vous offrir une information de qualité et diversifiée. Ainsi, vous pourrez accéder librement au site.
Vous pouvez choisir de refuser les cookies en vous connectant ou en vous abonnant.
commentaires