Ils ont débarqué sur la Croisette en bande organisée. Présentée en avant-première lors de Canneseries, la série Plaine orientale de Canal + peut se targuer d’avoir pu compter sur une représentation collective sur le pink carpet cannois. Autour du créateur de la série, Pierre Leccia, et la productrice Nicole Collet, une partie du casting a pu mesurer l’attente autour de cette création de huit épisodes. Raphaël Acloque, Lina El Arabi, Antonia Desplat et le charismatique Eric Fraticelli ont pris un bain de foule azuréen mais ils ne représentent qu’une partie du prestigieux casting au sein duquel manquaient Veerle Baetens, Cédric Appietto, Aurélien Gabrielli, Henri-Noël Tabary, Rachid Guellaz ou encore Julie Ledru. Une série collective qui replonge la Corse dans la fiction, onze après la fin de Mafiosa.
La nouvelle Corse
Plaine orientale s’intéresse au sort de Reda Campana (Raphaël Acloque), mi-corse, mi-arabe, qui sort de prison après plus de dix ans sans jamais avoir dénoncé ses complices. Dans le même temps, sa demi-sœur, Inès (Lina El Arabi), fraîchement diplômée de l’école de la magistrature, est mutée sur l’île pour intégrer le pôle antimafia qui souhaite faire tomber le parrain local, Carlotti (Eric Fraticelli). Un big boss qui doit composer avec plusieurs courants de violence au sein de l’île ainsi qu’un équilibre fragile entre les nationalistes rangés des bagnoles, la mafia et le trafic de drogue géré par la communauté maghrébine.
Un chef de la pègre dont la fille est proche de Reda… S’ouvre alors une histoire de trahison, d’amour, d’amitié déchue sur fond de guerre de clans et de trafics. "Mafiosa racontait l’histoire de la voyoucratie corse, lance Pierre Leccia. Ici, la nouveauté, c’est le personnage de Reda qui est à cheval sur deux communautés dont il est rejeté. Il va devoir renverser la table pour se faire une place. Cette série est un microcosme de la société corse actuelle puisqu’il n’y a pas une mafia pyramidale sur l’île mais différentes branches. "
Une suite envisagée
Comme dans Mafiosa, la série suit une mécanique de polar avec de nombreux rôles féminins prépondérants même si le point central demeure Reda. "C’est un personnage qui se saborde, poursuit Acloque, vibrant dans la peau de Reda. Je suis à la fois corse et algérien donc les tensions qui le traversent, cela fait 40 ans que je vis avec. Je suis trop arabe pour les Corses et trop corse pour les Arabes (rires). Il y a un proverbe africain qui décrit parfaitement Reda: l’enfant qui n’a pas été embrassé par le village finira par le brûler pour en sentir la chaleur."
Dans cette création originale, il a notamment été question d’identité et la langue corse est un sujet central. "C’est pour ça que le personnage de Reda, dès qu’il sort de prison, s’exprime en corse avec son père joué par Cédric Appietto", rembobine Pierre Leccia. Un maître d’orchestre ravi de son casting. "Des bosseurs, comme Lina El Arabi et des gens que je connais de longue date comme Eric Fraticelli qui avait ce parrain en lui."
"Je suis très sombre, j’ai un ADN dramatique, lance Fraticelli. Ce n’est pas compliqué de jouer un parrain, je ne joue pas le boss, je suis le boss", rigole-t-il.
"Il y avait une ambiance de travail incroyable sur le tournage, détaille Lina El Arabi. Mon personnage est guidé par l’amour, l’amour d’un demi-frère qu’elle n’a pas connu mais, en réalité, elle est surtout carriériste. Elle a ce petit plaisir de montrer à sa boss qu’elle est ambitieuse." Une ambition qui contamine le personnage d’Antonia Desplat, la fille de Carlotti et amante de Reda. "Elle a une force de caractère et une loyauté envers son père et les siens, détaille la jeune femme au timbre de voix rappelant celui d’Anna Mouglalis. Elle essaie de trouver une forme de puissance dans son évolution." Au regard du dernier épisode et compte tenu de la volonté de toutes les parties, une suite est envisagée. Nous, en tant que simple téléspectateur, on la souhaite également. Et vite.
Ce lundi à 21h, sur Canal +.
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