Elle veut un sport "propre" et ne laissera rien passer. La Fédération internationale de natation a annoncé mercredi que tout athlète participant aux "Enhanced Games", compétition présentée comme des "Jeux améliorés" où le dopage est autorisé et encadré, serait exclu de ses compétitions.
"World Aquatics a adopté un nouveau règlement qui renforce son engagement indéfectible en faveur d'un sport propre", a déclaré l'instance sur son site internet.
"En vertu de ce nouveau règlement, les personnes qui soutiennent, appuient ou participent à des manifestations sportives faisant appel à des avancées scientifiques ou à d'autres pratiques pouvant inclure des substances et/ou des méthodes interdites ne seront pas autorisées à occuper des postes au sein de World Aquatics ou à participer à des compétitions, des manifestations ou d'autres activités de World Aquatics", est-il ajouté.
Cette interdiction s'applique aux sportifs mais également aux entraîneurs, membres de délégations ou des équipes médicales, précise l'instance.
"Ceux qui encouragent le dopage dans le sport ne sont pas les bienvenus à World Aquatics ou dans nos manifestations", a martelé son président Husain Al Musallam. "Ce nouveau règlement nous permet de continuer à protéger l'intégrité de nos compétitions, la santé et la sécurité de nos athlètes et la crédibilité de la communauté aquatique mondiale."
Qu'est ce que ces jeux avec des sportifs dopés?
La première édition des "Enhanced Games" est prévue fin mai 2026 à Las Vegas aux Etats-Unis avec des compétitions de natation, d'athlétisme et d'haltérophilie. Les "Enhanced Games" espèrent "faire converger la science et le sport pour redéfinir les limites de l'être humain", selon un communiqué envoyé après une présentation dans le Nevada. L'évènement proposera du 23 au 25 mai 2026 des compétitions de natation (50 et 100 m nage libre, 50 et 100 m papillon), d'athlétisme (100 m, 100 et 110 m haies) et d'haltérophilie au Resorts World à Las Vegas.
Les "substances qui améliorent la performance" ne seront pas interdites mais "sorties de l'ombre en toute transparence, sécurité et sous surveillance médicale", assurent les organisateurs qui mettent en avant un "protocole d'amélioration de la performance (...) sûr, légal, et guidé par la science". Lors de la conférence de presse de lancement, l'organisation a assuré, vidéo à l'appui, que le nageur grec Kristian Gkolomeev avait nagé le 50 m nage libre en 20 sec 89/100, soit plus rapidement que le record du monde du Brésilien Cesar Cielo (20.91 en 2009).
Les Enhanced Games promettent des primes de 500.000 dollars par épreuve, avec un bonus d'un million de dollar en cas de "record" sur 100 m en athlétisme ou 50 m nage libre. L'organisation a aussi pour ambition de vendre une gamme de produits améliorant selon eux la performance et la longévité.
Une "compétition" critiquée de toutes parts
Mais ce projet, lancé par l'entrepreneur australien Aron D'Souza en 2023, suscite la controverse dans les milieux sportifs et scientifiques. L'Agence mondiale antidopage (AMA) a jugé le projet "dangereux et irresponsable". "La santé et le bien-être des athlètes sont la priorité absolue de l'AMA" pour laquelle "il existe de nombreux exemples d'athlètes ayant souffert d'effets secondaires graves à long terme à la suite de l'utilisation de substances et de méthodes interdites. Certains sont décédés". Le président de la Fédération mondiale d'athlétisme, Sebastian Coe, avait qualifié l'idée de "foutaise".
Le directeur de l'Agence américaine antidopage (Usada), Travis Tygart, a qualifié cet événement de "spectacle clownesque dangereux qui fait passer le profit avant les principes". L'agence antidopage australienne, Sport Integrity Australia (SIA), a également condamné les risques encourus par les athlètes. "Nous travaillons pour garantir que le sport soit sûr et équitable pour tous", a déclaré Sarah Benson, directrice générale de la SIA, dans un communiqué. "Les Enhanced Games promeuvent tout le contraire".
Matt Fedoruk, directeur scientifique de l'Usada, a souligné que les substances interdites ne l'étaient pas "uniquement parce qu'elles rendent les athlètes plus forts ou plus rapides" mais "parce qu'elles se sont avérées dangereuses pour les athlètes, certaines ayant des effets secondaires nocifs potentiellement irréversibles".
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